Stay Hungry (Blu-ray) 

Stay Hungry (Blu-ray) 

A l’occasion de la sortie en Blu-ray de cette version remasterisée de Stay Hungry, premier rôle mainstream de Arnold Schwarzenegger qui l’a révélé au grand public international, je me suis replongé dans ce film de 1976 grâce à cette sortie éditée par Bubblepop.

 

Ca parle de quoi ?

Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d'avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d'investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s'occuper de l'achat d'une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers...

Ca vaut quoi ?

Stay Hungry est un film qui peut susciter des émotions ambivalentes : à la fois fascinant par son exploration des tensions sociales et culturelles, et déconcertant par certains choix narratifs. Ayant eu l'occasion de le revoir récemment grâce à sa sortie en Blu-ray, j'ai redécouvert cette œuvre qui m'avait intrigué lorsque je l'avais visionnée en secret durant mon adolescence sur mon téléviseur 33cm cathodique dans ma chambre. Ce long-métrage, réalisé par Bob Rafelson en 1976, mêle réflexion sociale et comédie, avec un casting qui marque les débuts prometteurs de plusieurs grandes figures du cinéma. Stay Hungry se déroule dans une ville emblématique : Birmingham, en Alabama, une cité autrefois surnommée l'atelier du monde pour son rôle crucial durant la révolution industrielle. Le film dépeint une ville en pleine transformation, où l'ancien et le moderne s'affrontent. 

 

Les gratte-ciels futuristes, remplis d’hommes d’affaires en costumes impeccables, contrastent avec les salles de sport vieillissantes et modestes, véritables vestiges d’une époque révolue. Cette dichotomie crée une tension palpable tout au long du film, matérialisée par l'intrusion d'un jeune entrepreneur, Craig Blake (interprété par Jeff Bridges), dans cet univers méconnu de la culture physique. Blake, mandaté pour acheter une vieille salle de musculation afin d’y développer un projet immobilier, découvre un monde où les valeurs diffèrent totalement des siennes. C'est là qu'il rencontre Joe Santo (Arnold Schwarzenegger), un culturiste charismatique et candidat au titre de Mister Univers. À travers cette amitié improbable, le film explore des thèmes profonds : le choc des idéologies, la redéfinition des priorités individuelles et collectives, et la place du corps dans une société en mutation.

L'une des scènes les plus mémorables du film est une réception mondaine où Joe Santo, bien qu'invité en tant qu’athlète respecté, est traité comme une curiosité exotique. Le regard condescendant des invités sur lui rappelle l’époque où certaines élites occidentales observaient avec fascination, et souvent mépris, des individus issus de cultures étrangères ou marginalisées. Cette séquence illustre brillamment les jugements sociaux et le décalage entre deux visions du monde : celle qui valorise la performance individuelle et le dépassement de soi, et celle, matérialiste et désengagée, qui traite l’autre comme un simple objet de divertissement. Le film ne se contente pas d'opposer ces deux mondes, il les lie également par une devise puissante : "Pour grandir, il faut que ça brûle." 

 

Que ce soit à travers le sacrifice physique des athlètes ou les sacrifices économiques et sociaux nécessaires à l'enrichissement des investisseurs, cette phrase encapsule les tensions internes du film. La scène finale, où les culturistes envahissent les rues de la ville comme des taureaux lâchés après une corrida, symbolise cette fusion entre l’humain, la machine et l’histoire industrielle de Birmingham. Si Stay Hungry vaut le détour, c’est en grande partie pour le charisme et la performance d'Arnold Schwarzenegger. À l'époque, ce rôle était l'un des premiers grands succès de sa carrière cinématographique. Son interprétation sincère et authentique lui a même valu un Golden Globe du Meilleur Espoir Masculin. Schwarzenegger, déjà culturiste accompli dans la vraie vie, incarne Joe Santo avec une justesse qui rend son personnage particulièrement attachant.

Jeff Bridges, quant à lui, joue un jeune homme tiraillé entre son ambition professionnelle et sa fascination pour un mode de vie à l'opposé du sien. Son interprétation apporte une touche de légèreté, bien qu’elle puisse parfois sembler un peu trop caricaturale. Les interactions entre les deux acteurs créent un contraste intéressant, mais la dynamique aurait gagné en profondeur avec un scénario plus affiné. Malgré ses qualités indéniables, Stay Hungry n'est pas exempt de défauts. L’intrigue, parfois confuse, souffre de longueurs inutiles et de scènes de dialogues qui n’apportent pas toujours grand-chose à l'histoire. Certains événements, comme le comportement du gérant de la salle de sport, restent difficilement explicables, ce qui nuit à la cohérence globale. 

 

La narration semble osciller entre une volonté de comédie légère et une réflexion sociale plus ambitieuse, sans vraiment parvenir à trouver un équilibre. Cependant, l’atmosphère unique du film et son message sur l’évolution des sociétés urbaines en font une œuvre digne d’intérêt. Il s’agit d’un témoignage des années 70, une époque où les États-Unis, comme Birmingham, étaient en pleine mutation. C’est aussi une curiosité cinématographique, marquant les débuts d’Arnold Schwarzenegger dans un rôle taillé sur mesure. Stay Hungry est un film à part, oscillant entre le comique et le sérieux, le cliché et la profondeur. S'il peut frustrer par son rythme inégal et ses choix narratifs parfois déroutants, il reste captivant pour sa représentation des tensions culturelles et sociales, ainsi que pour la performance marquante de Schwarzenegger. 

C’est une œuvre qui mérite d’être découverte, ne serait-ce que pour son originalité et son rôle dans l’émergence de futures stars du cinéma. Pour ceux qui s’intéressent aux films explorant les rapports humains dans des contextes en mutation, Stay Hungry constitue une curiosité à ne pas manquer.

 

Et le Blu-ray ? 

La sortie de Stay Hungry en Blu-ray marque un tournant pour les amateurs de cinéma de patrimoine. Ce film signé Bob Rafelson, discret mais marquant, bénéficie ici d’une restauration et d’une édition qui mettent pleinement en valeur ses qualités visuelles, son ambiance singulière, et sa place dans l’histoire du cinéma américain. Retour sur une parution qui mérite toute votre attention. Le passage à la Haute Définition offre une véritable redécouverte de Stay Hungry. Les visuels, souvent marqués par le temps dans les précédentes versions, brillent désormais d’une fraîcheur inattendue. La palette de couleurs est riche et naturelle, les contrastes sont affinés, et la netteté redonne du relief aux détails parfois perdus. L’ensemble respecte parfaitement l’esthétique originale du film, en conservant le grain authentique propre au cinéma des années 70.

Sur le plan sonore, l’édition propose uniquement la version originale en 2.0 DTS-HD Master Audio. Même si l’absence du doublage français peut décevoir certains, la bande sonore restitue avec finesse l’ambiance du film : dialogues, musique et bruitages s’entrelacent harmonieusement. Les sous-titres, clairs et précis, facilitent l’immersion pour les spectateurs francophones. L’édition Blu-ray ne se limite pas à une restauration technique. Elle s’accompagne d’un contenu bonus riche, pensé pour les passionnés de cinéma. Le coffret inclut un ouvrage de 100 pages qui retrace l’histoire du film, depuis sa conception jusqu’à sa sortie. Cet écrit approfondit également les liens avec le roman de Charles Gaines, dont Stay Hungry est adapté, et revient sur l’époque où il a été réalisé.

 

Les suppléments vidéo, quant à eux, sont particulièrement intéressants. Des interviews exclusives, dont celle de Joanna Cassidy, offrent un éclairage sur les coulisses du tournage et les relations entre les acteurs. Cassidy se remémore notamment l’énergie hors du commun d’Arnold Schwarzenegger, qui commençait alors sa carrière cinématographique. D’autres intervenants, comme des spécialistes du cinéma, explorent la signification du film dans le contexte du Nouvel Hollywood et ses résonances avec les mutations sociales des années 70. Avec cette édition Blu-ray, Stay Hungry trouve une seconde jeunesse. Cette restauration soignée permet de savourer ce film sous un jour nouveau, tout en profitant de suppléments qui enrichissent la compréhension de son contexte et de sa portée. 

Pour les cinéphiles curieux ou ceux qui souhaitent approfondir leur exploration du cinéma américain, cette version est une invitation à redécouvrir une œuvre unique et méconnue.

 

Caractéristiques techniques

Suppléments présents sur le Blu-Ray et le DVD

> Joanna Cassidy se souvient de Stay Hungry (12 min.)

> La femme Alpha (6 min.)

> Arnold devient Schwarzy, par Samuel Blumenfeld (16 min.)

> La fin du nouvel Hollywood, par Jean-Baptiste Thoret (42 min.)

> Inclus le livre VIVRE DANGEREUSEMENT par Christophe Chavdia (100 pages)

Master Haute Définition - Durée : 1H42 Langues : Anglais Dual Mono Sous-titres : Français

Mediabook Blu-Ray + DVD disponible au prix public conseillé de 39,99 €

 

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