Critique Ciné : Le Jeune Imam (2023)

Le Jeune Imam // De Kim Chapiron. Avec Abdulah Sissoko, Way Berthe et Issaka Sawadogo.

Kim Chapiron a un sacré pédigré de films qui m’ont pour certains marqués (Sheitan, Dog Pound et dans une certaine mesure La crème de la Crème). Il s’associe avec Ladj Ly (Les Misérables) avec qui il a grandi pour raconter une histoire inspirée d’une histoire vraie (et qui avait fait les gros titres il y a quelques années). Plus exactement, Le Jeune Imam s’inspire de plusieurs faits divers autour des arnaques au pèlerinage vers La Mecque. Tout commence avec Ali, 14 ans, adolescent qui aime faire des petites combines afin de gagner de l’argent malhonnêtement. Sa mère décide alors de l’envoyer au Mali, dans son village natal, afin de refaire son éducation. Il va alors apprendre le Coran et découvrir la religion. Une fois de retour sur le sol français, Ali va alors devenir un jeune imam promettant aux personnes de sa communauté : faire un pèlerinage à La Mecque. Sauf que tout cela n’est qu’une vaste arnaque montée par Ali afin de voler l’argent et s’en mettre plein les poches. 

À 14 ans, Ali est un adolescent à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à la Mecque.

Ce qui fait plaisir à voir dans Le Jeune Imam c’est que le film parle de religion et de sa pratique mais pas de la façon dont les médias en parle. C’est pudique et soigné. Kim Chapiron prend soin de poser sa caméra afin de dévoiler une intimité assez détonnante de ce que l’on voit habituellement. Les scènes au Mali liées à la religion sont magnifiques et une fois de retour dans la cité, là aussi la religion est utilisée intelligemment. Le Jeune Imam ne cherche pas à en faire un sujet à polémique. Il n’y a pas de clichés ici, juste des faits et la foi. C’est beau pour ce message qu’il véhicule et plus posé qu’à son habitude le réalisateur parvient à créer quelque chose de soigné. Pour autant, Le Jeune Imam n’est pas exempt de défauts. Certains moments manquent cruellement de rythme et l’on sent que l’histoire tire en longueur plus que nécessaire. Cela vient probablement d’un manque d’idées pour combler les trous du milieu du film. 

La fin de celui-ci arrive alors un peu comme un cheveu sur la soupe (d’autant plus que c’est prévisible) mais les émotions, le questionnement sur les agissements de chacun et la place de la religion permettent d’offrir quelque chose de fort. Sans jamais tomber dans la caricature, Kim Chapiron a le mérite de proposer un film utilisant la religion à bon escient. Certains moments sont même teintés d’une vraie poétique et tout le passage au Mali est probablement la plus belle réussite de Le Jeune Imam. La sincérité de tout le monde et le joli casting permettent d’appuyer tout ça sans en faire des tonnes. 

Note : 6.5/10. En bref, bien que cela ne soit pas mon film préféré de Kim Chapiron, ce dernier ne tombe pas dans la caricature de la religion musulmane et parvient, dans ses passages au Mali, à nous offrir quelque chose de poétique et émouvant. 

Sorti le 26 avril 2023 au cinéma - Disponible en DVD et VOD