4 Octobre 2024
A l’occasion de la sortie en DVD de ce petit film néerlandais qui est passé inaperçu lors de sa sortie en salle le 6 mars 2024, l’occasion de découvrir l’histoire de Holly grâce à l’édition DVD de Blaq Out et disponible dans les bacs depuis le 1er octobre 2024.
Ca parle de quoi ?
Holly est perçue comme une fille étrange par ses camarades de classe jusqu’au jour où se révèle son don de soulager les gens de leur chagrin. Dès lors, son énergie cathartique est recherchée par tous. Mais la frontière entre aide et abus va bientôt s’estomper. Sainte ou sorcière? Le destin étonnant d’une héroïne sanctifiée malgré elle.
Ca vaut quoi ?
Le cinéma a toujours été un moyen fascinant d’explorer des thèmes profonds et parfois dérangeants. Avec Holly, la cinéaste flamande Fien Troch nous plonge dans un univers empreint de mysticisme, tout en maintenant une distance notable avec ses personnages et leur humanité. Si le film s’aventure à soulever des questions intrigantes autour du surnaturel et du besoin de réconfort dans un monde en crise, il peine cependant à captiver pleinement. Voici pourquoi Holly suscite des sentiments mitigés. Holly raconte l’histoire d’une jeune lycéenne dotée de pouvoirs surnaturels. Elle semble capable d’apaiser les souffrances de ceux qui l’entourent par le simple toucher de ses mains. Cette thématique mystique pourrait naturellement susciter l'intérêt, surtout dans une époque marquée par les doutes et l'incertitude. Cependant, l’exécution de cette idée laisse à désirer.
L’intrigue, bien que captivante sur le papier, se révèle maladroite dans son développement. Fien Troch opte pour une mise en scène froide et distante, ce qui donne au film un ton presque clinique. Ce choix artistique crée une barrière entre le spectateur et les personnages, rendant difficile l’empathie pour ces derniers. On aurait pu espérer un traitement plus nuancé, capable de doser la tension et les émotions, mais l’ensemble manque cruellement de fluidité. Des plans serrés et insistants viennent alourdir la narration, donnant l'impression que le film s'étire sans véritablement avancer. Le personnage de Holly, interprété par Cathalina Geraerts, se veut énigmatique. Est-elle une sainte, une sorcière, ou simplement une adolescente en quête de sens ? Cette ambiguïté aurait pu nourrir le mystère autour du personnage et renforcer l’intérêt du spectateur. Malheureusement, cette complexité reste sous-exploitée.
Loin de susciter une réelle empathie, Holly apparaît comme une figure distante, presque froide, ce qui rend difficile l’identification ou même l'attachement à son sort. Malgré la qualité indéniable de l’interprétation de Cathalina Geraerts, le film ne parvient pas à faire émerger des émotions fortes. On observe Holly et son parcours, mais on ne vit pas véritablement avec elle. Le choix de traiter un sujet aussi sérieux avec une approche austère n’est pas en soi un défaut. De nombreux films brillent justement par leur sobriété et leur réalisme. Cependant, dans le cas de Holly, cette austérité semble excessive. Le film se veut réaliste, même avec ses aspects mystiques, mais il aurait bénéficié d’une touche d’humour ou d’humanité pour alléger un peu le ton et permettre au spectateur de respirer entre les moments plus tendus. Cette absence de légèreté donne au film une dimension presque étouffante, où chaque scène paraît pesante. Certes, le sujet est grave, mais même les récits les plus sombres peuvent s'autoriser un soupçon de douceur, un moment de répit.
Ici, tout semble calculé pour maintenir une certaine froideur, ce qui pourrait en décourager plus d'un. Au-delà de la froideur de sa mise en scène, Holly pose néanmoins une question intéressante : est-on face à un miracle ou à une simple hystérie collective ? Holly est-elle réellement une figure salvatrice, capable de soulager les maux de ses pairs, ou n’est-elle qu’un catalyseur des peurs et espoirs de ceux qui l'entourent ? Cette ambiguïté alimente une réflexion fascinante sur la manière dont la société réagit face à l'inexplicable. Cependant, cette réflexion, bien qu’intellectuellement stimulante, ne suffit pas à pallier les faiblesses du film. Le personnage du professeur, qui accompagne Holly dans ses actions bienfaitrices, se révèle être une figure ambivalente. Son apparente sollicitude cache une personnalité plus sombre, mais cette révélation n'apporte pas non plus l’impact attendu. Au lieu d’enrichir l’intrigue, ces éléments semblent parfois plaqués sans véritable cohérence.
Si Holly ne parvient pas à susciter une véritable empathie, d’autres personnages du film méritent toutefois qu’on s’y attarde. Le personnage de Bart, notamment, apparaît comme l'un des rares à avoir une profondeur intéressante. Touchant dans sa fragilité, il incarne une figure instable, mais sincère. Son lien avec Holly, bien que sous-exploité, offre quelques moments de répit dans une narration par ailleurs assez lourde. Leur relation aurait pu être un point d'ancrage émotionnel, mais elle reste en surface, sans jamais vraiment éclore. En définitive, Holly est un film qui laisse une impression mitigée. Fien Troch parvient à créer une atmosphère troublante, grâce à une mise en scène maîtrisée et des thèmes mystiques intrigants. Cependant, le manque d’empathie pour ses personnages et la froideur excessive de la réalisation empêchent le film de pleinement convaincre. L’idée de départ – une jeune fille capable de soulager les souffrances des autres – avait un potentiel considérable. Mais le traitement austère et l’absence de fluidité narrative viennent miner cet élan créatif.
Et le DVD ?
La sortie DVD du film Holly, réalisé par Fien Troch, s’inscrit dans une offre plutôt discrète de DVD de films étrangers (mais une bonne idée car cela permet de leurs offrir une toute autre vie en dehors des salles obscures où ils n’ont pas amassé foule). Malheureusement, cela se traduit par une absence notable de suppléments. Contrairement à de nombreuses éditions où l’on retrouve habituellement des bonus comme des interviews, des making-of ou au moins une bande-annonce, Holly n’offre rien de tout cela. Le manque de contenu additionnel est flagrant, laissant les amateurs de films indépendants un peu sur leur faim. Malgré l’absence d’une version Blu-ray, l’éditeur a tout de même pris soin de fournir une copie en définition standard d’assez bonne qualité. La finesse de l’image est surprenante et se démarque particulièrement dans les nombreux plans larges du film, où la lumière perçante choisie par le réalisateur Fien Troch prend toute son ampleur.
Cependant, cette clarté visuelle met également en lumière le choix esthétique plutôt fade du réalisateur. Les tons neutres et la palette de couleurs un peu froide peuvent paraître monotones à certains moments. Mais dans l'ensemble, pour un DVD, l’image reste de qualité satisfaisante. Côté audio, la simplicité est également de mise. Le DVD ne propose qu’une seule piste sonore, ce qui peut décevoir les amateurs de choix multiples. En effet, il est courant aujourd’hui d’offrir plusieurs pistes audio (stéréo, surround, etc.), permettant ainsi au spectateur d’adapter son expérience de visionnage. Ici, ce n’est pas le cas. De plus, il est important de souligner l'absence de pistes spécifiques pour les sourds et malentendants en dehors des sous titres incrustés, ainsi que d’audiodescription. Cela est assez étonnant, d’autant plus que ces options sont souvent présentes sur les éditions de cet éditeur. Pour un public qui aurait besoin de ces fonctionnalités, cela représente un manque regrettable.
En résumé, la sortie DVD de Holly est à l’image du film : austère et minimaliste. Si la qualité d’image est correcte pour un support DVD, l’absence de suppléments et de choix audio limite l’expérience globale. Ce DVD conviendra donc surtout aux fans du film ou aux collectionneurs, mais risque de ne pas satisfaire pleinement ceux à la recherche d'une édition plus complète et riche en contenus.
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