La Fièvre (Saison 1, 6 épisodes) : manipuler l'opinion jusqu'à l'embrasement

La Fièvre (Saison 1, 6 épisodes) : manipuler l'opinion jusqu'à l'embrasement

Je n’ai pas envie de croire que Eric Benzekri n’a pas pensé à élaborer une suite de La Fièvre. Après six épisodes, La Fièvre a su construire un récit assez étonnant. La durée de la saison était probablement trop courte pour que La Fièvre creuse réellement ce qu’elle introduit comme sujet mais elle est assez intelligente et malicieuse pour questionner notre perfection des évènements et de ce qui se passe dans la société. La Fièvre vient démontrer qu’à l’air des réseaux sociaux, tout peut être facilement biaisé et influencé. On a donc trois points de vue (dont deux spin doctors) et c’est presque dommage de présenter un récit aussi fascinant de façon aussi étriqué. Il y a forcément d’autres personnages que La Fièvre aurait pu introduire afin d’étoffer son récit et surtout lui donner une impression moins superficielle. Mais La Fièvre est clairement là pour nous réveiller sur notre propre libre arbitre et appel ainsi à se forger sa propre opinion, surtout que tout peut maintenant être manipulé. 

 

Tout commence avec un évènement : un joueur de football insulte son entraîneur de « sale toubab » lors des trophées du foot. A partir de là c’est l’escalade et la série présente alors plusieurs points de vue différents : une ancienne spin doctor reconvertie en stand-uppeuse raillant le gouvernement pour sa politique molle (avec elle on va parler de racisme anti-blanc, de guerre civile et de manipulation de l’opinion publique), les indigénistes qui dénoncent le racisme systématique et l’équipe de communication du club de foot menée par une jeune spin doctor brillante (qui a travaillé avec la première par le passé). La Fièvre tient son titre d’un roman : Le monde d’hier de Stefan Sweig (vous connaissez forcément cet auteur puisqu’il a inspiré de nombreux films à travers les années). C’est d’ailleurs en lisant ce roman que la première a décidé de changer de vie. La Fièvre est passionnante par sa façon d’analyser la communication, le rôle des réseaux sociaux, la fenêtre d’Overton, la lecteur féministe et décoloniale de ce qui se passe. 

 

Mais La Fièvre n’a pas suffisamment de temps pour réellement nous raconter tout ce qu’elle pourrait nous raconter. C’est dommage car La Fièvre perd alors un peu le fil et a tendance à prendre des chemins faciles plutôt que de rester dans la complexité de ce qu’elle dépeint. C’est dans le dernier épisode que Eric Benzekri raccorde La Fièvre à sa précédente oeuvre Baron Noir. En dehors de la dernière scène qui laisse apparaître Philippe Rickwaert (toujours incarné par Kad Merad) et qui permet de boucler la boucle et lier les deux séries, la politique fait son apparition à travers une émission qui transforme un panel de gens en membre de l’Assemblée Nationale. Tout cela dans le but de les convaincre de dire « oui » au port d’armes citoyen. Au fond La Fièvre est assez malin pour poser la petite graine dans l’esprit des téléspectateurs que la montée en épingle de tout ça pourrait conduire petit à petit à la guerre civile. 

 

Difficile donc avec seulement six petits épisodes de faire une lecture complète de ce qui se passe mais en partant d’un fait de société assez simple, La Fièvre dévoile tout de même un récit plus complexe. Malgré le manque cruel de temps pour profiter de tout ce que la série pouvait nous offrir, elle n’en reste pas moins fascinante. La Fièvre prend le temps de montrer les arcanes des spin-docteurs et la façon dont ceux-ci sont là pour influencer l’opinion et éviter dans certains cas une montée en flèche de la haine. Mais le but de La Fièvre est surtout de nous questionner nous-même sur notre propre pensée. Certes la série influence le camp dans lequel nous devrions êtres mais d’un côté c’est le camp le plus logique, celui du vivre ensemble. 

 

Note : 6.5/10. En bref, une plongée passionnante dans le monde de la manipulation de l’opinion en prenant un fait et en goupillant tout un tas de choses autour. Dommage que La Fièvre utilise des facilités narratives pour avancer mais le manque d’épisodes (seulement six) ne permet pas d’étayer plus le propos. 

Disponible sur myCanal et Canal+ Séries

 

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