28 Décembre 2024
Earth Abides // Saison 1. Episodes 4 et 5. Predators / The Return.
Les épisodes 4 et 5 de Earth Abides marquent un tournant significatif dans la série, apportant des conflits plus profonds et une tension accrue. Pourtant, malgré ces efforts, ces deux épisodes laissent une impression mitigée, mêlant moments prometteurs et incohérences narratives. Revenons sur ce double épisode intitulé Predators et The Return. Depuis ses débuts, Earth Abides s’est démarquée par une approche réaliste, évitant les clichés apocalyptiques habituels. Cependant, cette recherche de réalisme a parfois engendré un manque de tension dramatique. Les épisodes précédents, bien qu’émouvants, donnaient l’impression que tout allait trop bien pour les survivants. Avec ces nouveaux épisodes, la série corrige partiellement ce défaut en introduisant des antagonistes et des dilemmes moraux.
Charlie, le nouveau venu, illustre parfaitement ce virage. Charismatique et utile au départ, il devient rapidement une menace pour la communauté. Mais cette transformation, bien que nécessaire pour ajouter de la tension, est maladroitement exécutée. Son passage de "sauveur potentiel" à "antagoniste caricatural" est si abrupt qu’il en devient peu crédible. Un autre problème récurrent dans la série est sa difficulté à gérer le passage du temps. Nous sommes censés être à 14 ans après l’apocalypse, mais la série peine à le montrer de manière convaincante. Les sauts temporels fréquents rendent difficile l’attachement aux personnages et à leurs évolutions. Par exemple, Ish, gravement blessé après une attaque de lion à la fin de l’épisode précédent, est miraculeusement remis sur pied grâce à Molly.
Pourtant, cette dernière avoue n’être qu’une pseudo-docteure. Cette intrigue, qui aurait pu être un arc intéressant, est expédiée en quelques scènes, privant le spectateur de toute immersion émotionnelle. Le cœur de ces deux épisodes repose sur l’introduction de Charlie et de son groupe, venus aider la communauté à résoudre un problème vital : l’eau. Si l’idée d’explorer les tensions liées à la survie collective est pertinente, son exécution laisse à désirer. Charlie est présenté comme un personnage ambigu dès le départ, avec son discours sur la survie des plus forts et ses attitudes dominatrices. Malheureusement, sa caractérisation manque de subtilité. En quelques scènes, il passe d’un leader potentiellement complexe à un méchant sans nuances. Son agression envers Evie, bien que tragique, semble surtout être un prétexte narratif pour justifier son élimination.
La décision de tuer Charlie pose également question. Ish, habituellement prudent et réfléchi, choisit une méthode brutale pour en finir avec lui : le battre à mort avec un marteau. Cette scène aurait pu être un moment de bascule pour le personnage, explorant les conséquences morales de son acte. Pourtant, la série survole cette réflexion, préférant passer rapidement à autre chose. Pire encore, certains membres du groupe de Charlie sont autorisés à rester dans la communauté après sa mort. Cela crée une incohérence narrative : comment les survivants peuvent-ils accorder leur confiance à ceux qui étaient loyaux à un homme si toxique ? Cette décision affaiblit la crédibilité des choix des personnages et dilue l’impact émotionnel de cet arc.
Parallèlement, la série introduit une sous-intrigue autour d’Alex, le fils d’Ish, qui devient de plus en plus jaloux de son frère Joey. Cette dynamique aurait pu enrichir le récit en explorant les tensions familiales dans un monde post-apocalyptique. Mais le comportement d’Alex est tellement égoïste qu’il devient difficile de ressentir de l’empathie pour lui. Son soutien initial à Charlie, suivi de sa colère irrationnelle envers son père, renforce son rôle de personnage antipathique. Alors que les survivants semblent enfin surmonter leurs conflits internes, la série réintroduit le virus à l’origine de l’apocalypse. Cette menace, pourtant cruciale, est à peine expliquée. Pourquoi réapparaît-elle ? Pourquoi certains en sont-ils affectés et d’autres non ? La série semble utiliser le virus comme un simple outil narratif pour générer de la tension, sans réelle logique derrière.
Cette intrigue soulève cependant des questions intéressantes, notamment sur la culpabilité d’Ish. Ce dernier, rongé par son acte violent envers Charlie, voit la résurgence du virus comme une punition divine. Cette exploration de la culpabilité aurait mérité plus de temps à l’écran, mais, encore une fois, la série préfère accélérer vers la suite. Le double épisode se termine sur une note tragique : Heather revient seule après une expédition, révélant que Raif, son compagnon, est mort. Ce moment, censé être émouvant, tombe à plat en raison du manque de développement des personnages. Raif, à peine évoqué dans les épisodes précédents, n’a jamais eu l’occasion de s’imposer comme un personnage attachant, rendant sa mort presque insignifiante.
Ces épisodes 4 et 5 de Earth Abides montrent que la série a le potentiel d’explorer des thèmes puissants, comme la survie, la moralité et les dynamiques de groupe. Cependant, des problèmes de rythme, des sauts temporels excessifs et une écriture parfois maladroite entravent leur impact. Si Earth Abides souhaite vraiment captiver son audience, elle devra mieux équilibrer ses intrigues et offrir des personnages plus nuancés. À défaut, elle risque de perdre ce qui faisait sa force initiale : un réalisme poignant et une exploration sincère de l’humanité face à l’adversité. Pour l’instant, la série semble coincée entre ses ambitions et ses faiblesses narratives.
Note : 3/10. En bref, la série n’arrive pas à palier à ses propres de rythme, son écriture maladroite et ses sauts temporels excessifs.
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