Critique Ciné : The Senior (2025, direct to VOD)

Critique Ciné : The Senior (2025, direct to VOD)

The Senior // De Rod Lurie. Avec Michael Chiklis, Mary Stuart Masterson et Rob Corddry.

 

Les histoires de seconde chance ont toujours eu une place privilégiée dans le cinéma américain. Des drames sportifs comme Rudy ou The Blind Side ont bâti leur succès sur cette idée qu’il n’est jamais trop tard pour se racheter. Avec The Senior, Rod Lurie tente d’emprunter cette voie en racontant l’histoire vraie de Mike Flynt, un homme de 59 ans qui décide de retourner sur le terrain de football universitaire qu’il avait quitté des décennies plus tôt. Un pitch inspirant, taillé pour un film de dépassement de soi, mais qui, malgré une base prometteuse, peine à trouver sa propre voix.

 

Basé sur une histoire vraie. Il y a 37 ans, Mike Flynt a été renvoyé de son équipe de football universitaire pour une altercation avec un autre coéquipier. Aujourd'hui âgé de 59 ans, Mike continue de porter ce fardeau. Quand il apprend qu'il lui reste une année d'admissibilité pour entrer en fac, il décide de retourner à l'école pour obtenir son diplôme et tenter de rejoindre l'équipe pour racheter sa faute passée.

 

The Senior retrace le parcours de Mike Flynt, expulsé de son équipe et de son université dans les années 70 pour cause de bagarres à répétition. Près de quarante ans plus tard, hanté par ce passé et toujours obsédé par son tempérament impulsif, il décide de revenir à Sul Ross State University pour finir ce qu’il a commencé : son diplôme, mais surtout sa dernière saison de football. Le film cherche à transmettre un message simple : il n’est jamais trop tard pour corriger ses erreurs. Mais en se contentant d’aligner les clichés du genre — le vieil homme contre les jeunes, l’épouse inquiète mais aimante, le coach sceptique mais attendri — le récit finit par manquer de profondeur.


Tout semble calibré pour inspirer, sans jamais creuser les émotions qu’il évoque. S’il y a une chose que The Senior réussit, c’est son casting. Michael Chiklis incarne Mike Flynt avec une crédibilité physique évidente. Le voir en short sur le terrain, tenant tête à des étudiants d’une vingtaine d’années, ne paraît pas absurde. Chiklis apporte un certain poids, une vraie présence d’homme cabossé qui tente de réparer ce que la vie — et son propre tempérament — a abîmé. Mais malgré cet engagement sincère, son jeu reste bridé par un scénario trop mécanique. On comprend ses blessures, sa colère, son besoin de rédemption, mais rien n’est vraiment approfondi. 

 

Même les flashbacks censés expliquer sa relation violente avec son père ou son passé de bagarreur restent en surface. Chiklis fait ce qu’il peut, mais le film lui offre trop peu d’espace pour nuancer son personnage. Le réalisateur Rod Lurie connaît son métier. Il sait filmer la sueur, les entraînements sous le soleil texan, les discussions dans le vestiaire. Mais tout est trop propre, trop attendu. Les séquences de football n’ont ni la tension d’un match décisif ni la beauté visuelle qu’on attend d’un film de sport. Le spectateur a droit à quelques montages d’entraînement, un discours motivant dans le vestiaire, une blessure dramatique et un retour triomphal. Le cahier des charges est rempli, mais sans surprise ni émotion durable.

 

Même la photographie contribue à cette impression de platitude : une image grise, terne, sans la chaleur ni la vigueur qu’on pourrait espérer d’un récit se déroulant sous le soleil du Texas. Résultat : The Senior ressemble davantage à un téléfilm de bonne facture qu’à un long-métrage de cinéma. Distribué par Angel Studios, connu pour ses films à thématique chrétienne, The Senior aurait pu explorer la dimension spirituelle du pardon et du dépassement de soi. Pourtant, la foi, ici, n’est qu’un détail anecdotique. Une Bible fait une brève apparition dans une scène domestique, puis disparaît aussitôt. Aucune vraie réflexion spirituelle, aucun lien entre la rédemption du héros et une croyance ou une quête intérieure. 

 

On sent que cette dimension a été ajoutée pour coller à l’image du studio, sans conviction réelle. Un choix frustrant pour ceux qui s’attendaient à une histoire de foi autant qu’à une histoire de sport. The Senior veut être à la fois un film de sport, un drame familial, et une histoire de pardon intergénérationnel. Mais à force de vouloir aborder tous ces thèmes, il n’en traite vraiment aucun. La relation entre Mike et son fils Micah, par exemple, aurait pu être le cœur émotionnel du film. Ce fils intellectuel, en opposition à son père impulsif, incarne une autre forme de masculinité, plus pacifique, plus cérébrale. Mais leurs confrontations manquent de relief. On comprend leur désaccord, sans jamais en ressentir le poids. 

 

Même constat pour la relation avec Eileen, l’épouse fatiguée mais loyale. Mary Stuart Masterson joue juste, mais son personnage reste cantonné au rôle classique de la femme inquiète, prête à pardonner sans explication claire. Quant au football, censé symboliser la lutte intérieure de Mike, il devient un simple décor. On ne ressent ni la passion du sport ni la tension des matchs. Il faut reconnaître une chose à The Senior : il n’est pas cynique. Le film croit vraiment à son message de rédemption et de persévérance. Il cherche à émouvoir, à inspirer, à rappeler qu’il est possible de changer, même tard dans la vie.


Mais cette sincérité ne suffit pas à masquer son manque d’âme. Chaque scène semble construite pour cocher une case — l’émotion, la morale, le sport, la famille — sans jamais aller au fond des choses. Même la fin, censée offrir un moment de catharsis, sonne creux. Oui, Mike Flynt parvient à rejouer. Oui, il retrouve une forme de paix. Mais tout arrive sans véritable tension dramatique. La trajectoire du personnage semble tracée dès le départ, et le film ne prend jamais le risque de la dévier. The Senior aurait pu être un grand film sur le pardon, la vieillesse et la transmission. Il se contente d’être un drame sportif convenu, adouci par de bonnes intentions mais freiné par une écriture paresseuse.


Michael Chiklis fait de son mieux, Mary Stuart Masterson tient la route, Rod Lurie filme proprement, mais tout reste au service d’un récit trop lisse pour émouvoir. Le vrai Mike Flynt méritait sans doute un film à la hauteur de sa folie douce et de sa ténacité. Celui-ci se regarde sans déplaisir, mais il ne laisse pas grand-chose une fois les lumières rallumées.

 

Note : 4/10. En bref, The Senior aurait pu être un grand film sur le pardon, la vieillesse et la transmission. Il se contente d’être un drame sportif convenu, adouci par de bonnes intentions mais freiné par une écriture paresseuse.

Prochainement sur Amazon Prime Video

 

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