Critiques Séries : Daredevil: Born Again. Saison 1. Episode 3.

Daredevil: Born Again // Saison 1. Episode 3. The Hollow of His Hand.

Après un début de saison marqué par une montée en tension progressive, ce troisième épisode de Daredevil: Born Again adopte un rythme plus posé. Loin des affrontements spectaculaires et des scènes d’action brutales, l’intrigue se concentre ici sur le procès de Hector Ayala, alias White Tiger, un justicier accusé de crimes qu’il n’a pas commis. Ce choix narratif met en avant la complexité morale du système judiciaire, tout en approfondissant le dilemme intérieur de Matt Murdock, partagé entre son rôle d’avocat et son passé de justicier.

L’essentiel de l’épisode se déroule dans la salle d’audience, où Matt Murdock défend Hector Ayala face à une justice qui ne tolère plus la figure du justicier masqué. Dans un climat politique tendu, marqué par la croisade anti-vigilante du maire Wilson Fisk, chaque mot, chaque preuve et chaque témoin deviennent des éléments décisifs. L’enjeu dépasse la simple culpabilité d’Ayala : il s’agit aussi de la place que peuvent encore occuper les justiciers dans un monde qui les rejette. Le positionnement de Matt dans ce procès est fascinant à observer, mais certaines décisions interrogent. 

En révélant publiquement l’identité secrète d’Ayala pour renforcer sa défense, il franchit une ligne qu’il connaît pourtant mieux que quiconque. Cette prise de risque se solde par un verdict en faveur d’Ayala, mais le prix à payer est immense. Quelques heures à peine après avoir retrouvé sa liberté, White Tiger est exécuté en pleine rue, un tireur anonyme portant un symbole rappelant celui du Punisher. Ce dénouement brutal soulève une question essentielle : jusqu’où peut-on aller pour défendre une cause sans en créer de nouvelles victimes ? Matt, malgré son expertise, semble ignorer les conséquences de ses propres actes, et cet épisode le place face à cette réalité cruelle.

Depuis le début de Born Again, Matt tente de se convaincre que sa place est désormais dans les tribunaux et non dans les ruelles sombres de Hell’s Kitchen. Ce procès agit comme un miroir de ses propres contradictions. En échangeant avec Hector Ayala, il voit en lui une version alternative de son propre parcours, un homme ayant fait le choix du masque pour rendre justice, mais broyé par un système impitoyable. L’épisode distille habilement des indices sur l’état d’esprit de Matt. Le geste répété de manipuler son casque brisé traduit un conflit intérieur profond. L’abandon du costume de Daredevil est-il définitif, ou bien cet événement tragique marquera-t-il son retour ?

De son côté, Wilson Fisk apparaît en retrait dans cet épisode, mais son influence plane sur chaque scène. Désormais maire de New York, il tente de se détacher de son passé criminel, adoptant une posture plus politique. Pourtant, l’emprise de son ancien monde reste intacte. Ses anciens alliés ne lui laissent aucun répit, et sa relation avec Vanessa, qui semblait être sa seule véritable échappatoire, se détériore progressivement. Ce basculement progressif rappelle celui de Matt. Tous deux cherchent à évoluer vers un rôle plus institutionnel, à abandonner les luttes de l’ombre pour un pouvoir plus officiel. Mais l’environnement qui les entoure les ramène sans cesse à leur nature profonde. 

Fisk peut bien mépriser les criminels qu’il dirigeait autrefois, il reste lié à eux. De la même manière, Matt peut essayer de défendre la justice par la loi, il ne peut ignorer ce que son alter ego représente. L’une des intrigues secondaires les plus intrigantes de cet épisode concerne l’apparition répétée du symbole du Punisher. Ce n’est pas Frank Castle lui-même qui apparaît, mais son emblème, arboré par des policiers et par l’assassin de Hector Ayala. Cette récupération de son image soulève des questions sur son influence et sur ce que cela signifie pour la suite.

L’utilisation du logo du Punisher dans un contexte qui semble lui échapper est un élément scénaristique intéressant. Si Frank Castle est encore actif, il ne peut pas ignorer cette appropriation. Une confrontation avec Matt semble inévitable, d’autant plus que leurs idéologies respectives ont toujours été diamétralement opposées. Malgré des enjeux forts et un final marquant, cet épisode laisse une impression mitigée. L’absence totale de Daredevil dans l’action crée un manque. Le choix de privilégier le drame judiciaire est pertinent sur le plan narratif, mais il déséquilibre le rythme de la saison.

Certains éléments semblent aussi manquer de clarté. L’éviction soudaine d’un témoin clé, Nicky Torres, sans explication véritable sur ce qui l’a poussé à se rétracter, laisse une zone d’ombre frustrante. De même, la réaction de Matt face aux critiques du juge quant à son hypocrisie sur le rôle des justiciers paraît trop désinvolte. L’épisode cherche à mettre en avant les dilemmes du héros, mais le traitement de certaines décisions donne l’impression qu’il agit de manière précipitée et irréfléchie. Ce troisième épisode de Daredevil: Born Again fonctionne davantage comme une transition que comme un pivot majeur. 

Il pose les bases de conflits à venir, notamment la nécessité pour Matt de faire un choix clair sur son rôle dans cette société qui rejette les héros masqués. La fin brutale d’Hector Ayala laisse présager des répercussions importantes, et l’ombre du Punisher continue de s’étendre. Si cet épisode ralentit le rythme par rapport aux précédents, il ne manque pas d’intérêt pour autant. Il apporte des nuances au parcours des personnages, et l’évolution de Wilson Fisk est traitée avec subtilité. Le prochain épisode devra toutefois réintroduire une dose d’action et recentrer l’intrigue sur Daredevil lui-même pour éviter que cette dynamique ne s’essouffle.

L’enjeu principal reste entier : Matt Murdock peut-il réellement abandonner Daredevil, ou bien ce procès lui a-t-il prouvé que son combat ne pouvait pas se limiter aux tribunaux ? La suite de la série devra répondre à cette question avec autant d’intensité que de finesse.

Note : 5.5/10. En bref, bof. Après un double épisode introductif réussi, cet épisode m’a un peu refroidi.

Disponible sur Disney+