21 Octobre 2025
Brilliant Minds // Saison 2. Episode 5. Once Upon a Time in America.
Après plusieurs épisodes inégaux, Brilliant Minds semble vouloir renouer avec une veine plus émotionnelle dans « Once Upon a Time in America ». Ce cinquième épisode de la saison 2 tente de remettre le cœur au centre du récit, en faisant du docteur Josh Nichols le pivot d’une intrigue aussi tragique que tendue. Et si l’émotion revient enfin, quelque chose continue pourtant de manquer : cette étincelle narrative et humaine qui faisait la force de la première saison. Dès les premières minutes, l’épisode installe une atmosphère lourde : Nichols, épuisé, nettoie une salle d’opération ensanglantée. L’image parle d’elle-même – on comprend immédiatement que l’heure sera à la culpabilité et au deuil.
Le flashback qui suit nous ramène dix-sept heures plus tôt, lorsque deux frères, Jorge et Benny, chutent d’un gratte-ciel et sont transportés d’urgence à l’hôpital. Ce point de départ spectaculaire aurait pu sombrer dans le sensationnalisme, mais la série choisit plutôt de s’intéresser à la douleur intime : celle de Nichols, obligé de gérer deux chirurgies impossibles, tout en assumant son nouveau rôle de chef médical. L’épisode repose presque entièrement sur ses épaules, et Teddy Sears livre une prestation d’une sobriété remarquable, traduisant à la fois la fatigue et l’entêtement du chirurgien. Pourtant, au-delà de cette tension opératoire, l’intrigue secondaire, centrée sur la mère des deux victimes, Ana, prend le dessus.
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Cette femme profondément croyante, incapable de pardonner à l’un de ses fils d’avoir rejeté sa foi, cristallise tout le conflit moral de l’épisode : la foi contre la science, la compassion contre la rancune. Sa relation brisée avec Benny, aggravée par le trouble neurologique qui le prive soudainement de sa langue maternelle, offre quelques scènes fortes, mais le procédé finit par perdre de sa force à mesure que le scénario s’éparpille. La symbolique du langage et de la traduction – très présente à travers Ericka et la nouvelle infirmière Silva – se veut subtile, mais paraît parfois trop démonstrative. Il y a cependant de beaux instants, notamment ce passage silencieux où Nichols et Wolf nettoient ensemble le sang après l’échec de l’opération.
Dans ce mutisme, la série retrouve brièvement ce qu’elle avait perdu : la pudeur, la simplicité et l’humanité qui transcendaient les cas médicaux de la première saison. Malheureusement, cette justesse ne dure pas. Le twist final, où Ana gifle Nichols avant de lui arracher le pendentif religieux qu’elle lui avait confié, cherche à choquer mais finit par sonner comme une cruauté gratuite. Le scénario, trop soucieux de surprendre, oublie que la tragédie fonctionne mieux lorsqu’elle respire. L’épisode brille davantage quand il s’intéresse aux dynamiques internes de l’hôpital. Le duo Wolf-Nichols, désormais débarrassé de la tension amoureuse explicite, trouve une nouvelle maturité.
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Leur complicité professionnelle remplace la passion, et cela donne lieu à des échanges d’une intensité calme, bien plus crédibles que les scènes plus « mélo » du passé. De même, les seconds rôles – Ericka, Dana, Carol – bénéficient d’un espace plus vivant. L’arrivée du personnage de Silva apporte un souffle différent : un peu d’humour, une énergie sociale, et une nouvelle manière d’humaniser l’hôpital. Ces respirations sont essentielles dans un épisode aussi lourd. Pourtant, tout cela ne suffit pas à retrouver la magie des débuts. Là où la première saison parvenait à marier complexité psychologique et suspense médical, cette deuxième année peine encore à équilibrer ses ambitions.
Le rythme se dilue dans les intrigues parallèles, certaines émotions paraissent forcées, et la série semble parfois se regarder fonctionner plutôt que de se laisser porter par son instinct. Ce déséquilibre se ressent surtout dans la façon dont les arcs secondaires se greffent sur le drame central : intéressants sur le papier, mais incapables de trouver une vraie résonance avec le thème principal. « Once Upon a Time in America » reste malgré tout un épisode important, car il marque un tournant : pour la première fois cette saison, Brilliant Minds assume pleinement la douleur et la vulnérabilité de ses personnages, sans chercher à les sauver.
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Nichols n’est plus un héros infaillible, Wolf n’est plus un génie romantisé ; tous deux apparaissent comme des hommes usés, imparfaits, mais encore profondément humains. Ce retour à la vérité des émotions était nécessaire. Cependant, je n’ai pas retrouvé la spontanéité ni la finesse d’écriture qui rendaient la saison 1 si percutante. Cet épisode émeut, mais il ne bouleverse pas. Il touche juste par moments, puis retombe dans un académisme télévisuel, trop soucieux d’être poignant pour l’être vraiment.
Note : 6/10. En bref, Brilliant Minds retrouve un peu de son cœur, certes, mais pas encore son âme.
Prochainement en France
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