20 Mars 2021
Alex Pina a cette aisance à créer des séries dont la narration se ressemblent toutes mais qui donnent l’envie frénétique d’enchaîner les épisodes. Toutes les séries du créateur (La Casa de Papel, El Embarcadero, White Lines) se basent sur le principe de la narration par la voix off. Dans Sky Rojo c’est celle de Coral, l’une des héroïnes « prostituées ». Une année seulement après la médiocre White Lines, il revient avec une série pulp clairement inspirée de Une nuit en Enfer de Robert Rodriguez. On retrouve cette course entre des personnages tous plus cinglés les uns que les autres et des situations rocambolesques qui n’hésitent pas à en faire trop pour être croyables. Grâce à un rythme assez bien mené (les épisodes ne font que 25 minutes), il est facile de se laisser prendre au jeu de Sky Rojo. La série enchaîne alors les rebondissements tous plus fous les uns que les autres, quitte à flirter très souvent avec le surréalisme. Avec ce côté très pulp dans la mise en scène où les couleurs pop ont toutes leur importance, on ne s’ennuie finalement pas trop si l’on ne va pas chercher la petite bête à la cohérence scénaristique.
L'histoire de Coral, Wendy et Gina qui tentent de fuir Moisés et Christian, hommes de main de Romeo, proxénète et propriétaire du club Las Novias. Ensemble, elles se lancent dans une redoutable course contre la montre au cours de laquelle elles devront affronter toutes sortes de dangers. Leur seul objectif : rester en vie cinq minutes de plus …
Car Sky Rojo n’est pas une série cohérente. Tout est surréaliste et parfois d’un épisode à l’autre il est difficile de comprendre comment les personnages peuvent se sortir de telle ou telle situation. Alex Pina n’a pas pour autant chercher le réalisme ici et cela semble être assumé totalement. C’est l’une des raisons pour lesquelles Sky Rojo fonctionne assez bien. En assumant pleinement la crétinerie de toute cette aventure, la série s’amuse et sait alors divertir le téléspectateur. Les épisodes courts permettent donc d’éviter les digressions ennuyeuses qui ont parfois fait souffrir certaines de ses séries (El Embarcadero en est un symbole). Cela donne un rythme soutenu à mi chemin entre le pulp et quelque chose de plus féminin qui veut en découdre avec les hommes. C’est une force de la série car au delà des éléments narratifs souvent outranciers, Sky Rojo est une série de femmes fortes où les hommes en face d’elles sont tous plus pathétiques et incompétents les uns que les autres. La série résume au détour d’un dialogue les hommes à leur pénis et je dois avouer que c’est pile poil ce que la série fait du début à la fin.
Car si les trois héroïnes sont des prostituées, elles ont toujours su utiliser les hommes et les manipuler grâce à leur sexe. Ce thriller ne se prend donc jamais la tête avec les personnages et cherche constamment la petite idée qui va donner envie au téléspectateur de revenir pour l’épisode suivant. En soi, Alex Pina a compris la mécanique Netflix et en devient l’un de ses procréateurs les plus intéressants. Le rythme donné par la durée des épisodes permet donc une course poursuite frénétique avec trois femmes attachantes dont la vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Si parfois Sky Rojo est assez racoleuse, on peut aussi oublier tout ça avec des idées intéressantes. Le côté tape-à-l’oeil de la mise en scène pourra en rebuter plus d’un mais m’a donné cette envie d’en voir plus. Cela tombe bien, la saison 2 a déjà été tournée et comme La Casa de Papel, Sky Rojo a été pensée en deux chapitres sur deux saisons différentes. Entre humour noir et galerie de personnages tous plus cartoonesques les uns que les autres, cette nouvelle création d’Alex Pina est amusante et un divertissement à consommer sans modération.
Note : 7/10. En bref, le délire est assumé et ça fait du bien parfois de débrancher son cerveau.
Disponible sur Netflix
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