9 Avril 2025
Daredevil: Born Again // Saison 1. Episode 8. Isle of Joy.
L’épisode 8 de Daredevil: Born Again représente un basculement clair dans la série. Jusqu’ici, la saison avançait sans réellement captiver. Il y avait des promesses, des pistes intéressantes, mais rien qui ne prenne vraiment racine. Là, pour la première fois depuis le début, l’histoire semble enfin avoir trouvé son axe. Et le changement est si net qu’il paraît presque évident que ce soit le fruit d’un nouveau souffle en coulisse. Dès les premières minutes, une autre dynamique s’installe. Les scènes gagnent en tension, les dialogues s’affinent, les personnages cessent de tourner en rond.
Ce n’est pas une révolution spectaculaire, mais plutôt une prise de conscience tardive de ce que cette série aurait pu – ou dû – être dès le départ. Ce qui frappe d’abord, c’est la structure de l’épisode. Là où les précédents accumulaient les sous-intrigues parfois sans direction claire, celui-ci les rassemble. Chaque élément présenté plus tôt dans la saison commence à prendre du sens. Ce n’est pas juste une accumulation d’événements ou un prétexte à l’action. C’est la première fois que l’histoire semble savoir précisément où elle va. Le lien entre les différents personnages devient plus organique.
On n’a plus l’impression de suivre des histoires parallèles qui n’ont rien à voir entre elles. Les chemins se croisent, les conflits se resserrent, et surtout : Matt Murdock redevient central dans son propre récit. Matt n’avait pas disparu de la saison, mais il était souvent en retrait. Ce huitième épisode lui redonne enfin le rôle qu’il mérite. Il n’est plus simple spectateur des événements ou accessoire dans les intrigues des autres. Il agit. Il prend des risques. Il confronte. L’une des scènes les plus parlantes est celle où il interrompt le gala de Fisk. Ce moment aurait pu facilement tomber dans le grandiloquent, mais il est traité avec sobriété et tension.
Voir Murdock affronter Fisk dans un cadre aussi symbolique, sans costume, en tant que simple homme, a beaucoup plus de poids que n’importe quelle bagarre nocturne. C’est une manière plus subtile de montrer que le combat entre les deux dépasse le simple affrontement physique. Il y a une guerre psychologique et morale qui s’exprime pleinement ici. Bullseye n’est pas un ajout gratuit dans cet épisode. Son retour ne sert pas juste à muscler le scénario. Il agit comme un révélateur. En apparaissant à ce moment précis, il met tout le monde face à ses contradictions. Il oblige Matt à sortir de sa retenue.
Il pousse Fisk à montrer un visage plus brut. Et il apporte une énergie nouvelle à une série qui en avait bien besoin. Sa scène d’évasion, aussi improbable que spectaculaire, fonctionne parce qu’elle est bien rythmée, et surtout parce qu’elle ne cherche pas à impressionner gratuitement. Elle a un vrai impact sur la suite de l’épisode. Ce n’est pas de l’action pour de l’action. C’est une poussée de chaos qui oblige les personnages à se repositionner. Le face-à-face entre Matt et Vanessa, lui aussi, a un poids particulier. Pas parce qu’il est spectaculaire, mais parce qu’il concrétise des tensions installées depuis plusieurs épisodes.
Jusqu’ici, Vanessa était restée en arrière-plan, presque effacée, comme si elle n’avait pas encore trouvé sa place dans cette saison. Ici, elle prend enfin forme. Et sa confrontation avec Matt permet d’éclairer plusieurs zones d’ombre. Le fait que Matt l’accuse directement, qu’il sorte du rôle du justicier masqué pour adopter celui de l’avocat, donne à la scène une dimension beaucoup plus personnelle. C’est un homme en colère qui parle, pas un super-héros en mission. Ce qui distingue cet épisode des précédents, c’est aussi la manière dont la tension est construite. Il n’y a pas besoin d’un enchaînement de scènes d’action pour que la pression monte.
Tout passe par les regards, les silences, les choix de mise en scène. La réalisation semble avoir trouvé un rythme plus mature. Les plans sont plus réfléchis, les coupes mieux dosées. L’éclairage aussi évolue : plus contrasté, plus expressif. Il y a une volonté claire de retrouver l’ambiance oppressante de Hell’s Kitchen sans pour autant imiter ce qui a déjà été fait dans la série originale. C’est une identité qui commence enfin à émerger. À force de se traîner, la saison avait laissé l’impression qu’il manquait quelque chose. En voyant cet épisode, c’est comme si ce “quelque chose” devenait soudain visible.
Ce n’est pas tant que les autres épisodes étaient mauvais, mais ils paraissent maintenant bien pâles à côté de celui-ci. Il y avait de l’attente, des pistes, mais peu de concrétisation. Ici, tout se resserre. On sent que les enjeux sont réels. Le danger, palpable. Et surtout, l’émotion enfin présente. Un autre aspect important : les décisions des personnages ont enfin des conséquences. Adam, par exemple. Son sort n’est pas traité comme un simple fait divers. Ce n’est pas juste un élément de plus. C’est une rupture, un point de bascule pour Vanessa et Fisk. Le couple, qui jusque-là semblait fragile, devient plus menaçant, plus soudé.
Et ça change profondément la dynamique autour d’eux. La robe rouge de Vanessa au gala n’est pas juste un détail visuel. C’est un choix narratif fort, qui symbolise le glissement du personnage vers quelque chose de plus assumé, de plus dangereux. Le couple Fisk n’est plus un pouvoir divisé, mais une entité unifiée, prête à tout. Jusqu’ici, il manquait une direction claire à Daredevil: Born Again. Ce huitième épisode redonne une voix à la série. Il ne s’agit pas de tout réinventer, mais de revenir à l’essentiel : un héros pris entre sa foi, sa colère, et un ennemi qu’il ne peut plus ignorer.
Ce n’est pas une explosion spectaculaire. C’est une montée progressive, presque insidieuse, qui donne de l’ampleur à tout ce qui va suivre. Pour la première fois depuis le début, la série semble prête à aller jusqu’au bout. Après cet épisode, l’envie de découvrir la suite revient. Ce n’est pas une question de suspense artificiel. C’est simplement que tout semble aligné. Les enjeux sont clairs, les alliances redéfinies, les masques tombent. Matt n’a plus vraiment de choix. Il doit agir, et tout semble indiquer qu’il le fera de façon plus frontale. Le costume n’est plus seulement un symbole. Il devient une nécessité.
L’un des défis majeurs pour une série comme Daredevil, c’est de maintenir un équilibre entre les scènes d’action et les moments plus introspectifs. Cet épisode y parvient enfin. Chaque scène, qu’elle soit physique ou émotionnelle, sert à faire avancer l’histoire. Il n’y a pas de gras, pas de détours inutiles. Et surtout, l’épisode ne cherche pas à tout expliquer. Il laisse de l’espace au spectateur. Il suggère, il laisse planer le doute. Ce respect de l’intelligence du public manquait cruellement dans les épisodes précédents.
L’épisode 8 de Daredevil: Born Again agit comme une bouffée d’air après une traversée laborieuse. Il ne corrige pas tous les défauts de la saison, mais il donne enfin une direction claire, des enjeux forts, et des personnages qui prennent des décisions. Ce n’est pas le meilleur épisode de la série — ce genre de jugement n’a pas vraiment d’intérêt. Mais c’est, sans doute, le premier qui donne vraiment envie de voir la suite. Et ça, c’est déjà beaucoup.
Note : 9/10. En bref, l’épisode 8 de Daredevil: Born Again agit comme une bouffée d’air après une traversée laborieuse. Il ne corrige pas tous les défauts de la saison, mais il donne enfin une direction claire, des enjeux forts, et des personnages qui prennent des décisions.
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