Critique Ciné : Gueules Noires (2023)

Critique Ciné : Gueules Noires (2023)

Gueules Noires // De Mathieu Turi. Avec Samuel Le Bihan, Amir El Kacem et Jean-Hugues Anglade.

 

Sur le papier, faire un film fantastique d’épouvante sur les mines du Nord de la France est excitant. Gueules Noires a en plus de ça le mérite de parler du contexte de l’époque (le racisme envers les marocains envoyés à la mort dans les mines, la difficulté du travail de mineur, les primes qu’ils pouvaient gagnés en prenant toujours plus de risques, etc.). La vraie force de Gueules Noires vient de son côté Lovecraftien sur les bords et sur la dimension ouvrière de la France des années 50 à base de dialogues francs du collier. Mathieu Turi (Méandre, Hostile) continue d’être un petit artisan du survival horrifique à la française et ce même s’il est emprunt aux mêmes erreurs que son précédent film (Méandre). Cela fait surtout plaisir de voir le cinéma de genre français en forme et être force de propositions. Gueules Noires, malgré ses défauts, sait assez bien entretenir son suspense et délivre quelques moments assez forts, gores et prenants. 

 

1956, dans le nord de la France. Une bande de mineurs de fond se voit obligée de conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètres sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter, ils découvrent une crypte d’un autre temps, et réveillent sans le savoir quelque chose qui aurait dû rester endormi.

 

Mathieu Turi est un vrai artisan et nous enferme alors dans ce labyrinthe de tunnels poisseux. Mais ce qui fonctionne encore plus avec Gueules Noires c’est ce mélange aussi improbable que fascinant entre le réalisme de la difficulté du travail de mineur et la créature fantastique qui se réveille au milieu du film. Gueules Noires prend alors le temps d’installer une histoire crédible dans sa première partie à base de dialogues de fond de mine. On a envie de croire aux aventures de ces mineurs. Puis Gueules Noires bascule dans quelque chose de complètement différent alors que nos personnages doivent se battre pour leur survie. Le réalisateur sait offrir des éléments terrifiants à sa sauce en installant une atmosphère qui est de plus en plus pesante. Turi fait aussi appel à des effets plus anciens ce qui permet de donner plus d’ampleur et de réalisme à la créature (et de chair, bien rouge, créant une sorte de dichotomie avec l’ambiance poisseuse du charbon qui vole dans les airs). 

 

Le réalisateur est aussi intelligent dans sa façon de donner de la place à la créature en créant des moments pour qu’elle soit mise en valeur. Ce que je trouve dommage dans Gueules Noires c’est finalement qu’il ne cherche pas à creuser un peu plus ses personnages. Ces derniers restent assez peu nuancés et chacun collés à des rôles. Les rebondissements restent déjà vu et prévisibles mais le film a tout de même suffisamment de choses intéressantes à proposer pour être une belle proposition. Le casting sauve en grande partie certains personnages en apportant un peu plus de nuance. Comme Samuel Le Bihan plutôt soigné dans son rôle de meneur de troupe et Amir El Kacem, belle révélation à laquelle je ne m’attendais pas du tout. 

 

Note : 6/10. En bref, une agréable surprise. 

Sorti le 15 novembre 2023 au cinéma - Disponible en VOD et DVD

 

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