Critiques Séries : Power Book III: Raising Kanan. Saison 4. Episode 6.

Critiques Séries : Power Book III: Raising Kanan. Saison 4. Episode 6.

Power Book III: Raising Kanan // Saison 4. Episode 6. The Price of Fame.

 

Certaines présences ne disparaissent jamais vraiment, même quand tout le monde les croit mortes. C’est précisément ce que rappelle l’épisode 6 de cette saison : tout ce qui semblait appartenir au passé refait surface, bouleverse les équilibres, et redistribue les cartes sur le terrain. La réapparition de Unique vient cristalliser ce phénomène avec une intensité croissante. Depuis sa pseudo-disparition, Unique rôdait déjà dans l’ombre. Il n’avait jamais quitté la partie. Mais maintenant, il n’est plus question de se cacher. 

 

Il revient, physiquement et symboliquement, dans un monde qui l’a laissé derrière, mais dont il veut reprendre le contrôle. Là où certains auraient tenté de reconstruire autrement, lui s’accroche à cette idée fixe : reprendre ce qu’il considère comme sien. Pourtant, revenir dans un environnement où l’on ne possède ni produit ni entourage n’a rien d’évident. Cela oblige à repenser ses alliances, à manipuler ceux qui ont, comme lui, des comptes à régler avec Raq. C’est dans cette optique qu’il cherche à séduire Teresa Boselli, puis à approcher Phil Russo. 

Le premier contact n’apporte pas grand-chose. Mais Unique n’est pas du genre à lâcher prise. Il revient avec un plan plus solide, des arguments plus tranchants, et surtout une rage froide qui sert de carburant. Ce qui devient clair, c’est que sa perception de Raq est déformée par un ressentiment profond. Il ne cherche pas simplement à prendre sa place. Il veut la voir tomber, peu importe ce que cela lui coûte. Le problème, c’est qu’à force de se concentrer sur sa vengeance, il perd de vue l’évolution de celle qu’il considère encore comme une rivale figée.

 

Raq, de son côté, avance. Avec ses propres projets, ses propres alliances, et l’envie de consolider une position construite sur des bases fragiles mais efficaces. La question n’est plus seulement de gérer l’activité en place, mais de préparer la suite. Et cette suite, elle la prépare sans savoir que le spectre de Unique plane plus proche qu’elle ne l’imagine. Ce qu’elle ignore encore, c’est l’ampleur de la menace. Elle sent bien qu’on sabote ses opérations, elle soupçonne que quelqu’un agit dans son dos, mais elle n’a pas encore identifié son adversaire. 

Quand elle découvrira que Unique est de retour, le choc risque de faire plus que perturber ses plans. Le soutien de Stefano n’est pas éternel. Il est fondé sur des résultats. Et s’il sent que le vent tourne ou qu’un conflit se prépare, il pourrait se montrer moins loyal. Hafiz non plus n’est pas un partenaire acquis à vie. Tout repose sur des équilibres précaires que la moindre étincelle pourrait faire exploser. Ce n’est pas la première fois que Raq et Unique s’affrontent. Mais cette fois, les paramètres ont changé. Lui revient du néant, animé par une haine amplifiée. 

 

Elle est au sommet d’une organisation dont elle contrôle les fondations mais dont les murs commencent à se fissurer. Chacun avance avec des morceaux d’informations, sans avoir le tableau complet. Et c’est là que réside l’intérêt dramatique de l’épisode : dans cette tension permanente entre le connu et l’inconnu. Ce qu’ils ignorent pourrait bien être ce qui les perdra. Ce qui complique les choses, c’est leur passé commun. Il y a eu des sentiments. Peut-être sincères. Peut-être circonstanciels. Peu importe aujourd’hui : ce passé flotte dans l’air, lourd de regrets et d’ambiguïté. 

Unique, malgré sa colère, n’a pas tout à fait effacé cette histoire. Et cela pourrait influencer ses décisions, même s’il ne veut pas l’admettre. Parallèlement à cette guerre silencieuse, une autre mutation s’opère : celle de Jukebox. Saison après saison, ses blessures se sont accumulées. La mort de Nicole, la trahison de sa mère, les tensions avec Marvin… tout cela l’a lentement façonnée, endurcie. Son passage éclair dans l’armée a laissé des traces visibles. Elle en revient avec une assurance nouvelle, une aptitude certaine au maniement des armes, mais aussi une volonté plus marquée d’être elle-même. 

 

Ce qui frappe, c’est la rapidité de son évolution. Ce n’est plus la Jukebox des débuts. Quelque chose s’est brisé définitivement, ou peut-être révélée. La scène de l’entraînement au tir, dans cet épisode, en dit long. Ce n’est pas un simple exutoire. C’est une affirmation. Elle découvre une compétence, mais aussi un moyen d’exister dans un monde où elle se sent constamment en danger. Ce basculement, d’abord intime, va vite trouver des résonances concrètes dans la rue. La mort de Famous marque un tournant. Pas seulement pour Kanan, mais pour tout l’univers de la série. 

Même si leur relation s’était distendue, ce lien d’enfance gardait une importance symbolique forte. Perdre Famous, c’est perdre une partie de soi. Et cette perte devient un déclencheur. Kanan n’exprime pas facilement ses émotions. Mais ici, sa colère est traversée par une tristesse profonde. Elle alimente un désir de vengeance diffus, qui ne demande qu’à se concrétiser. Dès que la moindre piste se dessine, il agit. Sans réfléchir. Comme si l’action seule pouvait faire taire la douleur. Jukebox, elle aussi, est emportée par cet élan. Le duo qu’ils forment dans l’épisode est marquant. 

 

Deux figures en voie de radicalisation, poussées par la perte, par l'incompréhension, par ce besoin de rétablir un ordre qu’ils ne maîtrisent plus. La scène de l’interrogatoire improvisé montre un autre visage de Jukebox. Froid, déterminé, presque inquiétant. Ce n’est plus seulement une adolescente abîmée. C’est une femme dangereuse, capable de tout. Et c’est peut-être ce qui effraie le plus Marvin, lorsqu’il tente un rapprochement maladroit. Marvin regarde sa fille glisser vers un monde qu’il connaît trop bien. Il voit les signes, mais ne parvient pas à les enrayer. 

Il aurait voulu autre chose pour elle. Il a toujours rêvé d’une trajectoire différente, faite de musique, d’espoir, de choses simples. Mais il est rattrapé par sa propre histoire, ses erreurs, ses absences. Le dialogue qu’il tente d’ouvrir avec Jukebox est touchant dans sa maladresse. Il ne sait pas comment l’aider, et elle ne lui laisse pas vraiment d’espace. Leurs blessures respectives les empêchent de se rejoindre. Pourtant, l’émotion est là, palpable, presque violente. Ce que Marvin redoute, c’est que sa fille suive exactement son chemin. Et ce qu’il commence à comprendre, c’est qu’il est peut-être déjà trop tard pour l’en détourner.

 

Ce sixième épisode joue avec la frustration du spectateur. Les réponses attendues n’arrivent pas tout de suite. Les coupables restent flous. Les confrontations majeures sont repoussées. Mais cette lenteur est volontaire. Elle permet d’installer une atmosphère lourde, chargée d’attentes. Tout semble prêt à exploser. Les alliances se fragilisent. Les conflits internes s’exacerbent. Et chacun avance en aveugle, croyant maîtriser une situation qui lui échappe. C’est cette désynchronisation entre la perception et la réalité qui rend l’épisode aussi percutant.

Derrière la tension, il y a cette idée récurrente dans la série : personne n’échappe à ce qu’il est. Même en voulant changer, en fuyant, en se cachant, tout finit par revenir. Les fantômes du passé sont là pour le rappeler.

 

Note : 6.5/10. En bref, ce sixième épisode joue avec la frustration du spectateur. Les réponses attendues n’arrivent pas tout de suite. Les coupables restent flous. Les confrontations majeures sont repoussées. Mais cette lenteur est volontaire. Elle permet d’installer une atmosphère lourde, chargée d’attentes. 

Prochainement en France

 

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