La Fièvre (Saison 1, épisodes 1 et 2) : rivalité sur fond de fracture sociétale française

La Fièvre (Saison 1, épisodes 1 et 2) : rivalité sur fond de fracture sociétale française

Le monde des spin-doctors est toujours fascinant et après Baron Noir, Eric Benzekri nous plonge dans le monde du football. Mais plus qu’une histoire de football, c’est ici le combat de deux femmes qui autrefois travaillent ensemble et qui deviennent ici des ennemies. La Fièvre a un rythme assez soutenu qui permet de ne jamais nous ennuyer durant ces deux premiers épisodes même si la série abuse parfois des caricatures en tout genre. La série parle tout de même de sujets d’actualité comme de la société en tension, à bout de souffle, prête à imploser. Dans le premier épisode, La Fièvre nous présente sa galerie de personnages divers de façon à comprendre le contexte dans lequel la saison va se développer. Si le football est un point de départ, c’est l’embrasement que l’on attend (notamment dans l’épisode 2 après le passage de Marie Kinsky dans Touche Pas à Mon Post, conduisant à des manifestations). Je trouve assez fou le fait que La Fièvre utilise l’émission de Cyril Hanouna comme un vivier d’identitaires (Marie dépeint tout de même TPMP comme « la France des Gilets Jaunes, mais très banlieue tout de même ») alors que la série est diffusée sur Canal+. Il y a une certaine liberté finalement et la série n’a pas froid aux yeux. 

 

Comme à chaque fin de saison, la grande famille du foot français fête ses héros : sourires, selfies, récompenses – c’est la soirée des Trophées UNFP. Tout bascule quand devant les caméras, Fodé Thiam, la star du Racing, assène un violent coup de tête à son entraineur et le traite de "sale toubab". "Toubab", cela signifie "blanc" en wolof. Sidération : la tempête médiatique peut commencer. Appelée au chevet du club, Sam Berger, communicante de talent mais dévorée par son hypersensibilité, pressent que cette fois la crise ne sera pas balayée par un nouveau scandale plus "vendeur". Depuis la scène de son théâtre toujours complet, Marie Kinsky instrumentalise l’événement en attisant les déchirures identitaires et sociales qui lézardent le pays. Sam craint d’autant plus Marie qu’elles ont été très proches... Les deux femmes "spin doctors" vont se livrer un combat sans merci ni répit pour orienter une opinion publique défigurée par la puissance des réseaux sociaux et leur culture du clash. Au coeur de ce combat, le destin d’un grand joueur, et avec lui celui de la France. Car cette fièvre, c’est avant tout la nôtre.

 

L’un de mes moments préférés de ces deux épisodes est probablement l’intervention de l’entraineur dans le Canal Football Club. C’est super bien écrit et cela ressemble tellement à quelque chose qui aurait pu se passer à l’écran que l’on est pris par ce qui se dit sur le plateau. La Fièvre nous plonge de façon plutôt passionnante dans l’enfer du buzz à tout prix à partir d’un fait divers dans le monde du foot. C’est suffisamment crédible pour que l’on soit happés par le récit et assez rythmé pour ne pas s’ennuyer. Ce ne sont que les deux premiers épisodes et ils enchaînent beaucoup de choses tout en prenant le temps de nous installer les personnages. Bien entendu, pour les besoins de la fiction, La Fièvre exagère certains traits mais on voit des choses que l’on peut réellement voir de nos jours dans la réalité et c’est ça qui est d’autant plus fascinant (et fait peur finalement). 

 

Avec une belle plume, le créateur vient faire écho à ce que l’on avait déjà vu dans Baron Noir : un univers réaliste dans le monde des spin doctors. Cela pourrait être répétitif mais La Fièvre est ancrée dans la réalité actuelle et tout ce qui se passe avec le buzz à tout prix. La Fièvre est donc un thriller sociétal travaillé. On sent que ce qu’il raconte est documenté et s’appuie sur des choses qui peuvent réellement se passer. Ziad Doueiri, le réalisateur, démontre lui aussi qu’il sait donner du rythme aux images. Derrière tout ce que la série emballe, on a finalement une réflexion intéressante sur l’état de la société française actuelle. Engluée dans les fractures sociales qui finalement empêchent de renouer avec l’esprit d’une autre époque où tout le monde était main dans la main. 

 

Note : 7/10. En bref, début réussi et rythmé pour un thriller sociétal riche. 

Disponible sur Canal+ Séries et myCanal

 

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