27 Septembre 2024
La quatrième et dernière saison de Snowpiercer est arrivée comme un souffle glacé après une longue attente, bouclant la série post-apocalyptique sur une note finale attendue par de nombreux fans. Après avoir frôlé l'annulation, la série a finalement trouvé un second souffle sur AMC, offrant une conclusion pleine d’action, de suspense, mais aussi marquée par quelques dissonances narratives. Bien que certains aspects aient été très réussis, il y a aussi des éléments qui auraient pu être mieux traités. Pour re-situer le cadre, la saison 3 de Snowpiercer se terminait sur une division audacieuse de l’humanité. Une partie des survivants restait à bord du fameux train, tandis que l'autre prenait le risque de fonder une nouvelle communauté dans un endroit appelé "New Eden". Ce dernier semblait être un refuge potentiel, un lieu où il serait possible de survivre en dehors du train. Cette scission a jeté les bases de tensions narratives intéressantes, tant sur le plan émotionnel que scénaristique.
La saison 4, qui s'ouvre sur cette séparation, a tout de suite imposé un rythme rapide, avec des enjeux élevés dès les premiers épisodes. Le retour de personnages emblématiques, tels que Melanie Cavill (interprétée par Jennifer Connelly) et Andre Layton (Daveed Diggs), ajoute une forte charge émotionnelle. Cependant, cette scission des groupes a également fragmenté l'intrigue, rendant parfois difficile de suivre les fils narratifs multiples. Il m'a fallu quelques épisodes pour vraiment retrouver le fil et m’immerger dans cette ultime saison. Dès le début de la saison, on sent que les créateurs ont voulu nous replonger immédiatement dans l’action, avec des enjeux globaux qui touchent à la survie même de l’espèce humaine. Toutefois, la complexité des événements, accentuée par des allers-retours dans la chronologie, m'a parfois perdu. L’impression de désorientation n’est pas uniquement due à la narration éclatée, mais aussi à la multiplication des personnages et des sous-intrigues.
Le personnage de Layton, par exemple, bien qu’étant central, semble parfois stagner dans ses choix au début de la saison. La quête pour retrouver sa fille, Liana, kidnappée, semble ralentir son développement. Heureusement, les scénaristes finissent par redonner un peu de souffle à son personnage, évitant que cette intrigue ne devienne redondante. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est l’évolution des relations entre les personnages principaux. Les tensions entre Layton et Ruth Wardell (Alison Wright) sont palpables, et leur dynamique, évoluant entre respect mutuel et conflit, constitue une des forces de cette saison. Les acteurs, très investis dans leurs rôles respectifs, parviennent à transmettre leurs émotions avec justesse, parfois sans même avoir besoin de dialogue explicatif, ce qui est un vrai point fort de la série. Un autre aspect qui m’a marqué dans cette saison, c’est la profondeur des personnages secondaires. Alors que certaines figures clés, comme Melanie, sont absentes pendant une partie de la saison, d’autres duos prennent le relais de façon très convaincante.
Ben et Till, par exemple, offrent un contrepoids intéressant avec leur complicité platonique, donnant un nouveau relief à leurs personnages. Les interactions dans ce monde post-apocalyptique montrent à quel point la série a su tisser des liens complexes entre ses protagonistes au fil des saisons. Cependant, tout n’est pas parfait de ce côté-là. Le retour du grand méchant de la série, Joseph Wilford, interprété avec brio par Sean Bean, est un moment clé de la saison. Sa présence magnétique et son arrogance sans limites apportent une touche de folie jubilatoire. Néanmoins, le personnage de l’Amiral, incarné par Clark Gregg, manque cruellement de profondeur. Malgré des intentions intéressantes sur le papier — un homme prêt à tout pour sauver l’humanité, quitte à faire des sacrifices immenses — il apparaît trop stéréotypé. Son développement reste superficiel, et ses motivations, bien qu’inspirées, semblent sous-exploitées. Cela m’a laissé sur ma faim.
L’une des forces indéniables de Snowpiercer réside dans sa capacité à juxtaposer les besoins primaires de survie avec des questions morales et philosophiques plus profondes. Depuis la première saison, la série explore les inégalités, la lutte des classes et la manière dont les êtres humains, face à une catastrophe globale, se réorganisent socialement. La saison 4 ne fait pas exception et continue d'interroger le spectateur sur les choix éthiques des protagonistes. Le dilemme entre survivre coûte que coûte ou préserver ce qui reste de l'humanité est omniprésent. Pourtant, cette saison choisit une approche moins cynique que les précédentes. On y ressent un certain optimisme, notamment dans le message final : l’idée que, malgré les pertes et les sacrifices, il y a de l’espoir pour l’avenir. L’un des moments les plus forts de la saison est d’ailleurs l’évolution des personnages face à cet espoir naissant. Le retour à une vie presque normale à New Eden, loin des compartiments oppressants du train, est une bouffée d’air frais.
Mais ce changement de décor s’accompagne aussi de nouvelles incertitudes : qui dit que ce lieu est vraiment sans danger ? Lorsque des personnages comme Oz rapportent entendre des voix, l’angoisse latente rappelle que Snowpiercer excelle dans la création d’une tension diffuse. Le dernier épisode de la saison, intitulé "Last Stop", est à la fois satisfaisant et frustrant. D'un côté, il délivre la fin heureuse que l’on pouvait attendre après quatre saisons de luttes incessantes. Les personnages principaux survivent, et le monde montre enfin des signes de renaissance, avec des fleurs qui commencent à pousser sur une montagne éloignée. C’est une note d’espoir bienvenue après tant de noirceur. Cependant, l’épisode souffre des mêmes problèmes de rythme qui ont affecté toute la saison 4. La bataille finale pour le contrôle du train, qui est censée être un moment de tension extrême, se termine rapidement. Le reste de l’épisode se concentre sur une célébration de la nouvelle vie à New Eden, avec une scène de montage musical qui m'a semblé un peu forcée.
Bien que ce type de scène puisse fonctionner dans d’autres séries, ici, cela donne une impression de remplissage, comme si les créateurs cherchaient à combler le temps d’antenne. En fin de compte, la saison 4 de Snowpiercer est une conclusion solide, mais imparfaite, à une série qui a marqué le genre de la science-fiction télévisuelle. Elle parvient à offrir des moments de grande intensité, notamment grâce à la profondeur des personnages et à des relations bien développées. Cependant, des problèmes de rythme et quelques intrigues secondaires moins bien abouties viennent ternir un peu le tableau. Pour autant, je pense que Snowpiercer a su maintenir une qualité narrative cohérente au fil des saisons, et cette ultime saison, malgré ses défauts, m’a laissé globalement satisfait. Le message final d’espoir, contrastant avec la dureté des premiers épisodes, est une conclusion qui résonne bien avec l’ensemble de l’œuvre.
Alors, oui, Snowpiercer ne dépassera peut-être jamais le chef-d’œuvre qu’a été le film de Bong Joon-Ho, mais il restera comme une série audacieuse qui a su, pendant quatre saisons, questionner notre rapport à la survie, à la société et à l’espoir.
Note : 5.5/10. En bref, un final à la hauteur des attentes mais une saison qui a globalement ses couacs.
Prochainement en France
La saison 4 de Snowpiercer est la dernière de la série.
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