30 Décembre 2024
La saison 2 de Shrinking, série dramatique-comique d’Apple TV+, s'attaque à des thèmes universels comme le deuil, l’amour, et l’amitié. Mais au fil de ses 12 épisodes, elle élargit son cadre narratif pour explorer non seulement la reconstruction individuelle, mais aussi les complexités des relations humaines. Alors que la série semblait au départ s'articuler autour de Jimmy Laird, un thérapeute peu conventionnel, cette nouvelle saison déplace intelligemment son centre d’intérêt, offrant un portrait choral captivant et parfois chaotique. La première saison de Shrinking s’appuyait sur une prémisse claire : Jimmy (Jason Segel), thérapeute en pleine crise existentielle suite à la perte de sa femme, transgresse toutes les limites éthiques en s’impliquant trop dans la vie de ses patients.
Cette approche controversée, bien que critiquée, donnait à la série une direction narrative claire. Pourtant, la saison 2 abandonne en grande partie cette idée pour se concentrer davantage sur les répercussions émotionnelles du deuil et sur les liens entre les différents personnages. Ce changement, bien qu’audacieux, rend la série moins structurée mais plus riche en nuances. Jimmy, malgré ses bonnes intentions, s’efface en tant que protagoniste principal, permettant aux personnages secondaires de s’épanouir. Cependant, cette décision peut frustrer ceux qui attendaient une exploration plus approfondie des méthodes thérapeutiques atypiques du personnage. Si Jimmy reste le pivot autour duquel gravite l’histoire, ce sont ses collègues, amis, et voisins qui apportent à la série sa véritable force.
Harrison Ford brille dans le rôle de Paul, mentor bourru mais profondément humain, confronté à son propre combat contre la maladie de Parkinson. Ses interactions avec Julie (Wendie Malick), sa nouvelle compagne, offrent des moments d’intimité délicats, souvent teintés d’une vulnérabilité touchante. Gaby (Jessica Williams), quant à elle, jongle entre ses nouvelles responsabilités d’enseignante et ses propres blessures émotionnelles. Son évolution est marquée par une introspection bienvenue : après avoir longtemps mis les besoins des autres avant les siens, elle tente enfin de se recentrer. Sa relation complexe avec Jimmy, qui bascule entre amitié, désir et culpabilité, ajoute une couche supplémentaire à sa quête d’équilibre.
Parallèlement, Liz (Christa Miller), la voisine exubérante, et Sean (Luke Tennie), le vétéran en pleine reconstruction, forment un duo improbable mais attachant. Leur collaboration dans un food truck devient un terrain fertile pour des moments de comédie et de croissance personnelle. Sean, en particulier, incarne l’espoir : son parcours met en lumière le processus souvent ardu mais gratifiant de surmonter les traumatismes. L’un des points forts de Shrinking réside dans sa capacité à capturer la beauté des relations humaines, qu’elles soient amicales, familiales ou professionnelles. Chaque personnage, bien qu’imparfait, trouve sa place dans cette micro-société où l’humour sert de bouclier face à la douleur. Les dialogues ciselés, parfois hilarants, offrent un équilibre bienvenu face aux moments plus sombres.
La série excelle également dans l’art de rendre ses personnages profondément humains. Par exemple, Derek (Ted McGinley), initialement relégué au rôle de mari effacé, bénéficie cette saison d’un développement significatif. Ses interactions avec Liz révèlent une complicité sincère, enrichissant leur dynamique et faisant de leur couple un modèle d’amour mature et réaliste. Malgré ses nombreuses qualités, la saison 2 de Shrinking souffre parfois d’un manque de direction. L’abandon progressif de l’angle thérapeutique laisse certains arcs narratifs en suspens, et les histoires secondaires, bien que divertissantes, manquent parfois de cohérence. Par exemple, la trajectoire de Grace (Heidi Gardner), une patiente de Jimmy ayant commis un acte extrême à la fin de la première saison, est à peine effleurée.
Ce choix scénaristique prive la série d’une occasion de creuser davantage les conséquences des méthodes controversées de Jimmy. En outre, les tonalités parfois discordantes entre les performances des acteurs — Jason Segel jouant souvent sur le registre burlesque, tandis que Ford opte pour une approche plus subtile — renforcent cette impression de déséquilibre. Néanmoins, cette hétérogénéité reflète en partie la diversité des expériences humaines, un thème central de la série. Là où Shrinking excelle véritablement, c’est dans sa représentation honnête et nuancée du deuil. L’arrivée de Louis (Brett Goldstein), le chauffard responsable de la mort de Tia, apporte un nouveau souffle à l’intrigue principale. Cette confrontation, lourde d’émotion, offre à Jimmy et sa fille Alice (Lukita Maxwell) une chance d’affronter leurs démons intérieurs.
Les scènes impliquant Goldstein, à la fois déchirantes et cathartiques, soulignent le pouvoir du pardon, même dans les circonstances les plus difficiles. Au-delà du deuil, la série explore des thèmes comme la culpabilité, la résilience et la nécessité de s’appuyer sur les autres pour avancer. Les personnages, bien qu’en proie à leurs propres luttes, forment une communauté où chacun trouve un soutien, parfois inattendu, auprès des autres. La saison 2 de Shrinking est loin d’être parfaite, mais c’est précisément cette imperfection qui la rend si attachante. En s’éloignant de son concept initial, la série a pris des risques, certains payants, d’autres moins. Elle offre un mélange unique de comédie et de drame, porté par un casting talentueux et des dialogues percutants.
Pour ceux qui cherchent une série qui explore les hauts et les bas de la vie avec un mélange d’humour et de sincérité, Shrinking reste une option solide. Elle rappelle que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une place pour l’espoir, l’amitié et, bien sûr, une bonne dose d’autodérision.
Note : 6/10. En bref, une série imparfaite mais profondément attachante.
Disponible sur Apple TV+
Apple a renouvelé Shrinking pour une saison 3 dont le tournage débutera en janvier 2025.
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