28 Octobre 2025
Watson // Saison 2. Episode 3. Expletive Deleted.
L’épisode 3 de la saison 2 de Watson, intitulé « Expletive Deleted », s’attarde sur ce que la série semble désormais vouloir explorer en profondeur : les cicatrices invisibles. Celles qu’on ne soigne pas avec des scalpels, mais avec du temps, de la compréhension et, parfois, du courage. Cet épisode ne cherche pas à en mettre plein la vue ; il cherche à creuser, même si le résultat reste parfois inégal. Ce qui frappe d’abord, c’est la place qu’occupe Ingrid. Son retour au sein de la clinique continue de diviser, à commencer par Sasha, qui refuse de lui pardonner. Son hostilité n’a rien de gratuit : elle incarne la difficulté de renouer avec quelqu’un qui a blessé profondément, même si cette personne affirme vouloir changer.
C’est une tension réelle, presque inconfortable, qui fait de cet épisode un miroir des émotions humaines plutôt qu’un simple drame médical. Pourtant, Watson prend ici un risque que peu de séries médicales osent encore prendre : parler de santé mentale avec autant de nuance. Ingrid n’est pas un personnage « racheté » d’un coup de baguette magique. Elle est instable, maladroite, souvent sur la défensive. Son trouble de la personnalité antisociale n’est pas traité comme une excuse, mais comme une donnée de départ. Ce choix scénaristique donne de la profondeur à la série, qui depuis le début de la saison 2 semble vouloir aborder la psychologie de ses personnages avec davantage de rigueur que dans les premiers épisodes.
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Mais cette volonté se heurte parfois à un déséquilibre. L’épisode semble passer plus de temps à raconter les tourments d’Ingrid qu’à développer le cas médical au cœur de l’intrigue : Maxine, une femme de trente ans qui paraît en avoir dix. Son histoire aurait pu être le moteur principal de l’épisode, tant elle interroge la perception du corps, de la différence et de la dignité. Maxine refuse de se soigner, lasse d’un monde qui la regarde comme une curiosité. Cette résistance donne lieu à un affrontement moral entre Watson et sa patiente : jusqu’où un médecin peut-il aller pour « sauver » quelqu’un qui ne veut plus l’être ? C’est là que le personnage de John Watson retrouve toute sa complexité.
Depuis la réapparition de Sherlock, il cherche à reprendre le contrôle. Ce besoin de diriger, d’imposer sa vision du bien, traduit autant son intelligence que son incapacité à lâcher prise. Déjà dans le premier épisode, son intervention dans la vie de Mary montrait cette tendance à vouloir résoudre les drames des autres, même sans leur consentement. Ici, le schéma se répète : John décide que Maxine doit être soignée, quitte à forcer la main de l’équipe. Ce n’est pas de la cruauté ; c’est de la peur. Peur de l’échec, peur du vide, peur de ne plus savoir à quoi sert son génie. Ce comportement crée un décalage entre lui et ses collègues. La dynamique collective, déjà fragile, devient presque éclatée.
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Chacun semble suivre sa propre trajectoire : Ingrid se débat avec ses démons, Sasha avec sa rancune, et Watson avec sa culpabilité. Ce manque d’unité se ressent : la clinique n’a plus la cohésion du début. Pourtant, cette désunion pourrait devenir la force de la saison si la série parvient à en tirer une évolution commune. Le dialogue entre Ingrid et Stephens apporte un peu de respiration au milieu du tumulte. Quand elle évoque la dépression, le ton change. Plus doux, plus sincère. La série rappelle que la santé mentale n’est pas un sujet secondaire : c’est un combat quotidien, souvent invisible. Le regard posé sur Stephens, qui pourrait lui-même souffrir d’un trouble dépressif, renforce cette idée : les médecins aussi sont vulnérables.
Ce n’est pas un renversement spectaculaire, mais c’est une note juste, ancrée dans la réalité. En parallèle, l’histoire de Maxine se termine sur une note ambiguë. Watson parvient à lui redonner espoir en lui présentant quelqu’un qui partage sa condition. C’est un geste profondément humain, mais aussi paternaliste. Le spectateur reste partagé : faut-il applaudir son obstination ou la remettre en question ? L’épisode ne tranche pas, et c’est sans doute ce qui le rend intéressant. L’épisode 3 agit comme un miroir de la série elle-même. Il illustre son besoin constant d’équilibre entre empathie et contrôle, entre science et émotion. Watson n’est plus seulement un drame médical ; c’est une série qui interroge la manière dont les personnages – et peut-être chacun de nous – gèrent leurs failles.
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Ce qui reste en tête après ce visionnage, ce n’est pas tant la maladie rare de Maxine ni le mystère qui l’entoure, mais la façon dont Watson impose sa vision du bien, et la manière dont Ingrid tente de prouver qu’elle mérite une seconde chance. Ces deux personnages se croisent sans vraiment se comprendre, tous deux prisonniers de leur propre passé. Si la série parvient à recoller ces morceaux humains éparpillés, elle pourrait bien trouver enfin sa cohérence. Pour l’instant, Watson reste une série en reconstruction, consciente de ses failles mais désireuse de grandir. Et c’est peut-être ce qui la rend, malgré tout, profondément vivante.
Note : 5/10. En bref, si la série parvient à recoller ces morceaux humains éparpillés, elle pourrait bien trouver enfin sa cohérence. Pour l’instant, Watson reste une série en reconstruction, consciente de ses failles mais désireuse de grandir.
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