Mouche (Saison 1, 6 épisodes) : Mouche ne fait pas mouche

Mouche (Saison 1, 6 épisodes) : Mouche ne fait pas mouche

Adapter en France une série aussi personnelle et autobiographique que Fleabag n’est pas ce qu’il y a de plus facile. Pourtant, Canal + met du coeur à l’ouvrage avec Camille Cottin en guise d’héroïne. Sauf que la sauce britannique qui prend dans Fleabag, ne prend pas vraiment dans Mouche. Peut-être au fond c’est que Jeanne Herry (Elle l’adore, Pupille) en fait une adaptation trait pour trait, sans chercher à réellement apporter une touche personnelle. Car le concept aurait très bien pu être inspirant pour une fiction originale, et pas une pâle copie qui n’apporte rien de nouveau. Ce remake est donc fidèle à chaque scène, chaque dialogue, ce qui peut devenir parfois très étrange car la série de Phoebe Waller-Bridge est un petit bijou, sa version française est bien pâle. Malgré tout, Camille Cottin (l’éternelle Connasse) tente d’apporter son petit truc, en copiant malheureusement parfois l’héroïne britannique. Il manque une vraie étincelle, même si l’on met de côté la série originale alors que Fleabag est justement une série tellement hors norme et étonnante. Le pari risqué tombe rapidement sur un os car nous sommes ici dans un copier-coller irritant. S’inspirer aurait été peut-être plus intelligent de la part de Jeanne Herry car il y avait de quoi faire, mais Mouche ne fait pas mouche et c’est justement là le problème.

Mouche, trentenaire parisienne effrontée et sans filtre, nous entraîne dans son quotidien foutraque entre son bar à thé qui périclite, son cochon d’Inde dépressif, son ex ex ex excessivement romantique, sa sexualité agitée et sa famille dysfonctionnelle. Dans sa fuite en avant pour se distraire du chaos de sa vie, Mouche nous transporte du rire aux larmes et nous offre le portrait original, engagé et subtil d’une femme moderne

Oubliez donc l’ambiance et les personnages de Fleabag pour retrouver une version française aseptisée de toute fantaisie. Les dialogues, trop traduits, perdent alors de leur audace. Je me demande alors ce que Camille Cottin a été faire dans cette galère tant la série laisse son talent sur le carreau. Dans son côté féministe, là aussi Mouche manque d’engagement. Pourtant, c’est la base même du concept de départ, ce côté féministe engagé qui s’amuse des hommes et les considère comme des objets. Mais la provoc, ce n’est plus l’esprit Canal actuel. On se retrouve alors avec une série qui tente ici et là quelques dialogues osés, et du coup, même si l’on met de côté l’original, rien n’est particulièrement transcendant ici. L’histoire de cette anti-héroïne au franc-parler m’avait beaucoup touché dans sa version originale et ici, je me retrouve avec tout l’inverse ce qui est probablement le plus problématique ici. Quand les personnage surnagent dans de la copie il est difficile de faire quelque chose de brillant. Au bout de ces six épisodes, je me suis lassé du copier-coller avec son lot de moments français pas franchement bons. Mais il y a aussi quelques jolies surprises, quelques bonnes idées qui permettent de nous faire passer un moment sympathique. Mais ces moments sont trop rares et Mouche perd rapidement de sa valeur.

Et Camille Cottin s’est mouillée là dedans. J’adore cette actrice et ce côté femme trentenaire célibataire « madame tout le monde ». Elle permet de se sentir proche de l’héroïne mais on est assez loin du côté engagé sexy de Fleabag. Là aussi c’est un peu dommage de casser le délire de la série originale pour tenter d’en faire un produit formaté Canal +. Car c’est clairement ce que fait Mouche. C’est balisé du début à la fin, copié mais adapté de façon à ce que l’on entre dans les codes de la fiction française bobo parisienne sans grande saveur. Canal + échoue en ce moment à délivrer des créations originales réussies (Vernon Subutex était là encore assez médiocre et laissait s’évaporer toute l’essence du personnage principal du roman de départ).

Note : 3/10. En bref, pas totalement raté mais pas réussi du tout. La difficulté d’adapter une série britannique aussi personnelle que Fleabag fait souffrir Mouche. Mouche ne fait pas mouche.

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