Konpromat // De Jérôme Salle. Avec Gilles Lellouche, Joanna Kulig et Louis-Do de Lencquesaing.

Jérôme Salle à qui l’on doit les deux volets de la saga Largo Winch semble avoir trouvé son univers : le monde de l’espionnage. Après avoir réalisé les deux premiers épisodes de la très bonne série d’Amazon Prime Totems, il nous offre Konpromat alors que l’on plonge dans l’histoire d’un homme victime d’une accusation montée en épingle par le FSB sur fond de bataille géopolitique entre la France et la Russie suite à l’invasion de la Crimée. Tout donnait envie dans Konpromat sur le papier et à l’écran le film ne déçoit pas. En quelques minutes l’histoire est installée et l’on est alors dans une course contre la montre où Mathieu Roussel doit tout faire pour sauver sa propre vie des griffes de la Russie. Si Konpromat fonctionne ce n’est pas que grâce à la mise en scène soignée de Jérôme Salle, nous plongeant dans la Russie rurale que l’on n’a que très peu d’occasion de voir mais aussi grâce à Gilles Lellouche, brillant de bout en bout.

Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un « kompromat », de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens…

Konpromat s’inspire d’une histoire vraie, celle de Yoann Barbereau, victime d’un fameux kompromat, ces faux documents authentiques fabriqués par les autorités russes pour faire tomber des hommes menaçant le pouvoir en place. La mise en scène, solide et musclée, permet de ne jamais lâcher le spectateur. Durant près de 2h30 de film (!), Konpromat n’est jamais ennuyeux. Le film parvient toujours à se renouveler et à nous surprendre sans pour autant mettre en scène des twists improbables. L’histoire en elle-même semble l’être au premier abord et pourtant elle est inspirée d’une histoire vraie. Konpromat n’est pas là pour renouveler le genre mais il permet de faire un constat sur la façon dont la Russie gère les ressortissants et ce qui doit probablement se dérouler actuellement. Ce portrait féroce de la Russie contemporaine où la corruption est généralisée et le fait que les diplomates français soient des lâches (Jérôme Salle l’insère très bien dans son scénario lors d’une discussion entre Matthieu et Svetlana) ne lâche jamais son spectateur et parvient jusqu’aux dernières minutes à nous happer complètement.

Note : 8/10. En bref, un film d’espionnage saisissant où Gilles Lellouche fait le tour de force de nous offrir l’un des meilleurs rôles de sa carrière.

Sorti le 7 septembre 2022 au cinéma