Netflix, ou le problème de la « hype »

Netflix, ou le problème de la « hype »


Depuis que le service de streaming a lancé House of Cards, Netflix s’est officiellement lancée dans la création de séries. Autrefois plateforme de streaming qui permettait d’accueillir les séries des networks et du câble, ainsi qu’un catalogue de films et de documentaires, Netflix est aujourd’hui un géant qui n’a plus froid aux yeux. Alors qu’une nouvelle série sort à peu près toutes les deux semaines, le problème de la fameuse « hype » autour de la chaîne est en train de poser problème. Si certaines rumeurs parlent d’un rachat par Disney (qui n’est finalement pas à l’ordre du jour) et que les prévisions d’abonnements sont de plus en plus décevantes, Netflix n’est-elle pas victime de son propre jeu ? Et les gens ne sont-ils pas trop obnubilés par la « hype » créée par Netflix pensant ainsi que toutes leurs nouvelles séries sont des chef d’oeuvre et que rien ne peut le contredire ?

J’ai récemment vu une discussion sur Twitter qui parlait du manque d’esprit critique des gens qui portent aux cieux toutes les séries de Netflix, peu importe leur véritable qualité globale, le service a su créer un engouement qui dépassé réellement les attentes réelles. Aujourd’hui on ne regarde plus une série Netflix car elle pourrait nous plaire mais uniquement car c’est branché de binge-watcher une saison complète de Sense8, de Orange is the New Black, de Stranger Things et j’en passe. Si la qualité de certaines séries est là, le problème pointé par un twittos est simple, car pour lui, « l’absence totale de demi-mesure (en bon comme en mauvais), le procès d'intention, le manque de recul, l'influence de la "hype" Netflix… » est en train de gangrener l’esprit critique mais également la sériephilie au sens propre du terme. Il est vrai que dès qu’une nouvelle série de Netflix sort, il est difficile de voir beaucoup d’avis négatifs et pourtant, il y en a bel et bien. Car si l’on parle des séries les plus connues du service, de plus petites séries qui passent entre les mailles du filet ne trouvent pas forcément acquéreur. Prenons l’exemple de Stranger Things. Le fameux twittos parle alors d’une « fête du slip » lorsque la série est sortie et que tout le monde a commencé à parler de la série comme d’un chef d’oeuvre.

J’ai personnellement beaucoup aimé Stranger Things, peut-être pas pour ses qualités intrinsèques, mais peut-être plus pour ce qu’elle a permis de refaire vivre en moi. En effet, Stranger Things était pour moi un retour en enfance, aux productions Amblin, un hommage fort à toute une génération. J’ai moi-même porté aux cieux cette série qui a ses défauts narratifs, qui n’a peut-être pas toujours su gérer intelligemment ses personnages et ses intrigues mais elle a su tellement s’ancrer en accord avec la pop culture et la « hype » autour des films des années 80 que forcément, elle a su créer une nostalgie, une émotion différente que d’autres séries de Netflix n’ont pas su créer chez moi. On reparle de ce problème maintenant avec la saison 3 de Black Mirror, apparue le 20 octobre dernier sur le service de streaming. Il parle alors de « d’impression que l'inclusion de la variable Netflix a biaisé un peu le débat ». Ce qui est vrai. L’influence de Twitter associé avec Netflix a créé une nouvelle forme de jugement des séries, qui ne se base plus vraiment sur le fond, mais plus sur la vision que les gens ont de chaque épisode à l’instant T. Une fois un épisode vu, on enchaîne avec un autre et entre deux épisodes on laisse alors un petit avis, pas toujours en adéquation avec la critique nécessaire qui devrait en découler.

C’est aussi un syndrome qui vient du fait que les séries sont désormais de plus en plus branchée, qu’elles incarnent un monde de consommation. Il est de nos jours impossible de rencontrer quelqu’un au boulot sans qu’il nous parle d’une série qu’il a pu découvrir, sur Netflix ou non. Netflix a trouvé une place dans le coeur des gens qui ont des envies frénétiques de série. Et plus l’on en consomme, plus l’on a envie d’en voir. Si le débat est un peu biaisé dans le sens où Black Mirror n’a pas changé par rapport à ses deux saisons précédentes qui n’étaient pas produite par Netflix, car comme le dit si bien ce twittos, « indépendamment de sa qualité, ça reste la même série avec la même vision. Y compris dans sa vision parfois "extrême" de la technologie. ». Les avis sur la saison 3 de Black Mirror ont été dithyrambiques. Je me suis moi même fait écharper car je n’avais pas apprécié deux épisodes de la série, ce qui ne m’était pas arrivé lorsque j’avais donné mon avis sur les épisodes des deux premières saisons. Netflix impose donc au spectateur d’aimer tout, sans chercher à dissocier les choses et à se forger son propre esprit critique. J’ai par exemple donné un avis négatif sur le second épisode. On n’a tout de suite parlé du fait que je n’avais pas vraiment creusé la problématique développée par l’épisode.

Je suis donc moi-même rentré dans ce jugement à l’emporte-pièce, malgré moi. J’ai consommé la saison 3 de Black Mirror comme beaucoup de gens, en enchaînant les épisodes sans parvenir à les digérer ou même à avoir l’impression de donner un avis dessus. Je me suis emporté comme bien d’autres. Mais le problème est là aussi différent, puisque je n’ai pas apprécié l’épisode et je me suis fait prendre en grippe à la fois pour ne pas avoir travaillé le fond (et je pourrais pourtant en parler maintenant que j’ai digéré l’épisode et que je ne l’apprécie pas plus) mais également pour ne pas l’avoir apprécié. Le sentiment que j’ai ressenti est étrange. Pour en revenir au débat créé sur Twitter, ce twittos avoue que c'est aussi parce que ça influe sa vision des séries et qu’il joue parfois de cette surenchère quand il en parle. Du coup, cela fonctionne un peu dans tous les sens. A la fois dès que l’on parle d’une série de Netflix et que l’on parvient à rapidement la porter aux nues, mais également car cela biaise toute envie d’en dire du mal. La saison 3 de Black Mirror est égale aux précédentes saisons de la série, avec ses bons et ses mauvais épisodes. Je me suis d’ailleurs rendu compte que l’épisode qui m’a le plus marqué n’est pas celui que je suis sensé avoir le plus apprécié. Car le jugement se fait sur le moment, pas sur la durée.

« San Junipero » est l’exemple parfait de l’épisode qui ne m’a pas forcément transcendé au premier abord et que je digère encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs épisodes de toute la série. Pourtant, si l’on en suit mon jugement autour de la saison 3, c’est le premier épisode et le dernier épisode de la saison qui m’auraient le plus embarqué. Une autre personne a participé au débat, parlant du problème que « l’on pense que c'est génial ou à chier sans chercher à réfléchir sur ce qu'on voit ». Peut-être est-ce aussi le problème que j’ai avec d’autres séries aujourd’hui et plus seulement celles de Netflix. Prenons l’exemple du premier épisode de la saison 7 de The Walking Dead. Un épisode que je n’ai pas aimé et pour lequel je me suis encore fait descendre. Le souci de cet épisode est pour moi qu’il manque scénaristiquement quelque chose, que la série de zombie n’a plus rien à offrir à part des scènes gores Tarantinesque qui vont forcément séduire un public mais qui m’a laissé un peu pantois. J’en voulais plus, que derrière il y autre chose et que les personnages aient une véritable occasion d’éclore dans un moment sensé changer la série. Beaucoup ont comparé l’impact de cet épisode à celui des noces pourpres dans Game of Thrones sauf que dans la série de HBO, le scénario était beaucoup plus intéressant que la série de AMC.

La « hype » de Netflix a créé un problème chez celui qui regarde des séries. En tout cas cela en a probablement créé un chez moi et je m’en rend d’autant plus compte maintenant. Je m’emporte peut-être trop rapidement sur certaines choses et ne laisse happer par cette envie de dire uniquement si c’est bien ou non. Je n’ai jamais été un grand critique (et ce n’est pas ma prétention), je ne suis qu’un téléspectateur lambda qui donne son avis sur des séries et des films, mais je comprends le problème de cette « hype » et du fait qu’il ne faut pas venir parler de séries de Netflix sans les digérer, sans chercher à peser le pour et le contre. Netflix a créé un nouveau mode de consommation, une consommation boulimique de la série. Dans un sens c’est un mode de consommation que j’avais déjà embrassé depuis près de dix ans maintenant alors que je consomme les séries à la pelle. Au début, je ne faisais pas plus que ça de tri dans ce que j’avais envie de suivre et désormais, je m’attarde un peu plus sur les choses mais pas forcément dans l’avis que je donne qui est forcément galvaudé par le fait que j’ai ou non aimé. Cela ne devrait pas s’arrêter là et Twitter accentue forcément le phénomène.

Après tout, sur Twitter, nous sommes limités en nombre de caractères. Mais en transposant le débat au problème que j’ai pu citer plus haut avec moi, je comprends que finalement ce n’est pas que Twitter le problème. Cela va bien plus loin. Et la saison 3 de Black Mirror est un parfait symbole du problème pointé du doigt par ce twittos. Je ne remets en cause l’avis de personne, puisque l’avis de chacun reste personnel et uniquement personnel, mais il est vrai que l’on s’influence tous de ce nouveau mode de consommation qui a galvaudé la critique en tant que tel… encore plus sur les réseaux sociaux.

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delromainzika

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L
Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a une hype autour de Netflix précisément, car il y a énormément de séries que beaucoup ne connaissent pas (comme l'a cité "x", et on peut également rajouter Marco Polo et quasi toutes ces comédies comme The Ranch). <br /> Selon moi, Netflix réussit surtout sa campagne promo où elle arrive à faire regarder des séries à des non-seriephile, et par la magie des réseaux sociaux, le bouche à oreille va extrêmement vite. C'est donc le cas de Stranger Things, de Sense8 et d'Orange is the new black par exemple. Après, Netflix n'est pas du tout la seule et d'autres chaines ont réussi à rendre leurs séries très populaires comme Game of Thrones, The Walking Dead (et je pense que Westworld prend ce chemin également), et Vikings (à une échelle un peu plus basse). <br /> Après, je me considère comme un grand fan de Netflix, car je trouve toutes leurs créations originales (je parle seulement des drames format 40 min -1h) de très grande qualité et pourtant je reconnais que Marco Polo était très moyen (comme une grande majorité des critiques d'ailleurs. <br /> Donc tout ça pour dire que selon moi, la "hype" ne touche pas seulement Netflix (on est à 8 mois de la nouvelle saison de GOT et pourtant une publication sur deux de ma page Facebook concerne la série ... ), et que Netflix sait seulement promouvoir les séries qui visent un large public (parce que bon, la sortie des deux saisons de Bloodline ont été très confidentielles), mais qu'aujourd'hui toutes les séries qui font le "buzz" ne sont plus critiquables parce que pour les non seriephile "Game of Thrones, Walking Dead et Grey's Anatomy sont leurs trois séries préférées"
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D
Ce que je veux dire cest que La hype autour de certaines séries a enclenché un truc :)
X
F is For Family, Masters Of None, Haters Back Off, Bloodline, Lady Dynamite, Easy, Flaked, Grace and Frankie, BoJack Horseman et je dois sûrement en oublier de Netflix dont je n'ai pas vu de "hype". ^^ Mais sinon j'suis d'accord avec ton article.
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X
(Mais dont pas mal sont vraiment très bonne !)