6 Avril 2025
Law & Order Toronto: Criminal Intent // Saison 2. Episode 5. Face Value.
Cinquième épisode de la saison 2 de Law & Order Toronto: Criminal Intent, et l’impression générale reste la même : la série peine à vraiment décoller, mais ici, on sent malgré tout une certaine volonté de faire évoluer les choses. L’enquête du jour nous amène sur le meurtre brutal d’un couple apparemment sans histoire, tué dans leur propre commerce. Si l’affaire commence comme une banale histoire de vol qui aurait mal tourné, les détectives Graff et Bateman ne tardent pas à comprendre qu’il s’agit d’un assassinat ciblé.
Ce qui frappe d’abord dans cet épisode, c’est son ton. Moins mécanique que les précédents, il s’offre quelques respirations, quelques instants plus légers entre les deux enquêteurs principaux. Et même si le fil rouge de l’enquête reste dans les standards du policier procédural classique, quelques éléments sortent du lot, sans pour autant révolutionner la formule. Dès les premières minutes, difficile de ne pas faire le lien avec l’affaire Jennifer Pan, tristement célèbre au Canada. La construction narrative s’en approche : des éléments d’apparence anodine qui, une fois creusés, révèlent des contradictions, un faux parcours universitaire, et une mise en scène manipulatrice.
Ce n’est qu’à mi-épisode que le clin d'œil devient évident, quand l’un des enquêteurs découvre que la victime ne fréquentait même pas l’université dont il parlait. Ce genre de clin d’œil aux faits divers réels peut être intéressant, mais encore faut-il réussir à en faire quelque chose de neuf. Ici, l’écriture survole les implications émotionnelles et psychologiques, préférant suivre une trame relativement linéaire. Le public qui connaît déjà l’affaire originale pourrait rester un peu sur sa faim. L’un des points positifs de cet épisode, c’est la dynamique entre les deux enquêteurs.
Pour une fois, leurs échanges sonnent un peu plus naturels, notamment dans les scènes de pause, où ils discutent musique et références culturelles (le duel improbable entre Iggy Pop et Milli Vanilli vaut le détour). Ce genre de dialogues permet d’apporter un peu de texture aux personnages, trop souvent réduits à leur fonction d’enquêteurs sérieux. Aden Young reste néanmoins un point faible dans cette série. Son interprétation de Graff manque toujours de nuance et donne parfois l’impression d’un acteur qui force un jeu mystérieux à la limite du pastiche.
Il cherche encore clairement son propre ton, mais le problème est qu’il semble vouloir calquer son personnage sur un Vincent D’Onofrio version édulcorée, ce qui crée un décalage avec le ton de la série. Cela dit, certaines scènes montrent une évolution. On le sent plus à l’aise dans l’humour discret, notamment quand il commence à parler d’échecs avant de réaliser que personne ne l’écoute vraiment. Ce genre de détail fonctionne mieux que ses tentatives de regard intense et silencieux. L’épisode s’intéresse également au profil de l’assassin présumé, un homme qui, contrairement aux antagonistes habituels, n’est pas immédiatement antipathique.
Il y a même une tentative (réussie à moitié) de le rendre humain, voire touchant. C’est un virage bienvenu, car la série manque cruellement de nuance dans ses représentations des coupables. Le procès fictif, bien que réduit au strict minimum, apporte un peu de tension. On sent que les scénaristes ont voulu jouer avec l’ego du suspect, dans un style qui rappelle vaguement certains épisodes de la version originale. La scène d’interrogatoire n’a pas la tension d’un face-à-face Goren/Kelmer, mais elle essaie de s’en inspirer. C’est rare, mais dans cet épisode, certains rôles secondaires tirent leur épingle du jeu. On note le retour d’un avocat de la défense déjà aperçu dans un épisode précédent, ce qui contribue à créer une forme de continuité bienvenue.
Catherine Disher (reconnaissable pour certains grâce à ses rôles dans des séries canadiennes des années 90) apporte une présence solide. On espère que son personnage reviendra, car la série gagnerait à étoffer un peu plus ses figures récurrentes au tribunal. L’autre bonne surprise, c’est le rôle donné à Theo Forrester, qui bénéficie ici de plus de temps à l’écran. Son jeu apporte une énergie différente à l’épisode, et on aimerait que cela continue dans les suivants. Cela permet d’ouvrir un peu plus l’univers de la série, souvent trop centré sur les deux détectives principaux.
Est-ce que cet épisode 5 révolutionne Law & Order Toronto: Criminal Intent ? Non. Mais il montre que la série est capable, à l’occasion, de proposer des intrigues un peu moins plates que d’habitude. Ce n’est pas un épisode marquant, mais il se distingue malgré tout dans une saison 2 assez tiède jusque-là. Le scénario souffre encore d’un certain manque de profondeur, et l’inspiration trop évidente de faits divers réels peut desservir l’ensemble si elle n’est pas mieux travaillée. Mais il y a ici une volonté de sortir un peu du cadre rigide des précédents épisodes, en apportant un peu d’humour, des personnages secondaires plus présents, et une intrigue qui, bien que classique, tient jusqu’au bout.
Note : 6/10. En bref, il reste encore pas mal de chemin à parcourir avant que la série trouve un véritable équilibre entre originalité, fidélité à la franchise, et identité propre. Mais cet épisode 5 montre qu’elle en est peut-être capable. On attend de voir si les suivants sauront confirmer cette légère amélioration.
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