Critique Ciné : L'idéal (2016)

Critique Ciné : L'idéal (2016)

L’Idéal // De Frédéric Beigbeder. Avec Gaspard Proust et Audrey Fleurot.


Suite de 99 Francs, Au Secours Pardon est le second volet d’une trilogie racontant avec excès une partie de l’histoire de Frédéric Beigbeder. On retrouve donc Octave son personnage fétiche et cette fois-ci ce n’est pas dans le milieu de la publicité mais bien de la mode qu’on le retrouve. C’est la seconde fois que Frédéric Beigbeder passe derrière la caméra et c’est la seconde fois qu’il adapte l’un de ses romans. Après L’amour dure trois ans (également avec Gaspard Proust, sûrement son acteur fétiche) qui était une belle promesse, on retrouve ici le Beigbeder plus trash qui n’a pas peur de démontrer à l’écran le monde capitaliste qui le nourrit encore aujourd’hui. Il dépeint alors la mode comme la publicité, avec la même structure narrative que 99 Francs : le blasé au bord du gouffre, le gouffre avec un délire psychotique et puis la rédemption finale ici incarnée par la fille d’Octave. Visuellement, L’Idéal n’est peut-être pas aussi fou que 99 Francs, ce dernier bénéficiait alors de la mise en scène de Jan Kounen. Peut-être qu’au fond c’est lui qui aurait dû réaliser ce nouvel opus des aventures d’Octave. Peut-être aussi que Jean Dujardin aurait dû reprendre son rôle. Mais il reste dans L’Idéal de belles occasions de passer de bons moments.

L'ancien concepteur-rédacteur Octave Parango de « 99 francs » s'est reconverti dans le "model scouting" à Moscou. Cet hédoniste cynique mène une vie très agréable dans les bras de jeunes mannequins russes et les jets privés de ses amis oligarques... jusqu'au jour où il est contacté par L'Idéal, la première entreprise de cosmétiques au monde, secouée par un gigantesque scandale médiatique.
Notre antihéros aura sept jours pour trouver une nouvelle égérie en sillonnant les confins de la Russie post-communiste, sous les ordres de Valentine Winfeld, une directrice visuelle sèche et autoritaire.
Entre les réunions de crise à Paris, les castings à Moscou, une élection de Miss en Sibérie, une fête chez un milliardaire poutinien et une quête des "new faces" aux quatre coins de l'ex-URSS, le fêtard paresseux et la workaholic frigide vont apprendre à se supporter et peut-être même à se sauver.

En effet, les excès des personnages sont drôles, notamment ceux de Wang incarnée par un Jonathan Lambert travesti plus drôle que jamais. Je crois que l’on ne pouvait pas faire mieux pour incarner cette peau de vache. Audrey Fleurot de son côté est elle aussi à sa place dans ce rôle de femme accro à son job qui a peur de tout perdre. Frédéric Beigbeder prouve cependant qu’il touche vraiment à tout, capable de faire de l’auto-promo (le magazine Lui au début du film) pour nous amuser, de créer des séquences à l’allure publicitaire comme le générique, la présentation de la roussaka (ou je ne sais plus quel nom russe bizarre). La première partie du film est d’ailleurs plutôt rythmée, comme une montée d’adrénaline sous acide et puis la seconde partie retombe parfois un peu à plat, comme si l’on subissait la redescente de la soirée chez le milliardaire russe après avoir vu des dizaines de shot de Blue Vodka, autrement dit de la vodka bourrée de drogue. Disons que je ne suis pas sûr que les bons sentiments était le bon angle de vue pour une telle histoire. Au Secours Pardon est l’un des rares romans de l’écrivain que je n’ai pas lu, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Bien que le roman m’intéresse toujours, son adaptation souffre parfois d’idées brouillonnes.

Car L’Idéal est pourtant assez agréable dans son ensemble, sortant du lot grâce à la folie de Beigbeder et sa capacité à toujours trouver des délires sous psychotropes qui vont bien avec son image. Se risquant à l’apparition Hitchcockienne, le réalisateur/scénariste pourrait paraître pour certain un peu égocentrique mais on ne peut pas nier qu’il l’est un peu. L’Idéal reste aussi une satire acide du monde de la beauté, qui n’a pas peur de se moquer des multinationales (L’oréal, Elite, etc.) afin de parler du message parfois horrible qu’il y a derrière le marketing ou ce que l’on cherche à nous vendre. Tout le monde est un peu fou finalement, L’Idéal aurait juste gagné à ne pas tomber dans certains pièges (notamment la seconde partie mal équilibrée qui casse complètement le rythme) malgré de belles fulgurances (les dialogues sont ciselés, la mise en scène parfois inspirée, etc.).

Note : 6.5/10. En bref, une histoire intéressante, parsemée de bonnes idées de casting, un humour décapant et une mise en scène parfois inspirée mais souffrant d’une seconde partie parfois un peu trop plan-plan.

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