Insatiable (Saison 1, 12 épisodes) : faim de vengeance

Insatiable (Saison 1, 12 épisodes) : faim de vengeance


On dit toujours qu’il ne faut pas juger un livre sur sa couverture. C’est bien vrai. Les bandes annonces de Insatiable étaient excellentes et donnaient envie de voir un peu plus loin cette nouvelle série de Netflix. Plus le temps passé et plus finalement, ce qui était une bonne idée, retombe en soufflé pour ne finalement rien raconté de bien palpitant. Les épisodes s’enchaînent et les intrigues deviennent rapidement répétitives. Lauren Gussis, la créatrice de la série, est une ancienne scénariste de Dexter alors on aurait pu croire que son histoire de rébellion pour adolescentes en manque de crêpages de chignons allait fonctionner et rapidement tomber dans quelque chose de plus sombre. Mais non. Il n’en est rien. Alors que Insatiable veut dire que l’héroïne est insatisfaite (dans son envie de vengeance), on remarque que la série n’ose pas grand chose, sûrement par soucis de plaire au plus grand nombre. Mais une telle comédie ne se fait pas de cette façon et j’attendais justement des trucs qui changent de ce que l’on a pour habitude de voir. Notamment quand le SDF qu’elle a frappé (et lui a permis de perdre du poids dans un sens) se retrouve immolé dans une chambre d’hôtel (et qu’elle est en partie responsable) jusqu’à sa mort.

Un avocat disgracié reconverti en coach pour concours de beauté prend pour cliente une adolescente brimée et en quête de vengeance. Il ignore alors tout du monstre qu'il est sur le point de libérer...

Parfois aussi, les meilleures blagues sont les plus courtes et celle d’Insatiable ne l’est pas vraiment. Certains personnages deviennent rapidement irritables (je pense notamment à cet avocat incarné par Dallas Roberts). J’ai beau avoir de la sympathie pour le casting qui est globalement réussi, je trouve qu’il manque un petit truc en plus qui aurait sûrement pu rendre cette série addictive et plus osée. Car elle n’ose finalement que très peu de chose et se contente de ses histoires de concours de beauté, de l’amour que porte l’héroïne pour l’avocat qui l’a aidé, etc. L’intrigue syndrome de Stockholm qui a tout de même un rebondissement lors d’un concours de bouffe sonne le glas des problèmes de cette série. Elle veut être cool, fun mais aussi une série féministe et vengeresse à souhait. Sauf que dans tout ça, il manque finalement la plupart des ingrédients. Oui, au début c’est cool et sympathique, cela se suit sans trop de déplaisir et puis petit à petit, la saison devient longue et lourde, avec des personnages qui font encore et encore les mêmes choses sans imaginer qu’au bout d’un moment cela peut lasser le téléspectateur.

La créatrice a décidé de s’inspirer de sa propre adolescence afin de créer Insatiable, ce qui est une bonne idée dans le fond mais le fond manque cruellement. La série tente alors de soigner sa propre forme (et elle est plutôt jolie). La créatrice a raconté qu’elle a été harcelée à l’école et qu’elle a développé à cause de ça un problème de nutrition et qu’elle n’est toujours pas très bien dans sa peau. Un peu comme l’héroïne de Insatiable, qui n’est pas bien dans sa peau, même si elle est devenue mince. Debby Ryan est pourtant parfaite dans le rôle de cette héroïne un brin cinglée qui peut cacher des choses terrible derrière son regard d’ange. On pourrait croire que Insatiable s’inspire de ce point de vue là de Dexter où le héros a aussi une gueule d’ange mais est capable de faire bien pire. « Fatty Patty » veut se venger et cela peut se comprendre mais il aurait fallu que Insatiable creuse un peu plus son histoire afin de nous plonger dans son aventure au lycée plutôt que ses concours de beauté qui sont au bout d’un moment plus irritant que jamais.

D’autres séries ont réussi à faire des choses intéressantes sur la difficulté de s’accepter, sur la rage d’une femme et la façon dont tout cela se manifeste. J’ai deux très bons exemples récents avec Dietland et Sharp Objects. Sauf que Insatiable n’est pas digne de ces deux exemples et se contente d’être plus ou moins une série de Freeform à laquelle on aurait enlevé un peu de profondeur. Même côté émotionnel, il y a quelque chose qui manque. Quand la mère de Patty raconte à cette dernière qu’elle a failli avorter quand elle est tombée enceinte (quand Patty fait un test de grossesse positif), alors la série aurait pu faire une jolie scène et créer de l’émotion sauf qu’il n’en est rien et tout cela retombe encore une fois comme une tranche de pain de mie sur la confiture. Insatiable n’a pas vraiment d’humour noir non plus. La série se contente du côté superficiel des choses (les concours de beauté ? Même là la série n’ose pas la critique acerbe, et reste bien trop sage). L’écriture de la série n’est pas non plus très soignée, ce qui empêche là aussi de prendre un réel plaisir à suivre les aventures d’un personnage qui avait pourtant tout pour être passionnant et créer un vrai débat.

Finalement, Insatiable est un échec sur bien des éléments et n’arrive jamais à aller au delà de son sujet de départ pour poser les bonnes questions avec l’humour noir qu’il faut. En restant trop sage, la dernière création de Netflix reste à terre et donne l’impression qu’elle ne sait pas du tout ce qu’elle veut réellement être à un moment donné. Si Netflix décide de renouveler Insatiable pour une saison 2, alors j’espère que la créatrice aura pris conscience des critiques autour de sa série et va pouvoir changer un peu les choses.

Note : 3/10. En bref, une bonne idée mal dégrossie (sans mauvais jeu de mots). En traitant de manière aussi pauvre des sujets de société aussi important et complexe, on a l’impression de voir un brouillon qui aurait été repris après avoir été laissé à l’abandon.

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