20 Juin 2022
Presque trois ans après la fin de la saison 2, Barry revient pour une saison 3. On peut dire que Bill Hader et Alec Berg auront pris leur temps mais finalement cette saison 3 est presque aux antipodes et complémentaire des deux précédentes. La saison va continuellement plonger ses personnages dans un véritable enfer dont tout le monde ne ressortira clairement pas vivant. En huit épisodes, Barry ne prend aucune pincette pour nous plonger dans son monde sinistre et sombre. La saison offre à Barry, notre héros, l’occasion aussi de se poser un dilemme moral assez complexe. Peut-il être pardonné par ses victimes et surtout convaincre le monde qui l’entoure qu’il est quelqu’un de bien ? Barry pose pas mal de questions existentielles à son héros de façon brillante et chaque épisode apporte une vraie pièce. En mélangeant avec efficacité des moments violents (dont celui du dernier épisode qui n’est que suggéré mais laisse entendre l’horreur derrière le mur) et d’autres plus tendres ou cyniques, Barry mélange tout mais le fait bien là où d’autres séries se seraient probablement cassé les dents.
Bill Hader et Alec Berg ont su créer un personnage étonnant avec Barry et Bill Hader l’incarne toujours de façon brillante. Tout s’enchaîne à la vitesse d’un éclair mais la série nous laisse malgré tout le temps de profiter de tout ce qu’elle a à nous proposer : violence, tendresse, moments gênants ou encore situations assez hilarantes tous les ingrédients sont réunis. Pour autant, l’humour est ici beaucoup plus sombre, transformant encore un peu plus Barry en une série riche et forte en symboles qu’elle veut mettre en scène. On sent que derrière cette saison il y a une liberté totale de ton adoptée par les créateurs. La série est tellement habile dans sa façon de jongler entre les situations aux tons totalement différente qu’aucune série actuellement diffusée ne semble être capable de l’égaler. Barry est un vrai OVNI télévisuel, difficile à cerner où la caser quand il s’agit de lui donner une étiquette mais c’est aussi ce qui en fait une série aussi forte et passionnante.
Il y a pas mal de situations hilarantes au fil des épisodes qui prouvent à quel point le sens de l’humour est toujours présent mais il est agrémenté d’autres éléments tout aussi percutants et passionnants. Le pessimisme dans lequel plonge la série est fascinant et permet aussi à Barry d’explorer d’autres choses durant la saison que ce que l’on a déjà vu dans les deux saisons précédentes. Tout le monde dans la série est concerné par ce qui se passe avec Barry. La saison 1 permettait à Barry de prendre un vrai tournant dans sa vie, la saison 3 est un tournant existentiel pour le héros, comme si la série cherchait à créer un mille-feuilles de personnalités qu’elle cherchait à exploiter pour mieux reconstruire son anti-héros. Barry a eu un effet positif sur ceux qui l’entoure mais finalement lui-même n’a pas bénéficié des mêmes choses. C’est un paradoxe qui permet à la saison de sombrer encore plus dans des intrigues tragiques (et comiques).
Une fois de plus, Barry est grandement aidée par sa mise en scène. Bill Hader est vraiment un sacré couteau suisse. Outre l’écriture qu’il soit et la façon d’incarner son personnage, il signe presque la moitié des épisodes de la saison et leurs donne une vraie dimension. Cela permet de déployer les sentiments de chacun des personnages et de dévoiler toujours plus de choses sur eux. La séquence de poursuite dans les rues de Los Angeles à moto est étonnante, probablement l’une des meilleures scènes de toute la série (ou en tout cas l’une des plus mémorables à mes yeux). C’est sobre, sans dialogues mais finalement brillant. J’aimerais tellement que ce genre de séries existent plus souvent dans le paysage sériel. C’est un OVNI brillant qui en trois saisons a déjà prouvé qu’elle n’avait aucun compte à rendre.
Note : 10/10. En bref, une saison brillante de bout en bout.
Disponible sur OCS US+24
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