6 Février 2025
Saint-Pierre // Saison 1. Episode 5. The Bogman Cometh.
Avec ce cinquième épisode, Saint-Pierre revient à une structure plus familière après l’élan pris par l’épisode précédent. L’intrigue s’intéresse à un meurtre sur un site de fouilles archéologiques, ce qui permet d’explorer une nouvelle facette de l’île tout en mettant en avant un groupe de suspects variés. Pourtant, malgré un cadre qui aurait pu se démarquer, l’épisode retombe dans une mécanique procédurale plus conventionnelle. L’épisode s’ouvre sur la découverte du corps d’une archéologue sur un chantier de fouilles. Ce type d’intrigue, souvent utilisé dans les séries policières, fonctionne bien en tant que point de départ.
La victime appartenait à un cercle fermé d’universitaires et de chercheurs, ce qui crée naturellement un éventail de suspects aux motivations diverses : jalousie académique, rivalités professionnelles, secrets enfouis… L’enquête suit un déroulement linéaire, avec des interrogatoires successifs et la mise au jour de tensions entre les différents protagonistes. Ce type de narration, bien rodé dans le genre policier, a l’avantage d’être efficace, mais l’épisode manque d’un élément vraiment distinctif qui viendrait bousculer les attentes. Après l’intensité du précédent épisode, qui jouait sur l’urgence et l’action, ce retour à une intrigue plus posée crée une rupture qui peut sembler un peu trop sage.
L’histoire reste bien construite, mais elle ne surprend pas réellement. En marge de l’enquête, l’épisode met en scène Fitz dans une situation plus intime. Dès le début, une relation amoureuse est suggérée, ce qui ajoute une nouvelle dimension à son personnage. Ce type de développement est souvent utilisé dans les séries policières pour retarder l’évolution d’une tension romantique entre les deux protagonistes principaux. Là où Fitz est souvent montré comme un homme solitaire, marqué par son passé, cette intrigue secondaire le montre sous un jour plus léger.
Ce contraste est intéressant, car il permet de mieux cerner ses différentes facettes. Cependant, cette introduction reste assez discrète et ne bouleverse pas réellement la dynamique générale de la série. Cette mise en avant de la vie personnelle de Fitz pourrait ouvrir des pistes pour la suite. La série pourrait choisir de creuser cette voie ou, comme souvent dans ce type de format, de l’utiliser comme un simple élément passager, voué à être mis de côté au fil des épisodes. Le duo formé par Fitz et Arch continue d’être l’un des atouts de la série. Leur dynamique s’installe progressivement, avec une complicité qui s’affirme au fil des épisodes.
Si certaines séries policières accélèrent souvent les tensions entre leurs personnages principaux pour créer du drame, Saint-Pierre choisit une progression plus subtile. L’épisode n’apporte pas de véritable rupture dans leur relation, mais il continue de poser les bases de leur complémentarité. Fitz garde son approche intuitive et parfois brute, tandis qu’Arch, plus méthodique, apporte une certaine rigueur à l’enquête. Cette opposition, bien que classique, reste plaisante à suivre grâce à la qualité des dialogues et au jeu des acteurs. Cependant, comme souvent dans ce genre de duo, la question d’une éventuelle évolution vers une relation plus personnelle reste en suspens.
L’épisode joue avec cette attente, sans pour autant s’y attarder, ce qui permet de garder une dynamique fluide sans tomber dans des ressorts narratifs trop appuyés. L’un des points positifs de cet épisode est la diversité des personnages introduits. Les enquêtes basées sur un groupe restreint de suspects ont souvent cet avantage : chaque nouvel interrogatoire apporte un nouvel angle, et chaque personnage vient ajouter une touche différente à l’ensemble. Ici, le monde universitaire offre un cadre qui aurait pu être plus exploité. Les rivalités et conflits internes sont bien présents, mais la série n’en fait pas un levier narratif aussi puissant qu’il aurait pu l’être.
L’épisode reste ancré dans une progression linéaire, avec des rebondissements prévisibles. Il en ressort une impression de « confort » dans l’intrigue. Il n’y a pas de grande surprise, pas de moment où la série ose vraiment sortir de sa zone de confort. Cela n’empêche pas l’épisode d’être efficace, mais après un quatrième épisode qui dynamisait la saison, celui-ci semble plus sage. Dans le dernier tiers de l’épisode, une scène en particulier brise l’immersion. Myron, acculé, menace de sauter d’un récif abrupt, une séquence qui devrait apporter de la tension et un enjeu dramatique. Pourtant, l’exécution visuelle laisse perplexe.
Les incrustations numériques sont grossières, l’arrière-plan sonne faux et le tout ressemble davantage à un montage maladroit qu’à une véritable mise en scène soignée. C’est d’autant plus frustrant que la série a déjà prouvé qu’elle savait tirer parti de ses paysages réels pour offrir de belles images. Ici, au lieu de s’appuyer sur la beauté brute de Saint-Pierre-et-Miquelon, la production choisit une approche artificielle qui casse l’effet recherché. Résultat : l’intensité de la scène disparaît, et l’émotion supposée est remplacée par une impression d’artificialité qui rend le moment presque involontairement comique.
Dans une série qui repose beaucoup sur son atmosphère et son décor, ce genre de faute visuelle a un impact. Espérons que ce soit un accident ponctuel plutôt qu’une tendance pour la suite. L’épisode aurait pu profiter du site de fouilles pour offrir des scènes plus marquantes visuellement. Pourtant, une fois encore, l’environnement de Saint-Pierre-et-Miquelon est relégué à l’arrière-plan. La série se contente d’utiliser ses décors comme toile de fond, sans en tirer pleinement parti. Ce choix reste l’un des aspects les plus frustrants. La série dispose d’un cadre unique, qu’elle peine encore à rendre véritablement incontournable.
L’enquête aurait pu intégrer davantage d’éléments liés à l’histoire locale, aux spécificités de l’île ou à son passé, mais elle se contente d’un traitement plus générique. Même si certaines scènes en extérieur permettent de respirer un peu plus que dans d’autres épisodes, l’intrigue aurait gagné à être plus enracinée dans son environnement. Cet élément pourrait être un véritable point différenciant pour la série, mais il reste encore sous-exploité. Dans l’ensemble, cet épisode 5 donne l’impression d’un retour à une mécanique plus classique après un épisode 4 plus ambitieux. L’enquête reste plaisante à suivre, mais elle ne sort pas des sentiers battus.
Les interactions entre Fitz et Arch continuent de s’affiner, et quelques éléments personnels viennent enrichir les personnages, mais l’ensemble reste dans une zone de confort. Après avoir montré une capacité à aller plus loin dans l’épisode précédent, la série semble ici freiner un peu son élan. Cela ne remet pas en cause les qualités de Saint-Pierre, qui conserve un duo principal efficace et des intrigues bien construites. Cependant, pour éviter une certaine routine, il serait intéressant de voir la série prendre plus de risques dans les épisodes à venir. L’épisode pose ainsi une question importante pour la suite : Saint-Pierre va-t-elle continuer à suivre cette formule procédurale bien rodée, ou va-t-elle chercher à se différencier davantage en exploitant mieux son cadre et ses personnages ? C’est ce qui fera la différence pour l’avenir de la série.
Note : 4.5/10. En bref, bien que cela reste confortable, je trouve que la série manque de prise de risque.
Prochainement en France
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