Accidente (Saison 1, 10 épisodes) : mélange des genres aussi étrange qu’intrigant

Accidente (Saison 1, 10 épisodes) : mélange des genres aussi étrange qu’intrigant

La première saison de Accidente se compose de dix épisodes qui, en théorie, devaient offrir une série dramatique captivante et pleine de suspense. Malheureusement, cette ambition est largement plombée par des défauts évidents qui rendent le visionnage de la série aussi frustrant qu'intrigant. Si vous cherchez une série qui vous transporte dans un monde où la tension dramatique est palpable et les intrigues bien ficelées, vous risquez de tomber de haut avec Accidente. Toutefois, elle possède cette curieuse capacité à vous garder accroché malgré ses failles, comme un mauvais film que l’on ne peut s’empêcher de regarder jusqu'à la fin. Dès le départ, la série s’annonce confuse. Ce qui commence comme une tentative de drame adulte sombre et poignant glisse rapidement dans les travers de la telenovela traditionnelle. Ce basculement de ton donne une impression d’incohérence où chaque épisode semble avoir été conçu indépendamment du précédent, comme si une équipe différente s’était attelée à chaque segment. 

 

Une fête d'anniversaire tourne à la tragédie et divise une riche communauté jusqu'alors très soudée, déchirant les familles, détruisant les amitiés et ravageant les cœurs.

 

Le spectateur est balancé entre des scènes d’action maladroites (le coup du chateau gonflable qui s’envole comme une feuille A4 au vent est drôle quand même), des intrigues dignes d’un feuilleton adolescent et des mélodrames familiers, le tout agrémenté d’une bande sonore souvent mal choisie. Cette cacophonie de genres laisse une sensation d’éparpillement : Accidente tente de jongler avec trop de sous-intrigues sans jamais réussir à en maîtriser une seule. Le résultat est une série qui aurait pu se concentrer sur une intrigue principale forte, mais qui finit par se perdre dans un labyrinthe d’histoires secondaires mal développées. À plusieurs reprises, on se retrouve face à des rebondissements tellement improbables qu’ils en deviennent risibles, comme ce fameux moment où un château gonflable s’envole, ou encore cette scène de course-poursuite qui semble tout droit sortie d’un manuel des pires clichés du cinéma d’action. L’un des aspects les plus déconcertants de Accidente réside dans son jeu d’acteurs. Chaque personnage semble enfermé dans une caricature qui alourdit l'intrigue. 

 

Les acteurs surjouent systématiquement leurs rôles, atteignant parfois des sommets d’exagération qui frisent le ridicule. Cette tendance à en faire trop, probablement inspirée du style dramatique de la telenovela, finit par lasser. Chaque personnage est en mode excitation permanente, comme si la série n’avait qu’un seul registre émotionnel : l’extrême. Un seul acteur tire réellement son épingle du jeu : Alberto Guerra, dans le rôle du méchant charismatique El Charro. Avec une présence magnétique à l’écran, il incarne ce personnage avec une intensité et une justesse qui contrastent fortement avec le reste du casting. Il est sans conteste la bouée de sauvetage d’une série qui aurait coulé encore plus vite sans lui. El Charro est le seul à apporter un minimum de crédibilité à cet univers bancal, où il semble être conscient de l’absurdité du monde qui l’entoure. Malheureusement, cela ne suffit pas à sauver l’ensemble de la série.

 

Sur le papier, l’idée d’une série dramatique construite autour d’un accident tragique semblait intéressante. Accidente aurait pu creuser des thématiques puissantes comme la culpabilité, le mensonge et la justice. Mais la réalisation tombe rapidement à plat. Le scénario se complique inutilement et les arcs narratifs se multiplient sans apporter de réel contenu. Ce qui aurait pu être une intrigue tendue et captivante se transforme en un imbroglio confus et tiré par les cheveux. Les dialogues interminables et souvent insignifiants s’enchaînent, ralentissant le rythme à un point tel que l'on se demande comment les scénaristes ont pu étirer l’intrigue sur dix épisodes. Avec des dialogues qui se répètent et des situations qui traînent en longueur, il est clair que cette série aurait pu être bien plus efficace en six épisodes maximum. Les répétitions constantes et les sous-intrigues inutiles finissent par faire décrocher même les spectateurs les plus patients.

 

Accidente n’échappe pas aux incohérences. Certaines situations sont tellement farfelues qu’elles en deviennent risibles, à commencer par la gestion des forces de l’ordre. La série dépeint un système policier qui semble complètement déconnecté de la réalité, au point que certaines scènes relèvent du pur fantastique. La crédibilité en prend un coup quand on assiste à des moments où les actions des personnages défient toute logique. Un étranger qui empoisonne un détenu sans rencontrer aucune résistance dans un commissariat ? Une petite fille retrouvée indemne après avoir été transportée sur des kilomètres dans un château gonflable volant ? Autant de scènes absurdes qui laissent perplexe. Là où la série est censée évoquer des réalités sociales et économiques du Mexique, elle renforce au contraire des stéréotypes raciaux et sociaux, avec une dichotomie bien trop simpliste entre riches (à la peau claire) et pauvres (souvent des métis ou des indigènes). Cela renforce une impression de superficialité dans le traitement des sujets importants que la série prétend aborder.

 

En fin de compte, Accidente ne parvient pas à atteindre ses ambitions. L’intrigue est trop confuse, les personnages sont superficiels, et la mise en scène est remplie d’incohérences qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble. Bien qu’Alberto Guerra réussisse à sauver quelques scènes grâce à son charisme, le reste du casting et de la production échouent à livrer une série qui aurait pu être un bon drame.  Pour ceux qui recherchent un divertissement léger à la limite du ridicule, Accidente peut offrir quelques moments de rire involontaire, mais elle ne saura certainement pas satisfaire les amateurs de séries bien ficelées. Si vous avez du temps à perdre et que vous êtes curieux, regardez-la. Sinon, passez votre chemin et économisez vos précieuses heures de visionnage pour une série de meilleure qualité.

 

Note : 3/10. En bref, en dehors de quelques bonnes idées, d’une séquence hilarante dans le premier épisode et d’Alberto Guerra, pas grand chose à sauver de cette bouillie télévisuelle. 

Disponible sur Netflix

 

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