Critique Ciné : Night Call, voyeurisme à l'américaine

Critique Ciné : Night Call, voyeurisme à l'américaine

Night Call // De Dan Gilroy. Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo et Riz Ahmed.


Night Call c’est l’histoire de Lou, un homme complètement cinglé, qui va se découvrir du jour au lendemain une passion pour la réalisation d’images choc pour les chaînes de TV locales. Il ne va se laisser aucune limite, jusqu’à éliminer la concurrence, afin de se faire une place en or. Dan Gilroy réalise ici son tout premier film alors que son frère, Tony Gilroy, est déjà à l’origine de trois films dont Michael Clayton et Jason Bourne : l’héritage. Ce que j’aime bien dans ce film c’est le fait qu’il ne mette aucune limite à l’avidité de son héros. En effet, Lou est quelqu’un de très gentil en apparence mais qui a une partie sombre au fond de lui qui ressort à tout moment et pas seulement quand il s’agit de filmer des images choc. D’ailleurs, je trouve que les images chocs ne sont pas les moments les plus intenses de Night Call mais plutôt les dialogues et la façon dont est utilisé Lou dans ces dialogues. Le film montre aussi à quel point les chaînes de télévision et les chasseurs d’images sont prêt à tout, bien au delà du personnage de Lou. Le cynisme de la concurrence quand l’autre n’est pas arrivé à temps, la course pour l’audimat menée par une personne dont la place n’est jamais assurée, etc.

Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n'aura aucune limite...

Le but de Night Call est donc de dénoncer un système qui veut toujours plus choquer les téléspectateurs et surtout quand il s’agit de meurtres ou d’agressions qui se déroulent dans des quartiers huppés et commis par des hispaniques, etc. C’est comme ça que le film décrit les informations qui valent de l’or. Ils ne sont pas intéressés par montrer des gens pauvres qui sont assassinés. Par ailleurs, c’est une critique du modèle de réussite à l’américaine. Lou n’a de cesse de répéter qu’il s’est forgé tout seul mais surtout qu’il a été formé par un programme américain qui encourage la droiture et le travail bien fait. Dan Gilroy ose donc critiquer l’Amérique toute entière, de son orgueil à son voyeurisme. C’est tout de même un film sacrément tordu mais probablement ce qui le rend aussi divertissant. Dès le départ on est captivé par le regard de Lou, sa façon de voir les choses, d’être cynique mais aussi intelligent, etc. C’est un homme qui n’aime personne mais qui va justement chercher à apprendre afin de montrer sa supériorité.

De plus, Night Call est un film original de part en part. Dan Gilroy a trouvé un moyen de ne pas adapté un roman ou je ne sais pas et ça fait du bien. La façon dont il met tout cela en scène est rapidement hypnotique. On a parfois l’impression de retrouver les polars noirs de Michael Mann (ses meilleurs pas forcément ses derniers) et sa façon d’utiliser son casting est merveilleuse. Je pense bien évidemment à Jake Gyllenhaal qui pourrait probablement accéder à un Oscar avec un tel rôle si tant est qu’il est nominé. Mais c’est aussi Rene Russo qui va petit à petit comprendre la noirceur de Lou et comprendre qu’au fond sa manière de voir les choses n’est pas bête pour marcher sur les autres. Cette directrice de news est tout de même quelqu’un de gentil au départ qui va petit à petit comprendre ce que veut Lou et s’en inspirer pour devenir une femme prête à tout. Night Call est donc un film aussi dérangeant qu’original qui pourrait bien nous donner l’impression que le cinéma se renouvelle sous nos yeux. L’action n’est pas oubliée elle aussi, notamment lors d’une séquence de course poursuite magistrale qui double d’un coup l’intensité du film.

Note : 10/10. En bref, probablement l’un des meilleurs films de l’année. Magistral.

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