Dopesick (Mini-series, 8 épisodes) : les coulisses du crime de la décennie

Dopesick (Mini-series, 8 épisodes) : les coulisses du crime de la décennie

Dopesick est un récit brut. Il ne prend pas de pincettes et vient nous raconter avec plusieurs personnages l’histoire de la crise des opiacés créée par Prudue Pharma et leur fameux médicament : l’Oxycontin. En huit épisodes, adaptés du roman de Beth Macy : « Dopesick: Dealers, Doctors and the Drug Company that Addicted America », la série nous raconte de façon intelligente cette épidémie qui a tué des milliers d’américains et dévasté des vies entières. La série s’étale sur vingt ans, des prémices jusqu’à 2019 où la famille Sackler a été lynchée en place publique pour ce qui s’est passé. Alors que près de 500 000 américains sont décédés à cause d’une overdose d’opiacés, Dopesick vient compter le récit de plusieurs personnages de cette histoire : la famille Sackler qui a utilisé le marketing à son avantage afin de vendre un médicament soit-disant inoffensif, le médecin Dr Finnix incarné par Michael Keaton qui a participé à tout ça dans une petite ville de l’état de Virginie et la jeune Betsy, devenue accro dont la plongée dans la dépendance est probablement la chose la plus douloureuse à suivre dans Dopesick.

 

Au coeur d'une petite ville de l'état de la Virginie, le portait de familles touchées par la crise des opiacés aux Etats-Unis. Les proches des toxicomanes se lancent dans une guerre auprès des lobbies pharmaceutiques. Les policiers et médecins luttent également au quotidien contre le fléau...

 

Le rythme de la série se trouve dans ce récit non linéaire. Plutôt que de raconter l’histoire du début à la fin de façon logique, Dopesick préfère jongler entre les époques afin de lier les destins et de mieux nous imprégner de ce qui se passe à chaque étape. C’est au fil des épisodes que la série, derrière sa brutalité, devient de plus en plus passionnante. J’ai eu du mal à décrocher, comme accro à l’Oxycontin moi aussi. Ce sujet est si important que Dopesick parvient à rendre le tout percutant et surtout jamais ennuyeux. La série est intense et ne prend jamais son sujet avec des pincettes (ce qui dans un sens peut surprendre de la part de Disney). Décrit comme un crime contre l’humanité de la décennie par Alex Gibney dans son documentaire pour HBO, cette série poursuit ce travail documentaire.

 

On sent dès le début que Dopesick est une série qui sait de quoi elle parle et comment le raconter. Danny Strong (Billions, Game Change) créé ici un récit brutal qui veut nous faire prendre conscience de ce qui se passe. Dopesick est un peu le procès d’intention que les Sackler n’ont jamais eu. Ces derniers, ont été de plus en plus vicieux, parvenant avec l’aval de la FDA à augmenter les doses et à faire de ce médicament un médicament pour des traitements longue durée. Tout ce qui se passe avec Richard Sackler est sacrément irritant mais aussi fascinant. On plonge au coeur du marketing pharmaceutique et la façon dont les groupes comme Prudue vendent des médicaments sur la base de maladie qu’ils créent eux-mêmes. En l’occurence ici la « breakthrough pain ». C’est avec ce terme inconnu que tout l’argumentaire va se créer, en plus d’avoir des commerciaux sans vergogne qui vont refiler l’Oxycontin dans tous les Etats-Unis avec un argumentaire bien ficelé.

 

Dopesick est donc une toile de différentes époques où certaines sont plus touchantes que d’autres. Il y a énormément de personnages mais avec les huit épisodes la série se donne le temps de nous plonger dans la vie de chacun d’eux. C’est fort et le charisme du casting fait le reste. Je pense à la jeune Kaitlyn Dever qui sous les traits de Betsy m’a bouleversé. Samuel Finnix incarné par Michael Keaton est lui aussi un personnage important et surtout réussi. La descente aux enfers de ce médecin est percutante et vient rappeler que personne n’est infaillible, même un médecin. Michael Keaton aurait probablement droit à un Emmy pour sa prestation et je ne suis pas contre cette idée. Bien au contraire. La série ajoute aussi le point de vue de l’enquête menée par des avocats américains (Rick et Randy) qui partent de zéro afin de monter en épingle un dossier bien complexe à créer.

 

Dever et Keaton sont tellement bons dans leurs rôles respectifs que l’on suit Dopesick frénétiquement grâce à eux. Les autres personnages et témoignages sont presque secondaires alors que leur importance est tout de même là. Dopesick est une série détaillée qui ne prend jamais de pincettes avec le téléspectateur et qui nous plonge dans un terrible scandale dont on a tous entendu parlé mais dont on ne sait pas forcément toute l’histoire. Dopesick fait alors très bien ce travail documentaire afin d’informer les spectateurs et donner l’envie de jeter tous ses opiacés au fond d’un toilette pour ne plus jamais les toucher.

 

Note : 8/10. En bref, un récit poignant et fortement addictif où les destins de chacun permettent d’offrir des points de vue et une prise de conscience sur le scandale pharmaceutique de la décennie.

Disponible sur Disney+

 

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