Critiques Séries : Law & Order Toronto: Criminal Intent. Saison 2. Episode 6.

Critiques Séries : Law & Order Toronto: Criminal Intent. Saison 2. Episode 6.

Law & Order Toronto: Criminal Intent // Saison 2. Episode 6. Disposable People. 

 

La série Law & Order Toronto: Criminal Intent poursuit sa deuxième saison avec un sixième épisode qui, pour une fois, ose s’éloigner de son schéma classique. Cette fois-ci, l’enquête se déroule dans un lieu qu’on voit rarement dans la version torontoise : une prison de haute sécurité. Un changement de décor bienvenu, qui donne un souffle différent à l’épisode — même si, sur le fond, on reste dans des mécaniques bien rodées. Le point de départ est simple : un détenu est retrouvé mort dans une cellule. Suicide ? Overdose ? Règlement de compte ? 

 

C’est à Graff et Bateman d’aller fouiller dans les couloirs du pénitencier pour faire émerger la vérité. Et c’est justement dans cette exploration d’un nouvel univers que l’épisode gagne quelques points. On sort enfin des lofts luxueux, des parcs urbains ou des scènes de crime classiques pour entrer dans un espace clos, surveillé, tendu, où chaque porte claque avec écho. La prison devient ici un personnage à part entière. Tout est plus sombre, plus froid. Les interactions entre les policiers et les détenus – ou même entre les gardiens et les visiteurs – révèlent une tension que la série n’avait pas encore réussi à capter jusque-là. 

Pour ceux qui suivent Law & Order Toronto depuis le début, c’est presque un soulagement de voir la série sortir de sa routine visuelle et narrative. Malheureusement, même avec un décor un peu plus original, certains éléments restent figés. Et le principal, c’est le personnage de Henry Graff. Depuis le lancement de la série, difficile de s’attacher à ce détective principal, malgré les efforts visibles du scénario pour lui donner une épaisseur. Aden Young, qui avait su faire preuve d’une justesse remarquable dans Rectify, semble ici figé dans une posture raide, presque passive. Il joue un inspecteur cérébral, peut-être un peu usé par le système, mais sans nuance réelle.

 

Là où un personnage comme Goren, dans la version américaine, fascinait par sa manière d’entrer dans la tête des suspects, de décortiquer les comportements, Graff donne trop souvent l’impression d’être en retrait. Il observe, il commente, mais il ne s’implique jamais pleinement. Et dans un cadre aussi fermé qu’une prison, on aurait pu espérer qu’il soit bousculé un peu, qu’il sorte de sa zone de confort. Mais non : même ici, il reste pantouflard, comme s’il traversait l’épisode sans jamais y être vraiment. Heureusement, sa coéquipière Bateman relève un peu le niveau. Elle continue d’être le personnage le plus consistant de la série côté police. 

Ses prises de position sont plus affirmées, et son attitude face aux détenus ou au personnel pénitentiaire apporte une tension plus palpable. On sent que l’écriture commence à mieux cerner ce personnage, même si elle reste encore trop cantonnée au rôle de l’acolyte efficace mais peu explorée. Il serait temps que la série ose lui donner plus de poids, voire un épisode centré sur elle. Elle a les épaules pour ça. Et dans ce sixième épisode, certaines de ses confrontations laissent entrevoir une personnalité plus complexe, plus intéressante que ce que la série nous a montré jusqu’ici.

 

Le principal souci reste pourtant dans la construction même de l’épisode. Malgré un décor différent, l’enquête elle-même suit une logique très classique. Indice, interrogatoire, fausse piste, revirement, aveux. C’est propre, c’est bien ficelé, mais ça manque de grain, de chaos, de cette imprévisibilité qui faisait le charme de la version américaine de Criminal Intent. On aurait pu imaginer un épisode plus immersif, avec plus de temps passé à comprendre les dynamiques internes de la prison, à fouiller la psychologie des détenus, ou à questionner la corruption potentielle dans l’institution. 

Mais tout cela est effleuré, jamais vraiment creusé. L’enquête avance mécaniquement, et le final arrive sans vraie surprise. En regardant cet épisode, difficile de ne pas repenser à Paris Enquêtes Criminelles, l’itération française de la franchise, qui malgré ses défauts, avait au moins l’audace de tenter des choses. L’interprétation de Vincent Pérez donnait une autre lecture du détective à l’intelligence torturée. Et la mise en scène, parfois un peu trop théâtrale, avait au moins le mérite de créer une ambiance. Dans Law & Order Toronto, tout semble lisse. Même quand le lieu change, même quand l’intrigue s’approche de sujets sensibles, on reste dans une sorte de neutralité visuelle et narrative. 

 

C’est peut-être voulu, pour coller à un style plus canadien, plus mesuré. Mais à force de ne pas prendre de risque, la série donne l’impression de tourner en rond. Il faut tout de même reconnaître à cet épisode un meilleur sens du rythme. Les scènes dans la prison sont bien découpées, et les confrontations, même si elles restent très “télévisuelles”, apportent une certaine tension. Les murs sont étroits, les regards lourds, et la claustrophobie se fait ressentir par moments. C’est subtil, mais ça fonctionne. On sent aussi que la réalisation a fait un effort pour capter l’atmosphère du lieu, avec des jeux d’ombre, des plans fixes, et une bande sonore plus discrète mais efficace. 

Ces détails rendent l’épisode un peu plus immersif que les précédents. Ce sixième épisode de la saison 2 ne change pas fondamentalement la série, mais il a au moins le mérite de varier un peu la formule. Le cadre carcéral, peu exploré jusqu’ici, apporte une touche différente, même si l’enquête, elle, reste dans des rails bien connus. Le duo principal reste déséquilibré, avec un Graff trop passif et une Bateman sous-exploitée. L’intrigue manque d’audace, mais le décor sauve une partie de l’épisode. Un pas timide dans la bonne direction, sans transformation en profondeur.

 

À ce stade de la saison, on peut espérer que la série continue à explorer d’autres environnements, d’autres types de crimes, et qu’elle ose enfin donner un peu plus de personnalité à ses personnages principaux. Car au-delà de l’efficacité du format, il manque encore cette étincelle qui ferait de Law & Order Toronto plus qu’une simple déclinaison locale.

 

Note : 5/10. En bref, j’apprécie le changement de lieu avec la prison mais dans son ensemble c’est super balisé. Dommage. 

Prochainement sur Universal+

 

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