28 Octobre 2025
Brilliant Minds // Saison 2. Episode 6. The Doctor’s Graveyard.
Après l’émotion brute de l’épisode précédent, Brilliant Minds tente cette fois une parenthèse plus thématique avec « The Doctor’s Graveyard ». L’idée de mêler Halloween, peur et médecine aurait pu donner un épisode brillant, entre introspection et frisson. Malheureusement, si la forme amuse parfois, le fond s’égare. Ce sixième chapitre de la saison 2 illustre bien le paradoxe de cette série : pleine d’intentions, mais incapable de toujours les incarner avec justesse. L’ouverture, pourtant, a de quoi intriguer. Un homme est amené aux urgences, officiellement mort après avoir passé plus de trente minutes dans un bain glacé. Q
Quelques instants plus tard, il se réveille, haletant, comme ressuscité. Ce cas introduit le thème du biohacking, ces expérimentations extrêmes menées par ceux qui cherchent à repousser les limites de la biologie, voire à vaincre la mort. L’épisode installe ainsi un ton étrange, entre science-fiction et cauchemar moderne, et pose la question : jusqu’où peut aller l’obsession de la performance et de l’immortalité ? Ce patient, Cyrus, rappelle les figures réelles de milliardaires obsédés par la longévité, et sa présence apporte une réflexion intéressante sur la peur de mourir. Malheureusement, cette idée ne va pas au bout.
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Le scénario préfère multiplier les sous-intrigues : Wolf voit apparaître le fantôme d’une ancienne patiente, Nichols pense être victime d’une malédiction après le drame du précédent épisode, et Carol se retrouve face à un patient déguisé en clown qu’elle refuse de soigner. L’intention est claire — chacun affronte sa propre peur —, mais la cohérence se perd rapidement dans le montage. Cette dispersion fragilise l’impact du propos. L’épisode veut explorer la peur, mais ne sait pas s’il doit la traiter comme un moteur émotionnel ou un simple prétexte de décor. Le ton oscille sans cesse entre drame psychologique et clin d’œil de série d’Halloween, sans jamais vraiment trouver le bon équilibre.
La scène du manoir hanté, où les internes dénoncent l’image stigmatisante des malades mentaux avant que l’épisode ne reproduise justement ce travers, illustre ce manque de cohérence. Brilliant Minds se tire elle-même une balle dans le pied : le discours humaniste qu’elle revendique se heurte à une mise en scène parfois caricaturale. Pourtant, tout n’est pas à jeter. L’arc de Wolf reste le plus intrigant. Le voir hanté par le souvenir d’une patiente qu’il n’a pas pu sauver donne enfin un aperçu plus vulnérable de ce personnage souvent trop lisse. Ces visions récurrentes, mi-hallucinations mi-fantômes, posent un vrai mystère autour de son futur internement à Hudson Oaks, teasé depuis le début de la saison.
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Même si le traitement horrifique paraît un peu forcé, le sous-texte fonctionne : Wolf n’a pas peur de mourir, il a peur de revivre ses échecs. Nichols, lui, continue de se débattre avec sa culpabilité. Depuis la gifle d’Ana, tout semble se fissurer en lui. L’homme qui incarnait la rigueur et la maîtrise commence à douter de ses mains, de son jugement, de sa foi dans la médecine. Cette fragilité aurait mérité plus de place, mais elle reste noyée dans les détours scénaristiques. Le retour en salle d’opération de Josh manque d’ampleur dramatique, surtout après l’intensité émotionnelle de l’épisode 5. Il retrouve peu à peu confiance, certes, mais la résolution paraît trop rapide, presque anecdotique.
C’est finalement Ericka qui sauve « The Doctor’s Graveyard » du naufrage. Toujours marquée par les événements du building effondré, elle retrouve Sam, un patient qu’elle avait déjà rencontré. Leurs échanges sont les plus justes de l’épisode, portés par une sensibilité désarmante. La confession d’Ericka à Jacob, lorsqu’elle admet sa dépendance aux anxiolytiques, apporte une vraie respiration émotionnelle, loin du ton artificiel du reste. Cette scène résume ce que Brilliant Minds sait faire de mieux : parler des blessures invisibles avec douceur et authenticité. La fin, en revanche, désarçonne. Le dernier plan où Charlie, devant son casier, voit apparaître le spectre de la femme qui hante Wolf, puis la transition brutale vers Hudson Oaks quatre mois plus tard, laissent plus perplexe qu’émue.
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L’effet de surprise tourne court, tant la symbolique devient opaque. Ce saut dans le temps, censé annoncer la suite de la saison, intrigue sans vraiment émouvoir. L’épisode aurait pu être une belle réflexion sur la peur — celle de mourir, de perdre le contrôle, de se souvenir. Mais à force de vouloir traiter tous les personnages, il dilue l’émotion dans une succession de scènes sans liant. L’univers de Brilliant Minds a toujours eu cette ambition de mêler la médecine au drame psychologique, mais ici, la série se laisse happer par le clin d’œil thématique. L’atmosphère d’Halloween sert davantage de gadget que de levier narratif.
Malgré tout, « The Doctor’s Graveyard » reste un épisode de transition intéressant. Il annonce clairement la descente de Wolf vers Hudson Oaks, révèle les failles d’Ericka, et confirme la fragilité de Nichols. Il manque de souffle, certes, mais il prépare le terrain pour une suite plus sombre. Cet épisode ne m’a pas captivé comme « Once Upon a Time in America », mais il m’a au moins rappelé que Brilliant Minds reste plus fascinante quand elle affronte la peur de ses personnages que lorsqu’elle joue à se faire peur.
Note : 5.5/10. En bref, un épisode de transition intéressant. Il manque de souffle, certes, mais il prépare le terrain pour une suite plus sombre.
Prochainement en France
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