Critiques Séries : Happy Face. Saison 1. Episode 4.

Critiques Séries : Happy Face. Saison 1. Episode 4.

Happy Face // Saison 1. Episode 4. Controlled Burn.

 

Dans une série centrée sur les dérives du true crime, où l'intime est constamment mis à nu, l'épisode 4 de Happy Face, intitulé « Controlled Burn », ralentit volontairement le rythme pour s'attarder sur les déchirures familiales et les failles intérieures. Le choix narratif de s'éloigner temporairement de l'enquête permet de donner de l'épaisseur aux personnages, à commencer par Melissa, toujours prise entre la douleur de son passé et la difficulté de maintenir un semblant d'équilibre dans son présent. L’épisode marque l’entrée en scène de Shane, le frère de Melissa, incarné par Philip Ettinger. 

 

Cette apparition vient modifier la dynamique installée depuis les premiers épisodes. Contrairement à sa sœur, Shane semble avoir trouvé une forme d’apaisement avec son héritage familial, sans pour autant l’accepter pleinement. Ce contraste met en lumière la tension interne de Melissa, tiraillée entre désir de rupture et fascination morbide pour l’emprise de son père. La relation entre les deux frères et sœur repose sur une culpabilité partagée mais exprimée différemment. Cette rencontre agit comme une respiration émotionnelle dans le récit. Pour la première fois, Melissa verbalise ses hésitations avec moins de colère et plus de vulnérabilité. 

Ce changement de ton, même temporaire, permet de mieux cerner ce qui la pousse à poursuivre cette enquête à tout prix. Malgré son absence physique, Keith continue de hanter chaque scène. Ses apparitions sporadiques et ses messages codés maintiennent une pression psychologique constante. La volonté qu’il manifeste d’infiltrer non seulement la vie de Melissa mais aussi celle de sa petite-fille Hazel reste floue. Son but exact échappe encore à toute logique claire. Est-ce par pur contrôle ? Par besoin de reconnaissance ? Ou s’agit-il simplement d’un jeu cruel qu’il continue de jouer, même depuis sa cellule ?

 

Cette menace latente continue d’alimenter l’instabilité émotionnelle de Melissa, qui peine à couper le cordon avec cet homme dont elle refuse d’être le reflet. Pourtant, à force de le dire, le doute s'installe. Se défendre sans cesse d'être comme lui devient un acte suspect, presque un aveu inconscient qu’une part d’elle lutte contre cette ressemblance qu’elle craint. L’effet de cette obsession sur la cellule familiale de Melissa devient de plus en plus visible. Son mari, Ben, s’éloigne, fatigué par les absences, les silences et le secret. Le couple, déjà ébranlé, semble glisser vers une rupture inévitable. 

Quant à Hazel, elle commence à emprunter un chemin dangereux, oscillant entre incompréhension et rejet. Son comportement désordonné est un cri d’alarme que Melissa semble ignorer, trop absorbée par son passé. Les parallèles entre Melissa et sa fille deviennent de plus en plus explicites. Chaque flashback de l’enfance de Melissa agit comme un miroir tendu à Hazel. Ces scènes rétroactives permettent de mieux comprendre le caractère de Melissa et d’anticiper les dangers qui guettent Hazel si les choses ne changent pas rapidement. Il ne s’agit plus seulement de s’éloigner d’un passé douloureux, mais d’empêcher qu’il ne se répète.

 

Cet épisode ne fait pas avancer l’enquête de façon significative. Les éléments de mystère sont relégués à l’arrière-plan. Toutefois, cette pause dans la narration policière n’est pas vaine. Elle laisse place à un travail plus fin sur les personnages. Melissa tente d’affirmer son identité, pose des limites, notamment face à Keith, et entame un lent processus d’acceptation de soi. La scène où elle confronte un ancien petit ami abusif résonne comme un tournant. Elle y retrouve une forme de contrôle qu’elle avait perdue. 

Ce geste, bien qu’isolé, donne un aperçu de la force qu’elle pourrait mobiliser si elle cessait de se battre contre ses fantômes et choisissait d’avancer pour elle-même. L’un des points faibles de Happy Face, à ce stade, reste la prévisibilité de son arc narratif. La trajectoire de Melissa semble toute tracée. Laisser derrière elle la vie construite pour masquer son passé et assumer enfin qui elle est, voilà ce vers quoi le récit tend. Le problème, c’est que cette évolution est déjà annoncée depuis plusieurs épisodes. Il manque encore une forme d’imprévisibilité, ce décalage qui permettrait de relancer l’intrigue sur des bases moins attendues.

 

Cependant, les tensions internes restent suffisamment fortes pour maintenir l’intérêt. La complexité des rapports humains, l’ombre du passé criminel et la difficulté d’être parent quand on n’a pas eu de modèle solide continuent d’alimenter le cœur émotionnel de la série. Ce qu’il manque actuellement, c’est une impulsion nouvelle. Une information inattendue, un retournement de situation ou un geste fort qui viendrait redistribuer les cartes. Sans cela, la série risque de tomber dans une routine dramatique, certes bien interprétée, mais un peu figée. 

Melissa a besoin d’une confrontation directe avec son passé, non pas dans des allusions ou des appels anonymes, mais dans une rencontre frontale qui oblige à faire un choix clair. L’épisode « Controlled Burn » remplit donc une fonction charnière : il n’apporte pas de grandes révélations, mais il affine les contours de personnages que la série doit encore pousser plus loin pour tenir ses promesses. Il faudra voir si les prochains épisodes auront le courage de s'éloigner des chemins trop balisés.

 

Note : 6/10. En bref, l’épisode remplit donc une fonction charnière : il n’apporte pas de grandes révélations, mais il affine les contours de personnages que la série doit encore pousser plus loin pour tenir ses promesses. 

Disponible sur Paramount+

 

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