Critiques Séries : The Pitt. Saison 1. Episode 13.

The Pitt // Saison 1. Episode 13. 7:00 P.M.

L’épisode précédent avait laissé une marque indélébile, transformant l’hôpital en champ de bataille après une fusillade de masse au Pitt Fest. Ceux qui espéraient un moment de répit dans cet épisode 13, "7:00 P.M.", se retrouvent confrontés à une autre vague d’intensité. Ce qui était déjà insoutenable le devient encore plus, non seulement parce que les urgences débordent encore sous l’afflux de blessés, mais aussi parce que cette fois, l’une des victimes est une personne proche des personnages que l’on suit depuis le début. L’action reprend exactement là où elle s’était arrêtée. 

L’hôpital est toujours en alerte maximale, et les équipes soignantes n’ont pas une seconde de répit. Le docteur Robby et ses collègues doivent gérer un nombre toujours plus grand de patients avec des ressources qui s’amenuisent dangereusement. Plus de batteries pour les laryngoscopes, plus de matériel essentiel… Chaque geste devient un combat contre le manque et l’improvisation devient la norme. La tension atteint rapidement un nouveau sommet lorsque les médecins réalisent qu’une partie des blessés initialement jugés stables commencent à se détériorer. 

Dans la section jaune, dédiée aux cas modérés, les résidents King, Santos et Whitaker doivent s’adapter à des situations qui les dépassent. Whitaker, encore inexpérimenté, commet une erreur en perçant un patient conscient à l’aide d’un IO, provoquant un moment de flottement qui met en évidence le chaos ambiant. Le cas de Grayson, un patient souffrant d’un traumatisme crânien, illustre parfaitement cette escalade dramatique. Sans scanner disponible pour confirmer une hémorragie cérébrale, Whitaker utilise une échographie portable pour mesurer la pression intra-crânienne.

Le diagnostic est sans appel : le cerveau saigne et une intervention immédiate est nécessaire. Dans l’urgence, Mohan décide d’improviser en perforant le crâne de Grayson avec un IO drill pour évacuer le sang, un geste risqué mais vital. Santos, quant à elle, pousse encore plus loin la prise de risque en réalisant un REBOA sur une patiente atteinte d’une balle dans l’aine. L’intervention consiste à insérer un ballonnet dans l’aorte pour stopper l’hémorragie, une manœuvre dangereuse lorsqu’elle est pratiquée sans supervision. Malgré les avertissements de ses collègues, elle s’obstine et parvient à stabiliser la patiente. 

Si l’acte est efficace, il soulève une question plus large : jusqu’où peut-on aller en ignorant les règles et les protocoles ? Alors que les médecins s’efforcent de garder un semblant d’organisation, un nouvel afflux de patients vient bouleverser la nuit. Un camion du service des parcs se présente aux urgences avec plusieurs nouveaux blessés. Parmi eux, un visage familier : Jake, le fils de cœur de Robby, complètement paniqué, tenant dans ses bras Leah, sa petite amie grièvement touchée par une balle en plein cœur.

Dès l’instant où Leah est amenée à l’intérieur, la gravité de la situation est évidente. Robby, jusqu’ici capable de maintenir une forme de détachement professionnel malgré la catastrophe, perd son objectivité. Il est prêt à tout pour la sauver, oubliant ses propres principes. Il va à l’encontre de ses propres consignes en dépassant la limite de transfusion sanguine autorisée, tentant des techniques extrêmes pour prolonger ses chances. Pendant un court instant, il croit sentir un battement de cœur, un infime espoir qui s’éteint rapidement lorsque l’une de ses collègues confirme l’absence totale de pouls.

C’est à ce moment précis que Robby s’effondre. Son ami Abbott, comprenant qu’il est incapable de prendre la décision par lui-même, intervient et lui rappelle qu’il y a encore des dizaines d’autres vies en jeu. Relâcher Leah, c’est accepter qu’il ne peut pas tout contrôler. Avec une douleur visible sur son visage, il prononce enfin les mots qu’il refusait de dire : "C’est terminé." Si la scène de l’échec médical est bouleversante, celle qui suit est encore plus difficile. Robby doit maintenant annoncer la nouvelle à Jake. La scène est d’une sobriété glaçante. 

Il choisit ses mots avec soin, mais rien ne peut atténuer la douleur de Jake, qui accuse immédiatement le coup. Lorsqu’il demande à voir Leah une dernière fois, Robby accepte, bien qu’il sache que cela ne fera qu’intensifier son propre chagrin. Dans la pièce qui sert de morgue improvisée, Jake regarde le corps inerte de Leah et se met à s’accuser lui-même. Il croit qu’il est responsable de sa mort. Mais très vite, la colère prend le dessus et il reporte cette culpabilité sur Robby. Il exige une explication : "Pourquoi tu n’as pas pu la sauver ?"

Robby tente de lui répondre, mais il est à bout. La fatigue, le stress, l’accumulation des pertes… tout le rattrape d’un seul coup. Il essaie d’expliquer, bredouille des mots confus, et se retrouve à énumérer un à un tous les patients qu’il n’a pas pu sauver cette nuit : "Mr. Spencer. Nick Bradley. Mr. Milton. Amber..." Chaque nom pèse comme une pierre sur sa conscience. Puis, alors qu’il tente de se justifier une dernière fois, son corps cède. Il ressent une immense vague de panique, ses oreilles bourdonnent, sa respiration s’accélère. Il comprend qu’il est en train de sombrer dans une crise de stress post-traumatique en temps réel. 

Avant que Jake ne puisse voir cet effondrement, il le pousse hors de la pièce. Seul, Robby s’écroule au sol. Le corps secoué de sanglots, il est pris au piège de sa propre douleur, entouré de cadavres. Ce treizième épisode pousse encore plus loin l’exploration de la pression extrême qui pèse sur les professionnels de santé en pleine crise. Entre les décisions impossibles, les erreurs de jugement et les pertes successives, chaque personnage atteint un point de rupture. Robby, pourtant la figure la plus solide jusqu’ici, s’effondre totalement, laissant planer de nombreuses questions pour la suite. Donnez un Emmy à Noah Wyle (même si Severance devrait tout rafler…)

Note : 10/10. En bref, un chaos qui ne s’arrête pas et qui délivre une fois de plus un excellent épisode. Si cette nuit d’horreur doit encore se poursuivre, combien de temps les médecins du Pittsburgh Medical Trauma Center pourront-ils tenir avant de s’effondrer eux aussi ? La fin de cet épisode m'a bouleversé. 

Disponible sur max