Cannabis (Saison 1, épisodes 1 à 3) : les dealers sont aussi humains que vous

Cannabis (Saison 1, épisodes 1 à 3) : les dealers sont aussi humains que vous

En cherchant à nous raconter la vie de dealers, Cannabis tente une approche en profondeur de la vie de ces personnes que l’on ne côtoie pas tous et encore moins tous les jours. La narration en plusieurs lieux permet de mettre en exergue différents éléments du business tout en permettant également de plonger dans la vie de ces personnages qui sont finalement des êtres humains comme les autres. Créée par Hamid Hlioua, la nouvelle série d’Arte propose quelque chose d’intelligent, de soignée et surtout de délicat dans un monde de brutes. La série discute alors de tout, de la romance à la tragédie familiale en passant par le documentaire que l’on ressent dans la façon dont tout cela est mis en scène. Ce n’est pas la première série ni même la première fiction sur le monde de la drogue mais Cannabis tire son épingle du jeu dans ses personnages et sa façon de raconter. Le scénario garde une vraie constance, ambitieuse, sans jamais tomber dans les stéréotypes que l’on malmène en fiction depuis plusieurs années désormais. C’est un business intéressant mine de rien et Cannabis cherche à nous intriguer sur ce qui se passe en coulisse.

Espagne. Une nuit à Marbella. Un bateau rempli de cannabis appartenant au baron de la drogue El Feo se fait braquer par Farid Belhadj et El Commandante. Un coup de feu part, Farid bascule par-dessus bord… Sa femme Anna découvre alors que la disparition de son mari, Farid laisse une montagne de dettes et un bordel de luxe, le Princess…
France. Cité de la Roseraie à Villiers, banlieue parisienne. La grosse livraison de shit attendue d’Espagne par Shams et son boss Morphée n’est pas arrivée, et pour cause : c’est celle volée par Farid. Au même moment, la nouvelle maire, Zohra Kateb est déterminée à débarrasser sa commune du trafic et de la corruption. Grâce aux informations qu’elle obtient d’une source, elle met sérieusement à mal le trafic de cannabis...

Cannabis est aussi à la recherche d’un réalisme qui nous rapproche de ces personnages assez rapidement. Certains ont un destin étonnant et d’autres un destin tragique. L’histoire ne veut pas prendre de pincettes avec qui que ce soit mais se permet de parler de tout. Même d’homosexualité dans un monde de brutes où l’homosexualité n’a pas vraiment sa place, par rapport à l’image que ces caïds cherchent à se donner. Cannabis cherche aussi à nous montrer comment ce monde fonctionne, avec ses retournements de situation (car la came volée ne change pas la donne, la drogue sera toujours là et quelqu’un sera toujours présent pour reprendre le flambeau laissé derrière par un autre) et la place que chacun doit gagner et garder. Alors que la saison n’est composée que de six épisodes (et que je vous parle déjà des trois premiers), cela fait un peu court pour discuter de tous les ressors d’un monde aussi riche que celui du trafic de drogue. Surtout que Cannabis ne s’arrête pas à un petit quarter à Villiers, la série se raconte aussi dans plusieurs lieux et notamment à Marbella en Espagne. Le contraste entre les deux permet aussi de voir qui sont les mieux lotis et pourquoi cela fonctionne ainsi.

La mise en scène de Lucie Borleteau apporte un regard neuf sur la fiction française. C’est une mise en scène assez noire, thriller-esque, qui colle parfaitement au scénario mais qui sort aussi un peu du commun de ce que l’on a pour habitude de voir en France dans le monde des séries. Cannabis se laisse une place pour la violence car ce n’est pas un monde de brutes pour rien. Il y a de la concurrence, des coups bas, de la corruption et tout ce qui peut créer des problèmes pour nos personnages. Ils ont beaux être attachants pour certains, d’autres le sont beaucoup moins par nature. Rien n’est forcé, tout est alors raconté avec une vraie fluidité ce qui change de récits qui usent parfois un peu trop de certains effets de style qui veulent en faire des tonnes. Cannabis n’est pas là pour ça et on le comprend très rapidement dès les premières images. Cette série ambitieuse ne laisse jamais son téléspectateur s’ennuyer. Il y a toujours un personnage et une histoire à suivre sans que le rythme ne se relâche. Certes, Cannabis n’est pas vraiment une série d’action, plus une tragédie romanesque et familiale qui nous plonge dans les aventures personnelles de chacun.

Mais c’est sur cette part d’humanité que semble se concentrer Cannabis. Et c’est bien pour cela que la série fonctionne aussi bien. Malgré des moyens probablement moindre (Arte oblige), la série ne se laisse jamais avoir et trouve toujours une astuce pour que son téléspectateur ait l’impression de voir une saga épique. Cannabis parle aussi de la société dans laquelle nous vivons, de la façon dont s’en sortir n’est pas toujours ce qu’il y a de plus facile. Côté casting, peu de têtes vraiment connues et ce n’est pas plus mal. Tous apportent quelque chose et la direction d’acteur est parfaite. Le casting est audacieux, grand et pourtant si étroit dans un monde aussi vaste que celui-ci. Le seul regret que je peux avoir finalement c’est que certaines séquences soient là pour aguicher un téléspectateur en quête de sensations fortes (violence nécessaire oblige) mais ce n’est pas bien grave pour autant non plus. Le suspense est là et à chaque fin d’épisode, l’envie de revenir se fait ressentir. Je n’ai pas pu m’arrêter après le premier épisode ce qui m’a obligé à vous donner mon avis sur la première moitié de la saison. J’espère juste que tout ne va pas tomber tel un château de cartes, ce serait vraiment dommage.

Au fil des épisodes, le récit prend d'ailleurs de l'ampleur et une certaine assurance qui permet au téléspectateur de s'imprégner toujours mieux de ce qui nous est conté.

Note : 7/10. En bref, une série ambitieuse et à la hauteur de ses ambitions. Tant visuelles que d’un point de vue d’un casting au poil brillamment dirigé.

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