9.3 BB (Saison 1, 8 épisodes) : théâtre de banlieue

Wallen (que vous connaissez surement plus pour la musique comme moi) a créée avec son mari Abd al Malik une série qui sur le papier avait tout pour réussir. Nous suivons l’histoire de Leila, 19 ans, qui veut monter une troupe de théâtre à la Seine-Saint-Denis. L’idée est louable et la saison nous réserve quelques surprises mais dans son ensemble c’est bien trop maigre et filiforme pour inspirer une série à voir absolument. Je ne remets pas en cause Abd al Malik qui tente clairement de faire de son mieux mais d’un point de vue de la mise en scène, la direction d’acteur est assez catastrophique. Il y a tout de même de bons éléments comme Luiza Benaïssa qui dans le rôle de l’héroïne parvient à nous donner envie d’aller au but de la saison. Elle est notre liant à un récit un brin décousu qui englouti un peu trop par rapport à ce qu’il est capable de réellement digérer. 

Leila, 19 ans, vient d’entrer à la faculté de droit. Son destin est tout tracé, jusqu’à la révélation Bertolt Brecht : une représentation d’Antigone dans le théâtre de sa cité la bouleverse. Sa vocation trouvée, elle décide de convaincre ses amis d’enfance de jouer dans la pièce de théâtre qu’elle va mettre en scène.

Le théâtre est une excuse pour parler de problèmes familiaux, de guerres identitaires, de la montée des extrêmes. C’est sûr qu’avec un tel décor, difficile de croire en ce projet de théâtre mais Leila veut y croire et y met alors tout son coeur. Il y a une certaine volonté dans 9.3 BB qui est louable. Ne serait-ce que de montrer la détermination de cette jeune femme. Ce n’est pas toujours parfait mais il y a un mérite là dedans : celui de montrer qu’il y a aussi de l’espoir dans les quartiers populaires. 9.3 BB ne cherche pas à montrer la banlieue comme d’autres fictions. Au contraire, la banlieue est ici un lieu de vie et de solidarité. C’est ce qu’il y a de plus beau dans la simplicité de la série. Encore une fois, 9.3 BB aurait pu creuser un peu plus l’ensemble et lui donner plus d’ampleur mais c’est probablement dans sa propre simplicité que Wallen a voulu puiser. On sent qu’elle a donné à Leila un peu d’elle-même.

C’est d’ailleurs ce qui fait la force du personnage principal. Si les personnages qui gravitent autour ne sont pas forcément mauvais, aucun n’est réellement surprenant ou mémorable. Abd al Malik de son côté film la cité comme il la perçoit. C’est brut et met en avant une certaine émotion. Là aussi j’aurais aimé que 9.3 BB puisse être encore plus intéressante, qu’elle aille dans des recoins que l’on ne voit pas tous les jours mais avec huit épisodes, difficile de développer énormément d’intrigues et donc d’aller au fond de toutes les problématiques. Finalement, je m’attendais à quelque chose de plus palpitant de la part de cette dramédie sociale. J’ai été touché par Leila et certaines thématiques mais l’ensemble aurait pu être un peu plus percutant. Surtout qu’il y a de la matière dans tout ce que 9.3 BB explore mais qu’elle ne brosse finalement qu’en surface. 

Note : 5.5/10. En bref, une vision intéressante de la banlieue qui malheureusement ne creuse pas suffisamment en profondeur. 

Disponible sur France tv Slash