9 Juillet 2017
Ryan Murphy est quelqu’un qui me fascine car il a une capacité à créer des mondes totalement différents les uns des autres. Après American Horror Story puis American Crime Story, voici que Ryan Murphy créé une nouvelle anthologie : FEUD. Avec cette série il cherche à raconter des histoires de rivalités et en l’occurence, il prend pour sa première saison, l’exemple de Bette Davis et Joan Crawford. Nous sommes alors à l’aube des années 60 à Hollywood et alors que Joan Crawford se plaint de ne plus avoir énormément de propositions de rôles, elle décide alors de se jeter sur What Ever Happened to Baby Jane ? qui pourrait donner un coup de fouet à sa carrière. Et elle est prête à tout pour que sa carrière décolle à nouveau, quitte à travailler avec sa rivale (ou supposée rivale) Bette Davis. Feud est donc une série qui cherche à raconter cette rivalité et les problèmes que cela a pu créer sur les tournages et par la suite dans la presse. Elles veulent toutes les deux être au sommet, il n’y a qu’une place, mais elles sont prêtes à tout. Ce qui est intéressant avec Feud c’est également le fait que l’histoire de ces deux femmes se développe dans un monde rongé par la misogynie et l’âgéisme. Comme si vieillir et être une femme étaient deux gros problèmes à Hollywood. Au fil des huit épisodes de cette première saison de Feud, j’ai parfois un peu l’impression que la série se répète mais globalement c’est un vrai sans faute.
Ce que l’on sait rapidement c’est que Hollywood profite de ces deux femmes sans vergogne, mais la dynamique entre Bette et Joan est elle aussi très intéressante. Elle change complètement de ce que l’on a pour habitude de voir dans le monde des séries. Après tout, ce n’est pas souvent que l’on a le Hollywood de l’époque dépeint dans une série. Cela arrive au cinéma mais pas vraiment dans le monde des séries. De plus, j’aime bien le fait que Feud soit une série différente de ce que l’on a pour habitude de voir pour son histoire générale. Si c’est un truc que Ryan Murphy maitrise très bien, ce n’est pas qu’une histoire de crêpage de chignons ou de Guerre Froide entre deux actrices, mais c’est aussi une réflexion sur le Hollywood de l’époque et le fait qu’il était rongé par tout un tas de maux. Du coup, même si l’on a pour habitude dans cette première saison de revoir des tas de choses ici et là, globalement cela fonctionne plutôt bien et c’est ce que j’ai surtout envie de retenir. L’énergie que Feud arrive à développer sur le tournage de Baby Jane est cependant quelque chose que Feud ne retrouve pas avec la cérémonie des Oscars. Ce n’est pas que le récit est mauvais mais l’histoire se tasse un peu et semble avoir un peu de mal. La série aime faire quelques digressions qui lui permettent de passer à autre chose.
Notamment avec des personnages comme Pauline, afin de parler des femmes encore une fois mais d’autres femmes qui sont à Hollywood elles-aussi. Cependant, même si le personnage de Pauline peut être attachant et réussi, il ne s’intègre pas toujours très bien dans cet ensemble. Alors que de son côté, Aldrich est un personnage intéressant et réussi, qui permet de confronter Hollywood et les caprices de stars. Bette Davis et Joan Crawford ont réellement existé pour ceux et celles qui en doutaient ensemble. Côté casting, le choix a été parfait de mettre Jessica Lange et Susan Sarandon dans les rôles titres. Feud parvient alors à mélanger aussi la fiction et la réalité afin de rendre le récit dynamique. Certaines histoires sont déplacées dans le temps, justement pour donner à chaque épisode une sensation de rythme. Finalement, Feud est une série complexe qui dans un premier temps parle de la place des femmes âgées à Hollywood mais qui parvient également à briller dans d’autres domaines comme l’esprit de la série qui semble chercher à ressembler à l’esprit du film Baby Jane qui est derrière l’histoire de Feud. Il faut dire que la mise en scène est parfait et colle justement à ce vieux Hollywood.
Mais Feud joue aussi avec les émotions et parvient à faire les choses de façon intelligente. La série sait pousser ses héroïnes de leurs retranchements et cela donne généralement de très beaux moments, teintés d’une émotion palpable qui fonctionne à merveille. Finalement, j’ai hâte de voir ce que Ryan Murphy va pouvoir raconter dans la seconde saison puisque ce sera une nouvelle histoire. A l’issue de cette première saison, j’ai en tout cas envie de voir qui sont vraiment ces deux actrices et à quoi ressemble le film qui a créé toute cette discorde.
Note : 8.5/10. En bref, une belle série, touchante et efficace.
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