Une Amitié Dangereuse (Saison 1, épisodes 1 et 2) : royauté défagotée

Alain Tasma, grand habitué des séries françaises continue ses séries d’époque après Les Aventures du Jeune Voltaire (2021) pour nous plonger dans les coulisses de la royauté française. Cette période de l’Histoire de France est l’une des plus passionnantes et même si c’est aussi l’une des plus adapté, elle regorge toujours de récits nouveaux. Une Amitié Dangereuse est une adaptation de la saga historique Marie de Juliette Benzoni (Marie des intrigues et Marie des passions sortis en 2004 et 2005). Après avoir été adaptée par Marion Sarraut pendant des années (notamment Marianne en 30 épisodes avec Corinne Touzet en 1983), Benzoni connait ici une nouvelle jeunesse à travers cette adaptation moderne. Le grand fan de fictions d’époque que je suis aime forcément la partie de l’Histoire de notre pays que l’on nous raconte ici. 

Une Amitié dangereuse raconte l’histoire de deux jeunes filles, que lie une forte amitié : Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de Luynes puis de Chevreuse, vive et enjouée, libre de corps et d’esprit, et Anne d’Autriche, reine de France, prude et timide qui, mariée trop jeune et délaissée par son mari, le roi Louis XIII, souffre de neurasthénie. Marie n’aura de cesse de rapprocher le couple royal… dans un premier temps…

La vraie force de Une Amitié Dangereuse vient de ses décors soignés, de son casting plutôt réussi et vivant mais également de dialogues très théâtraux, comme la France les aime. J’aurais cependant aimé que Une Amitié Dangereuse ajoute un peu plus de modernité dans le récit. L’originalité de Une Amitié Dangereuse est son angle d’attache : l’histoire d’amitié entre deux jeunes femmes qui reprennent en main leur sexualité. Tout cela est à mettre en confrontation avec le fait que le sexe était politique à l’époque. Un Roi couchait et se mariait avec telle ou telle femme pour accéder à d’autres pouvoirs. La série prend le soin de nous amuser à plusieurs reprises, ce qui évite à la série de stagner et de rester sur le même ton. Mais les marivaudages ne fonctionnent pas toujours. 

Disons que Une Amitié Dangereuse a parfois une approche très littéral des choses et en oublie d’être plus originale. Derrière ce produit léché se cache donc une belle histoire qui manque d’énergie pour tenir ses promesses en longueur. Les deux épisodes se dégustent assez rapidement mais manque de ce que j’ai aimé récemment dans des fictions d’époque. Comme la disruptive Mary & George racontant l’histoire de Mary, une mère qui a fait de son fils l’amant du roi. C’est ce genre de récits un peu plus punk que j’ai envie de voir en France. La France aime son patrimoine, la place de la femme durant la royauté (ici en apportant un twist : les deux amies ne sont pas soumises) et créant aussi un jeu dangereux. Ça s’apprécie mais cela aurait pu être plus surprenant dans l’écriture et les dialogues. 

Note : 5/10. En bref, assez fidèle à l’esprit des romans de Juliette Benzoni, Une Amitié Dangereuse aurait mérité de sortir un peu du cadre afin de nous offrir une mini-série plus originale et moins théâtrale. Reste le casting, réussi et les décors somptueux. 

Diffusée dans le cadre du Festival Séries Mania 2024. Prochainement sur France 2