Critique Ciné : Maestro, hommage d'une rencontre

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Maestro // de Léa Fazer. Avec Pio Marmai et Michael Lonsdale.


Maestro c’est l’histoire d’une rencontre, Maestro c’est l’histoire du cinéma, Maestro c’est un hommage, Maestro c’est inspiré de faits réels prenant pour inspiration la rencontre entre Eric Rohmer et Jocelyn Quivrin pour Les Amours d’Astrée et de Céladon. Ce qu’il y a d’assez intéressant là dedans c’est qu’au départ, Jocelyn Quivrin devait incarner le rôle de Henri sur l’idée de Léa Fazer de faire de cette rencontre incongrue un film. Léa Fazer enrobe donc l’histoire afin de lui donner de quoi tenir une heure et demie de film et le tout est très réussi. Notamment car Pio Marmai et Michael Lonsdale font des partenaires intelligents à l’écran. C’est un vrai hommage à Jocelyn Quivrin qui est fait dans ce film (et accessoirement à Eric Rohmer, lui aussi décédé). Ce que l’on ne sait pas c’est que l’acteur (le vrai) était prêt à tout pour jouer sous la direction d’Eric Rohmer, tout simplement car il était fasciné par le travail du réalisateur. Dans Maestro l’histoire est un peu différente mais c’est notamment pour mettre en avant le fait que pour beaucoup de nouveaux acteurs le cinéma ce n’est plus ce que c’était, c’est des blockbusters et le cinéma d’auteur disparaît.

Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.

Léa Fazer parle donc dans un premier temps de la difficulté de faire un film d’auteur aujourd’hui (le problème de financement des acteurs payés une misère, des tournages qui manquent cruellement de moyens et où certains occupent donc énormément de postes pour soucis d’économie, les hésitations de certains acteurs entre un projet d’auteur et un projet à gros budget qui pourrait leur valoir la gloire, etc.). C’est donc aussi un film pour l’amour du cinéma, du cinéma d’auteur. J’aime beaucoup le fait que l’on parle de la pellicule qui se meurt pour le numérique (encore une fois un moyen de réduire les budgets). Mais Léa Fazer, dans sa lettre d’amour au cinéma d’auteur, parvient aussi à démontrer qu’au fond il y a quelque chose de beau, des relations qui se tissent et qui ne sont pas les relations superficielles qu’il peut y avoir dans le cinéma grand public. Au fond le film que Cédric Rovère met dans scène n’est qu’un prétexte pour raconter l’histoire d’une rencontre, une belle rencontre. Celle d’un homme fasciné par Hollywood et ses grosses machines mais qui va découvrir un autre cinéma, la poésie, la beauté des mots et que c’est ça qui importe.

J’aime beaucoup ce moment où l’un des personnages parle du fait qu’il a refusé le rôle d’Indiana Jones pour jouer dans un film de Cédric Rovère. C’était une scène drôle au départ mais finalement elle colle parfaitement au film et à l’idée que l’on peut s’en faire. On parle donc de transmission à deux chemins. D’un côté le roc du cinéma français qui apprend à un jeune homme perdu ce que c’est que l’amour des mots, le vrai cinéma et en échange, à quelques reprises bien ponctuées, le jeune va apprendre au plus âgé le langage d’aujourd’hui. Le choc des cultures aurait pu être troublant et raté mais c’est tout le contraire. Maestro parvient donc à nous raconter une histoire légère, teintée de comédie plutôt efficace que l’on aurait parfois envie de voir se poursuivre. L’issue du film est tout de même frustrante (ou presque). J’aurais bien aimé que Maestro aille plus loin dans son exploration du cinéma. Car ce n’est pas qu’une histoire de tournage et de comment le système de financement fonctionne, c’est tout autre chose. C’est même bien plus beau que ça. Difficile de résister au charme de cette belle histoire, pétillante et pleine d’énergie avec un Michael Lonsdale (Moonraker) que l’on n’avait pas vu aussi en forme depuis un bout de temps.

Note : 7.5/10. En bref, le charme enlevé d’une comédie sur l’amour du cinéma.

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delromainzika

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D
<br /> Ah non mais là ce n'est pas Gondry ^^ Mais le film en lui même (Maestro) n'est pas un film artisanal, il parle de cinéma d'auteur qui se fait difficilement ^^<br />
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T
<br /> Je tenterais d'aller voir ça pour en reparler alors (bon ça risque d'être tendu niveau emploi du temps). <br /> <br /> <br /> M'enfin moi quand tu me parles de cinéma artisanale je pense à un type de cinéma plus particulier que le cinéma d'auteur: le cinéma de genre. Ou en tout cas les films utilisant des trucages " à<br /> l'ancienne" (ce que fait Gondry par exemple).<br /> <br /> <br /> Maintenant je suis dubitatif quand au degré de "prise de conscience" de ce genre de film. Mais bon qui sait, j'en attends tellement rien que le seul truc que je risque en allant le voir c'est une<br /> bonne surprise. Y'a plus triste comme sort.<br />
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D
<br /> Mais ce n'est pas moi, c'est le film :)<br /> <br /> <br /> En effet, il oppose grossièrement certes mais c'est au fond ce qui permet la prise de conscience, le blockbuster au cinéma d'auteur. Il y a une caricature qui est faite des deux mais je n'ai pas<br /> trouvé ça dérangeaznt, bien au contraire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite pour la pellicule c'est pareil. C'est dans le film. La directrice financière du tournage ne cesse de parler du coup de la pellilule et du fait qu'ils devraient passer au numérique, car<br /> moins cher. Après, Cédric Rovère n'est pas d'accord puisque pour lui la pellicule est attachée à la qualité visuelle. (on est d'accord sur le rendu pellicule vs. numérique même si le numérique<br /> permet oui, plus de choses). Je t'invite vraiment à aller voir ce film. Ne serait-ce que pour voir par toi même cette ode au cinéma artisanal (puisque c'est un peu ça). On parle de cinéma<br /> d'auteur oui car Eric Rohmer est un auteur (je suis d'accord pour Nolan, Del Toro et bien d'autres encore) mais c'est surtout le fait que dans l'économie française (celle qui est prise en grippe<br /> dans le film), il est difficile de faire des films d'auteur ne ciblant pas un grand public. :)<br />
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T
<br /> J'ai pas vu le film mais deux points sont un peu télégraphier dans te critique.<br /> <br /> <br /> Tout d'abord l'opposition entre "blockbuster" et "film d'auteur" me parait maladroite: des tas de réalisateurs habitué à faire des blockbuster sont considéré comme des auteurs (Nolan ou Guillermo<br /> Del Toro).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite en ce qui concerne la pellicule si celle-ci disparait c'est pas seulement une question de coût mais aussi parce que le format numérique est bien plus flexible. (mais il est clair que le<br /> rendu d'une pellicule est bien meilleur).<br /> <br /> <br />  <br />
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