8 Octobre 2025
Stay // De Jas Summers. Avec Patrick Cloud, Megalyn Echikunwoke et Brandon Firla.
Ah, Stay. Ce film qui réussit l’exploit rare de transformer un huis clos surnaturel en sieste collective. Présenté comme un thriller psychologique pour la saison Huluween, il se révèle être une longue discussion de couple coincée entre deux meubles Ikea. Si le but de Hulu était d’offrir un moment d’angoisse, mission accomplie : l’angoisse vient à l’idée qu’il reste encore une heure de film. L’histoire suit Kiara, autrice spécialisée dans la spiritualité africaine, et Miles, ancien combattant de MMA reconverti en gérant de salle de sport. Leur couple bat de l’aile, et pour arranger les choses, ils se retrouvent enfermés dans leur maison. Les portes refusent de s’ouvrir, les fenêtres ne cèdent pas.
Un couple au bord de la rupture commence à rencontrer des forces surnaturelles qui les obligent à lutter pour leur survie.
On croit tenir un Get Out domestique, ou une version contemporaine de Les Autres. Mais non. Rien ne se passe. Littéralement. La maison aurait pu être un personnage à part entière, symbole de leurs blessures et de leurs secrets. Au lieu de ça, c’est juste un décor vide où deux personnes se parlent comme dans une séance de thérapie filmée. À force de tourner en rond, ils finissent par épuiser tout suspense. Le spectateur, lui, cherche mentalement une issue de secours, ou à défaut, la télécommande. Classer Stay dans la catégorie “Huluween” (période d’octobre où Hulu sort plusieurs films d’horreur) relève de la mauvaise blague. S’il s’agit d’un film d’horreur, alors Love Actually est un film de zombies.
Le surnaturel se limite à quelques bruits étranges, des miroirs mystérieux et deux-trois lumières qui clignotent. Rien qui ne fasse frémir, sinon d’impatience. À la place, le film préfère s’enliser dans des dialogues interminables sur la douleur, la perte et les non-dits du couple. C’est moins un thriller qu’un épisode de thérapie de groupe filmé à la bougie. Même la mise en scène semble anesthésiée. Jas Summers filme tout de la même façon : disputes, silences, moments d’émotion… Le résultat est si plat qu’un plan sur une poignée de porte devient soudain passionnant. Dès les premières minutes, le film aligne des indices si voyants qu’on devine la fin avant même la moitié.
Et quand arrive enfin la grande révélation, censée bouleverser la perception du spectateur, tout tombe à plat. Pas de surprise, pas de frisson, juste la confirmation que tout ça menait exactement là où on s’y attendait. Les personnages se débattent dans un scénario qui coche les cases : traumatisme enfoui, symboles mystiques, flashbacks confus et bien sûr, un miroir magique censé faire réfléchir. Mais à force de vouloir être profond, Stay finit par ressembler à un exercice de style sans fond. Ce n’est pas de la complexité, c’est juste du flou. Et le pire, c’est qu’on sent bien qu’il croit être intelligent. Megalyn Echikunwoke et Mo McRae font ce qu’ils peuvent. Ils jouent avec sincérité, mais comment incarner un couple crédible quand tout sonne faux autour d’eux ?
Elle tente d’être intense, il essaie d’être tourmenté, et tous deux finissent prisonniers d’un texte qui tourne à vide. Leur relation, censée être le cœur émotionnel du film, manque de rythme et d’enjeu. Les scènes s’étirent, les dialogues s’enchaînent sans direction, et la tension disparaît sous le poids de la répétition. On se surprend à rêver qu’un fantôme vienne secouer un peu tout ça, ne serait-ce que pour changer de ton. La caméra flotte sans but dans des couloirs vides, la musique tente de créer du mystère, mais tout sonne creux. Rien ne vient vraiment perturber la tranquillité d’un décor qui semble sorti d’un catalogue de location Airbnb. Il y a bien des moments censés créer le malaise – un son étouffé, un regard dans le vide, un plan sur un miroir – mais tout arrive sans conviction.
Même les effets censés symboliser le passage entre deux mondes ressemblent à des transitions ratées. Arrive enfin la scène de révélation. L’instant où tout devrait s’éclairer. Sauf qu’à la place, on découvre un twist si convenu qu’il ressemble à la fin d’un épisode de série diffusé un dimanche après-midi. Le film veut parler de deuil, de rédemption et de pardon. Il veut nous émouvoir, mais tout sonne faux, forcé, mécanique. Le spectateur comprend ce que le réalisateur voulait faire, mais n’y croit plus. L’émotion semble dictée, pas vécue. Et le fameux message spirituel se perd dans un brouillard de symboles creux et de métaphores inutiles. Quand le générique démarre, la seule émotion réelle, c’est le soulagement.
Le plus triste dans Stay, c’est qu’il y avait de quoi faire. Le concept d’un couple enfermé, obligé d’affronter ses démons, pouvait donner un huis clos tendu et psychologique. Mais entre l’écriture maladroite, la mise en scène molle et les symboles martelés à coups de marteau, le film s’effondre sur lui-même. Même son marketing joue contre lui. En l’intégrant à la sélection Huluween, Hulu a attiré un public de fans d’horreur… pour leur livrer un drame conjugal à peine teinté de surnaturel. Résultat : les amateurs de frissons s’ennuient, et ceux qui espéraient un drame intense n’y trouvent pas plus leur compte. C’est un film coincé entre deux genres, et qui finit par rater les deux. Trop bavard pour être effrayant, trop creux pour être touchant.
Note : 1/10. En bref, Stay voulait explorer la frontière entre amour et douleur, entre réel et spirituel. Ce qu’il explore vraiment, c’est la patience du spectateur. Jas Summers signe un film qui se prend au sérieux sans jamais offrir de raison de s’y intéresser. Un film qui s’appelle Stay mais qu’il aurait mieux valu intituler… Stay... Away.
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