Truelove (Mini-series, 6 épisodes) : un pacte pour mourir dans la dignité

Iain Weatherby (Humans) et Charlie Covell (The End of the F***ing World) ont un goût prononcé pour la mort et tortiller autour de façon cynique. Bien entendu, Truelove ne parle pas forcément à ma propre génération puisque l’on parle ici d’un groupe de gens qui décident de mourir comme ils l’entendent plutôt que de se laisser mourir à petit feu. Je m’attendais à ce que le récit soit déprimant à cause de sa thématique principale mais Truelove est étonnamment bourrée de vie. C’est grandement aidé par les différents personnages qui n’entrent pas dans les clichés des personnes âgées habituelles que l’on voit sur le petit écran. On sent un vrai réalisme dans ce que l’on nous propose et le casting est au poil. C’est d’ailleurs lui qui permet à Truelove d’être un peu plus qu’un drame sur la fin de vie. D’un côté, je comprends le pacte que font tous ces gens car l’idée de mourir dignement comme on l’entend c’est quelque chose à quoi on devrait tous avoir droit. 

Un groupe de vieux amis réunis à l’occasion d’un enterrement concluent un pacte alcoolisé. Plutôt que de se laisser aller à un lent et douloureux déclin, ils s’engagent à se donner une mort digne.

Truelove a un côté série policière britannique très prononcé dans sa mise en scène et dans le ton employé par le récit. Mais c’est un drame assez sombre sur la vie et ce qu’elle nous réserve comme malheurs. Le sujet, bien que complexe, est ici traité avec pertinence, respect et même sensibilité. Le pathos aurait pu être présent mais il reste sur le pas de la porte ce qui permet finalement au récit d’être tout de suite plus palpitant et attachant. Au fil des épisodes on se laisse séduire par ce groupe de personnes âgées. Le suspense que les scénaristes parviennent à construire au fil des épisodes est étonnant, surtout après le point de départ saugrenu. Truelove pose donc une question intéressante : pourriez-vous tuer un ami si celui-ci vous le demandait ? 

L’histoire évolue et le rythme est suffisamment soutenu pour que l’on ne s’ennui jamais. Il y a quelque chose de cynique dans ce récit qui apporte forcément un peu truc très britannique au récit (mais qui est justement l’une de ses plus belles qualités). Chaque épisode développe un peu plus le récit sans jamais tomber dans les facilités habituelles du genre. Truelove mélange de façon savoureuse série policière, drame, thriller et un concept qui pour le coup est tellement original qu’il sort réellement du lot. Ce n’est pas parfait mais c’est soigneusement écrit et incarné. Quand j’ai vu la bande annonce de Truelove je dois avouer que je m’attendais à une comédie noire sur un groupe d’ami qui cherche le suicide assisté mais il n’en est rien. Le fait que la série soit surprenante permet justement de lui donner là aussi de quoi nous surprendre. En allant à contre courant de ce que l’on attend, Truelove fonctionne encore mieux. 

Le milieu de la saison n’est pas forcément le point fort de Truelove. L’histoire continue d’avancer et les personnages d’évoluer dans leurs aventures mais je dois avouer qu’avec un point de départ aussi bête, je m’attendais vraiment au pire. Truelove prouve que Channel 4 sait encore produire des séries intéressantes et palpitantes. J’aimerais bien que cela soit le cas de sa petite soeur Channel 5 qui elle n’arrive pas à sortir des séries potables. 

Note : 7/10. En bref, un drame surprenant dans sa structure, son mélange des gens et son concept mais qui, grâce à une écriture soignée et un casting réussi parvient à délivrer une série étonnante. 

Diffusée dans le cadre du Festival Séries Mania 2024. Prochainement en France