Haut et Fort // De Nabil Ayouch. Avec Ismail Adouab, Anais Basbousi et Meriem Nekkach.

Il y a dans Haut et Fort une idée forte, celle de parler de la culture hip hop dans un quartier populaire de Casablanca. Construit comme une sorte de faux documentaire, le film a du mal à sortir de ses carcans du genre et à délivrer quelque chose de neuf. On se retrouve alors bien souvent avec un film convenu qui est en grande partie sauvé par la belle énergie du groupe qui fait son effet. Haut et Fort c’est un film qui parle d’émancipation… par le rap de la jeunesse marocaine. C’est donc grâce à une belle énergie que le récit fonctionne en partie et qui s’avère peu consistant à d’autres. Malgré toute cette bonne humeur communicative, le film a du mal à sortir du lot et à se détacher de tout ce qui a déjà pu être fait sur l’émancipation marocaine. Haut et Fort aurait pu être un film passionnant mais le film utilise tout ce qu’il a sous la main sans réellement chercher à nous engager dedans. C’est comme feuilleter un catalogue avec des personnages qui vont chacun chercher à défendre leurs points de vue.

Anas, ancien rappeur, est engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop…

Haut et Fort porte alors tous les sujets possibles : la réaction des familles, l’expression des jeunes, les limites qu’il faut dépasser, la censure au Maroc, les inégalités sociales, l’oppression des femmes et la religion, la liberté de s’habiller, etc. Tout passe au crible et en voulant parler de tout le film perd rapidement de sa force car il n’a jamais le temps d’aller au bout des choses. Il y a pourtant de beaux moments de vie dans ce film choral qui met en scène des jeunes qui ont la fougue et qui ont envie de défendre ce que le film défend. Cela donne des moments qui sont parfois généreux et qui sortent du lot par rapport au reste du film trop engoncé dans un propos qu’il a du mal à maîtriser. On est loin ici de Razzia, le précédent film de Nabil Ayouch qui était presque parfait. Haut et Fort glisse rapidement et se dessert lui-même sans réellement apporter d’originalité ou de surprise. C’est simple, peut-être trop simple par rapport à ce que le film veut défendre.

Note : 4.5/10. En bref, dommage que malgré la générosité des comédiens, Haut et Fort ne parvienne jamais à réellement offrir un compte rendu original et percutant.

Sorti le 17 novembre 2021 au cinéma - Disponible en VOD