Critiques Séries : DOC (2025). Saison 2. Episode 3.

DOC (2025) // Saison 2. Episode 3. New Blood.

Le troisième épisode de cette nouvelle saison de DOC (2025) commence sans détour. Après les bouleversements des deux premiers épisodes, l’arrivée officielle de Joan Ridley à la tête de la médecine interne transforme définitivement la dynamique de l’hôpital. Son autorité, son intelligence et surtout sa manière très particulière de gérer son équipe imposent une nouvelle tension dans les couloirs de Westside. Dès ses premières décisions, Joan montre qu’elle n’est pas là pour observer, mais pour reprendre le contrôle. Son premier jour en tant que cheffe ne se déroule pourtant pas sans heurts. Amy, toujours fragile à cause de son traitement expérimental de stimulation magnétique transcrânienne, se retrouve impliquée dans un cas délicat et moralement complexe. 

Ce dossier devient rapidement le terrain d’affrontement entre Joan et Gina. Leurs désaccords dépassent la simple divergence médicale : ils révèlent des blessures anciennes et une rivalité plus profonde que ce qu’elles laissent paraître. Lorsque Joan remet en cause les choix de Gina, cette dernière lui reproche de n’avoir jamais compris Amy, encore moins de lui avoir voulu du bien. Ce dialogue, tendu et personnel, expose les fractures qui traversent le trio féminin au cœur de la série. Joan, dans son nouveau rôle, impose une méthode rigide, presque chirurgicale. Elle ne tolère ni improvisation ni écart, et cela se ressent dans chacune de ses interactions. Sa manière d’exercer le pouvoir contraste avec celle d’Amy, plus intuitive, plus humaine, parfois même impulsive. 

Entre elles, le climat devient électrique, surtout lorsque Joan lui rappelle qu’elle est désormais sous observation, comme tout le reste du personnel. Amy, piquée au vif, lui répond qu’elle ferait bien de ne pas trop s’installer dans un fauteuil qui n’a jamais été fait pour elle. Ce simple échange en dit long sur la guerre silencieuse qui s’annonce entre les deux femmes. En parallèle, Amy continue ses séances de TMS. Les résultats sont visibles : les souvenirs refont surface, mais à un prix élevé. Maux de tête, saignements de nez et épuisement émotionnel accompagnent ces réminiscences fragmentées. Chaque flash devient un combat contre elle-même. Les souvenirs du passé reviennent avec plus d’intensité, et ce qu’ils révèlent trouble profondément son entourage. 

Amy se souvient notamment d’une conversation où Joan l’avait poussée à quitter Michael. Cette image, qui jusque-là semblait floue, prend une signification nouvelle. Joan n’était peut-être pas seulement une figure de mentorat ; elle pourrait aussi avoir influencé certaines des décisions les plus douloureuses de sa vie. Mais le souvenir qui la bouleverse le plus concerne Jake. Lors d’une discussion, Amy évoque à demi-mot un moment où Sonya aurait avoué ses sentiments à Jake, un secret qu’il aurait préféré ignorer. Pendant qu’elle en parle, une autre image remonte brutalement : celle du jour de l’accident, quand Jake lui avait déclaré son amour. Ce souvenir ravive une émotion vive, entre regret et espoir. 

Leur relation, déjà mise à rude épreuve, retrouve un élan à la fois tendre et dangereux. Leur baiser, à la fois passionné et maladroit, marque une frontière difficile à franchir. Amy veut croire qu’elle peut réparer ce qui a été brisé, mais Jake semble encore partagé entre son amour et la méfiance née des blessures récentes. De son côté, Michael vit aussi difficilement le retour des souvenirs d’Amy. Sa femme Nora perçoit le malaise sans le comprendre entièrement. La tension qui s’installe dans leur foyer laisse deviner que les émotions de Michael pour Amy ne se sont jamais totalement éteintes. Il paraît craindre que la vérité sur leur passé ne refasse surface, comme si quelque chose d’inavoué le liait encore à elle.

L’épisode trouve aussi une grande force dans son cas médical central. Claire Pinto, une patiente atteinte de sclérose en plaques, arrive à l’hôpital dans un état critique. Son secret est rapidement découvert : elle se soigne depuis des mois avec un traitement expérimental à base de cellules souches obtenu illégalement au Mexique. Ces injections, censées ralentir la maladie, mettent en réalité sa vie en danger. Ce cas illustre parfaitement le thème récurrent de la série : jusqu’où peut aller un malade pour reprendre le contrôle sur son propre corps ? Claire refuse d’abandonner ce traitement, convaincue qu’il l’aide plus que tout ce que la médecine officielle lui propose.

Amy comprend cette détresse mieux que quiconque. Elle reconnaît en Claire la même obstination qui l’anime : ce besoin de se battre pour ne pas être définie par une faiblesse ou une perte. Mais son empathie la pousse une fois de plus au-delà des limites. Malgré les ordres de Joan, elle décide de lui administrer une nouvelle dose du traitement, croyant sincèrement agir pour son bien. La décision tourne au drame. Claire fait une hémorragie massive, et Amy doit admettre devant Jake et Joan qu’elle a enfreint les protocoles. Cet acte d’insubordination lui vaut une violente mise au point. Joan, glaciale, lui rappelle qu’elle n’est plus intouchable et que chaque erreur pourrait lui coûter sa carrière.

Ce moment d’affrontement entre les deux femmes résume parfaitement la tension de la série. Amy agit par instinct et compassion, quitte à se brûler, tandis que Joan raisonne en stratège, prête à sacrifier l’émotion au nom de la discipline. Leur relation se révèle d’autant plus complexe qu’un secret vient bouleverser cette dynamique. Dans un flashback, Joan confie à Amy qu’elle est atteinte d’un syndrome myélodysplasique, une maladie rare du sang qui pourrait évoluer en leucémie. La révélation change tout. Derrière la façade de contrôle, Joan cache une fragilité qu’elle refuse d’admettre. Sa peur de perdre la main, au sens propre comme au figuré, explique sa volonté farouche de dominer son environnement.

Cette révélation humanise Joan sans pour autant la rendre innocente. Elle continue de représenter une menace pour Amy, mais d’une nature plus subtile. Si elle contrôle tant, c’est peut-être parce qu’elle se sait déjà condamnée à lâcher prise un jour. À la fin de l’épisode, lors d’un discours solennel devant tout le personnel, elle annonce la mise en place d’évaluations individuelles. Dans les deux mois à venir, chaque médecin sera examiné, et certains ne seront pas conservés. Ce message, sous couvert de rigueur professionnelle, ressemble davantage à une mise en garde. Joan établit ainsi son règne, fondé sur la peur et la performance.

Cet épisode, sobrement intitulé « New Blood », explore à merveille la question du pouvoir et de la mémoire. Joan représente l’autorité qui cherche à tout maîtriser, tandis qu’Amy incarne la vulnérabilité d’une femme qui tente de retrouver la vérité, même si elle dérange. Leur affrontement dépasse la simple hiérarchie hospitalière : il devient une lutte entre deux visions du soin, de la loyauté et du courage. J’ai trouvé cet épisode particulièrement fort dans la manière dont il relie les intrigues personnelles et médicales. Le cas de Claire fait écho au combat intérieur d’Amy, prisonnière de ses propres choix passés. Joan, malgré sa froideur, n’est pas l’ennemie caricaturale qu’on pourrait attendre. 

Elle aussi se bat contre la fatalité, même si sa façon de le faire est plus dure, plus calculée. Quant à Jake, son mélange de colère et d’attachement montre combien il reste vulnérable face à Amy, malgré la distance qu’il tente d’imposer. DOC (2025) continue, avec cet épisode, de creuser la complexité de ses personnages. Derrière les diagnostics et les opérations, c’est surtout une série sur la mémoire, la responsabilité et les cicatrices invisibles. Amy avance, mais chaque pas vers la vérité semble la rapprocher d’une nouvelle perte. Et maintenant que Joan a officiellement pris le pouvoir, il est clair qu’aucune de ces deux femmes n’est prête à céder du terrain.

Note : 8/10. En bref, cet épisode, sobrement intitulé « New Blood », explore à merveille la question du pouvoir et de la mémoire.

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