La Prisonnière de Bordeaux (DVD)

La Prisonnière de Bordeaux (DVD)

Un film français avec Isabelle Huppert et Hafsia Herzi, deux actrices que j’admire, c’est forcément fait pour moi. A l’occasion de la sortie en DVD de La Prisonnière de Bordeaux le 21 janvier 2025 chez Blaq Out, retour sur cette édition.

 

Ca parle de quoi ?

Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… A l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse…

 

Ca vaut quoi ?

La Prisonnière de Bordeaux, dernier opus de Patricia Mazuy, a de quoi intriguer sur le papier. Avec un duo d'actrices hors pair, Isabelle Huppert et Hafsia Herzi, et une intrigue mêlant rapports de classe et sororité, le film promet une réflexion sociale profonde et des performances captivantes. Pourtant, si l'idée de départ suscite l'intérêt, le film peine à transformer cette promesse en une expérience cinématographique totalement convaincante. Le film explore la relation entre Alma, une bourgeoise bordelaise issue de la haute société, et Mina, une femme de milieu populaire venue de Narbonne. Ces deux femmes n'auraient probablement jamais croisé leurs chemins sans un point commun inattendu : leurs maris sont incarcérés dans la même prison. 

Cette rencontre improbable se produit grâce à un malentendu, Mina ayant confondu les dates de visite à son mari. Ce hasard ouvre la voie à une relation étrange, teintée à la fois de méfiance et de solidarité. Les différences sociales sont immédiatement palpables. Alma invite Mina à séjourner dans sa grande maison bordelaise pour faciliter ses visites à la prison. Cette cohabitation devient un terrain fertile pour mettre en lumière les écarts sociaux. La réaction de Cristina, la domestique d'Alma, en est un exemple frappant : elle s'identifie davantage à Mina qu'à sa patronne, trouvant dans leur échange un moment de reconnaissance de leur condition. Mais le film ne se contente pas d'illustrer ces contrastes, il cherche à explorer les tensions et les subtilités des interactions entre ces deux univers.

 

Isabelle Huppert excelle, comme à son habitude, dans son rôle de femme détachée et énigmatique. Toutefois, son personnage, Alma, souffre de familiarité : c’est un rôle qu’on lui a souvent vu jouer. Heureusement, l’évolution du personnage lui permet d’apporter une dimension nouvelle. Elle parvient à exprimer une mélancolie latente, oscillant entre force et vulnérabilité. Hafsia Herzi, quant à elle, apporte une authenticité brute et une énergie palpable à Mina, rendant crédible cette femme pleine de contradictions. Malheureusement, l’écriture des personnages reste superficielle. Mina est parfois réduite à des traits caricaturaux de "prolo" au grand cœur, tandis qu’Alma est figée dans son image de bourgeoise distante. 

Cette simplification nuit à la profondeur des thématiques abordées et empêche une véritable alchimie entre les deux personnages. Le parallèle avec l’œuvre de Claude Chabrol est inévitable, tant dans la mise en scène que dans les thématiques abordées. Cependant, Mazuy ne parvient pas à égaler la subtilité et la tension que Chabrol savait instaurer. La mise en scène oscille entre une comédie sociale et un thriller, mais sans jamais réussir à maîtriser ces genres. Cette hésitation donne lieu à des scènes inégales, certaines captivantes et d’autres maladroites. Le scénario, signé François Bégaudeau, manque de fluidité. Certaines situations, comme la scène de cambriolage, frisent l’invraisemblance et brisent l’immersion. 

 

Le manque de cohérence dans l’écriture donne l’impression que plusieurs visions se sont affrontées sans trouver un point d’accord harmonieux. L’intention de mêler des genres différents est louable, mais le résultat est décousu et peu convaincant. Le film avait l’opportunité de déconstruire les clichés autour des rapports de classe et de proposer une analyse fine de la sororité dans un contexte atypique. Cependant, cette ambition est en partie gâchée par une approche trop schématique. Les interactions entre Alma et Mina manquent de subtilité, et les personnages secondaires, pourtant cruciaux pour étoffer l’histoire, sont sous-exploités. Cristina, par exemple, aurait pu jouer un rôle plus central pour enrichir la dynamique entre les deux protagonistes.

Malgré tout, le film a le mérite de ne pas tomber complètement dans la facilité. Certaines scènes évitent les clichés attendus et offrent un regard neuf sur des situations souvent stéréotypées. Mais cette volonté de subversion est malheureusement affaiblie par un manque de crédibilité dans le déroulement de l’histoire. La Prisonnière de Bordeaux laisse un goût d’inachevé. Les ingrédients étaient là : un duo d’actrices talentueuses, des thématiques pertinentes et une réalisatrice expérimentée. Pourtant, le film n’arrive jamais à trouver son rythme ni à capter pleinement l’attention du spectateur. À l’image d’un plat composé de produits de qualité mais mal cuisiné, il manque de saveur. Ce qui aurait pu être un thriller social poignant se transforme en une expérience frustrante, où les maladresses de mise en scène et les lacunes du scénario prennent le dessus sur les moments de grâce. 

 

Bien que certaines scènes réussissent à émouvoir ou intriguer, elles sont trop rares pour sauver l’ensemble. La Prisonnière de Bordeaux est un film qui intrigue mais ne convainc pas. Si les performances d’Isabelle Huppert et Hafsia Herzi méritent d’être saluées, elles ne suffisent pas à masquer les faiblesses structurelles du film. Le scénario, trop artificiel, et la mise en scène, maladroite, empêchent l’œuvre de Patricia Mazuy de s’élever au niveau de ses ambitions. Pour les amateurs de cinéma d’auteur, il peut rester intéressant de découvrir ce film pour ses intentions et pour le jeu de ses actrices. Mais pour ceux qui recherchent une œuvre aboutie, la déception risque d’être au rendez-vous.

Et le DVD ?

Le cinéma est une expérience qui dépasse la simple projection d'images sur un écran : il s'agit d'un art où le son et l'image s'entrelacent pour raconter une histoire. L'édition DVD de La Prisonnière de Bordeaux, proposée par Blaq Out, réussit brillamment à retranscrire cette alchimie, offrant aux amateurs de cinéma une version de qualité qui rend hommage à l'œuvre originale. Dès les premières minutes, on ne peut qu’apprécier la qualité technique de cette édition. Le son, disponible en Dolby Digital 5.1 pour une immersion totale, est également proposé en format stéréo 2.0 pour les spectateurs équipés de systèmes plus classiques. 

 

Les dialogues se distinguent avec une clarté impressionnante, rendant chaque échange parfaitement intelligible. Côté image, le travail de restauration est remarquable : la photographie du film, minutieusement soignée, est mise en valeur par un rendu visuel net et lumineux. Chaque scène témoigne d’un souci du détail, révélant la profondeur et la richesse du travail du directeur de la photographie. L'un des atouts majeurs de ce DVD réside dans son bonus inédit consacré à la musique de film, un sujet rarement exploré en profondeur dans les éditions physiques. 

Intitulé Leçon de musique, ce segment propose une discussion passionnante entre Amine Bouhafa, compositeur talentueux, et Patricia Mazuy, réalisatrice du film. Animée par Stéphane Lerouge, spécialiste reconnu de la musique pour l’image, cette leçon dévoile les secrets de la création musicale et son rôle essentiel dans l’univers du cinéma. Ce contenu additionnel enrichit véritablement l’expérience du spectateur. Au-delà d’un simple making-of, il offre une plongée instructive dans le processus de collaboration entre la musique et l’image. Pour les amateurs de bandes originales et les curieux des coulisses du septième art, ce bonus est une véritable pépite.

 

En résumé, l’édition DVD de La Prisonnière de Bordeaux est bien plus qu’un simple support pour découvrir ou redécouvrir le film. Grâce à une qualité technique irréprochable et à un bonus exclusif sur la musique de film, elle se distingue comme un incontournable pour les passionnés de cinéma. Une belle manière de prolonger l’expérience cinématographique tout en explorant ses facettes les plus fascinantes.

Caractéristiques techniques

Durée : 1H48 - Langues : Français 2.0 / 5.1 / Audiodescription - Sous-titres : Français

Supplément : Leçon de musique avec Amine Bouhafa (compositeur) et Patricia Mazuy (cinéaste) animée par Stéphane Lerouge (spécialiste de la musique pour l’image)

Disponible en DVD au prix public conseillé de 19,99 € TTC

Cette sortie est éditée par BLAQ OUT

 

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