Critique Ciné : Mr. Turner, peinture de vie

Critique Ciné : Mr. Turner, peinture de vie

Mr. Turner // De Mike Leigh. Avec Timothy Spall, Paul Jesson et Dorothy Atkinson.


Avant d’aller voir Mr. Turner je ne connaissais rien du tout de ce peintre et encore moins son existence. C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai été voir ce film dans l’espoir de découvrir qui est ce peintre, ce qu’il a pu réaliser comme peintures qui ont apparemment marqué sa propre génération, etc. et le résultat est assez présent. Le récit se veut plutôt fluide dans sa globalité et ce pendant près de 2h30. Il y a forcément deux ou trois longueurs mais elles ne sont jamais mauvaises et ne perturbent en rien le téléspectateur et le visionnage. Il faut dire que Timothy Spall (Harry Potter) incarne le rôle de Turner avec beaucoup de charisme mais aussi avec quelque chose qui le transforme instantanément en personnage fascinant. Par ailleurs, ce film faisait également partie de la sélection cannoise lors du dernier Festival de Cannes et Timothy Spall a remporté le Prix d’interprétation masculine pour son interprétation de Turner. Une récompense amplement mérité même si d’autres n’ont pas démérité (en tout cas ce que j’ai pu en voir de la sélection jusqu’à présent). Ce que j’ai pu découvrir avec ce peintre tout au long de ce film c’est l’énergie qu’il a toujours mis à jouer avec la lumière. Et cela se retranscrit à merveille grâce à Mike Leigh.

Les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.

Déjà couronné de la Palme d’Or en 1996 pour Secrets et Mensonges, Mr. Turner est le 5ème film de Mike Leigh présent en compétition au Festival de Cannes. Ce n’est pas rien et je ne connais presque rien de l’oeuvre de ce réalisateur si ce n’est sa Palme d’Or et Be Happy (2008). Mais peu importe, le résultat est tout de même assez impressionnant car de se dire que l’on va voir pendant 2h30 l’histoire d’un peinture du 18/19ème siècle franchement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant au premier abord. Mais c’est tout le contraire, le film parvient à trouver suffisamment de légèreté pour ne pas rendre son propre pompeux et parvient également à transformer ses personnages en des gens lumineux. C’est probablement ce qu’il y a de plus intéressant avec Mike Leigh ici. Il parvient à retranscrire à l’écran l’esprit des peintures de ce peintre britannique. Comme quoi, tout est possible au cinéma et même de se passionner pour quelqu’un que l’on ne connaît pas et qui, par un jugement hâtif, aurait très bien pu me passer sous le nez. Car oui, j’ai hésité à aller voir ce film. J’avais peur de n’y trouvé que 2h30 d’ennui (même si rien ne me retenait de partir en plein milieu - ce que je déteste et ai beaucoup de mal faire -).

Quoi qu’il en soit, l’histoire de ce peintre est constamment ponctuée de moments d’éclats. Cela peut être une simple bronchite ou une visite dans un bordel, tout est fait pour que l’on ne ressente jamais ni l’ennui ni une quelconque vacuité. Car il y a finalement énormément de choses à raconter sur la vie de cet homme et le film en fait quelque chose de merveilleux. Il faut dire que Timothy Spall est généreux, qu’il se donne à merveille dans ce film au récit travaillé mais au delà de tout ça, cela aurait pu être un film complètement raté (ce qu’il n’est jamais et c’est une très bonne nouvelle). J’aimerais également parler du fait que Mike Leigh parvient à transformer certains des plans de son films en de vraies peintures vivantes, je pense par exemple à cette vision de la plage avec Turner au loin, cette petite partie de pèche filmée comme l’on aurait pu peindre une peinture, etc. il y a tout un tas d’exemples de ce genre là jusqu’à la fin. La fin est aussi un moment qui devient presque bouleversant. Je n’ai peut-être pas été autant touché que je n’aurais pu le souhaiter mais la vie de cet homme est finalement assez misérable et ne semble jamais connaître de réels moments de bonheur (bien que l’on tente de nous démontrer le contraire à plusieurs reprises).

Note : 7.5/10. En bref, portrait étonnant d’un peintre dont j’ai découvert l’existence.

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