28 Mai 2024
Sugar a quelque chose en plus et ce n’est pas que Colin Farrell. Ce dernier est vraiment un acteur que j’ai toujours apprécié et qui n’a eu de cesse de se bonifier avec le temps. Un peu comme un bon vin (ou scotch si l’on prend le héros comme exemple). Sugar ne fait pas exception et l’acteur soigne sa composition, nous embarquant à bras le corps dans ses aventures. Avec Sugar, Apple TV+ ajoute une nouvelle série policière de détective privé après la belle surprise que fût Monsieur Spade avec Clive Owen plus tôt cette année. La force de Sugar vient clairement de son intrigue, labyrinthique à souhait, nous emmenant dans divers recoins avec une certaine efficacité. Cela permet aussi de créer une ambiance particulière, très propre au genre qu’est le noir. Pourtant, ce n’est pas gagné de faire quelque chose de neuf avec un archétype comme le détective privé. C’est un genre vu et revu mais au delà de Colin Farrell, une magie opère réellement.
John Sugar est un détective privé américain qui enquête sur la mystérieuse disparition d'Olivia Siegel, la petite-fille bien-aimée du légendaire producteur hollywoodien Jonathan Siegel. Alors que Sugar tente de découvrir ce qui est arrivé à Olivia, il découvre également les secrets de la famille Siegel ; certains très récents, d’autres enfouis depuis longtemps.
Sugar n’hésite pas à aller puiser son influence dans les classiques du noir d’une autre époque. Cela évite aussi le côté modernisé de plusieurs productions du genre. A l’instar de Monsieur Spade, Sugar reste dans son époque et tient justement à ce que l’on s’en imprègne. Impossible alors de ne pas penser à David Lynch (dont le Mulholland Drive a clairement inspiré la série par moment). Mais finalement, Sugar sait aussi créer sa propre énergie, son ambiance avec des scènes déroutantes (comme la scène d’ouverture en noir et blanc), certaines révélations amenées de façon intelligente et une psychologie du héros particulièrement bien travaillée (et incarnée). De prime à bord, Sugar peut être familière et étrange. Disons que la série choisit un terrain vu et revu mais lui amène sa petite originalité qui fait frémir le récit petit à petit.
Pour ce qui est de l’intrigue de la saison, on est clairement sur une réédition de Chinatown le film de Roman Polanski. C’est plus ou moins (à quelques détails prêts) la même intrigue. Ce n’est pas une mauvaise chose en soit car le but de Sugar n’est pas uniquement de venir à bout de l’intrigue principale : la disparition d’Olivia Siegel mais bel et bien de dépeindre tout un univers autour de John Sugar et le monde hollywoodien qui gravite. Les références cinématographiques pleuvent et pourraient ressembler à du name dropping. Par chance, Sugar les intègre de façon assez intelligente à son ensemble afin de donner encore plus de profondeur aux personnages et au récit. Finalement, Sugar navigue et glisse avec beaucoup de facilité tout en créant un environnement sinueux qui représente finalement les personnalités diverses et variées de Los Angeles. Rien n’est qu’apparence et Sugar cherche à le montrer à sa façon.
Note : 7/10. En bref, c’est Colin Farrell qui tient cet ensemble sur ses épaules mais le récit, bien que clairement repris de Polanski, fonctionne grâce à ses personnages et son jeu de faux semblants.
Disponible sur Apple TV+
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