29 Octobre 2025
The Morning Show // Saison 4. Episode 7. Person of Interest.
L’épisode 7 de la saison 4 de The Morning Show, intitulé « Person of Interest », fonctionne comme un carrefour. Les intrigues entamées depuis le début de la saison convergent enfin, et les mensonges accumulés commencent à se retourner contre ceux qui les ont construits. Après le départ de Stella et le scandale de l’intelligence artificielle, la chaîne UBN se retrouve au bord du gouffre, tiraillée entre crises d’image et manipulations internes. Dans ce chaos, certains personnages montrent leurs limites, d’autres leur cynisme. La réapparition de Claire Conway agit comme une onde de choc. Son simple nom, déjà évoqué plus tôt dans la saison, suffisait à troubler Yanko.
La voir revenir dans sa vie, recherchée par le FBI, transforme cette tension en tempête. L’ex-journaliste devenue fugitive est désormais au centre d’un dossier explosif lié à Extinction Revolt, ce groupe écologiste accusé d’avoir provoqué un incendie meurtrier sur une plateforme pétrolière. Yanko se retrouve pris au piège entre ses sentiments et sa conscience professionnelle. En hébergeant Claire, il sait qu’il met sa carrière en danger, mais la culpabilité et la nostalgie brouillent son jugement. Cette intrigue redonne une épaisseur inattendue à un personnage souvent secondaire, en révélant sa faiblesse et son besoin de réparation. Pourtant, ce geste d’humanité l’entraîne dans un engrenage où tout finit par se retourner contre lui.
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Bradley, de son côté, devient le maillon le plus instable de cette chaîne. Pressée par le FBI, contrainte de livrer Claire pour éviter la prison, elle tente de concilier loyauté et survie. Ce dilemme moral, déjà esquissé lors de l’affaire de son frère Hal, trouve ici une résonance encore plus amère. La vérité n’a plus la même valeur pour elle ; elle est devenue une marchandise qu’il faut négocier. Depuis plusieurs épisodes, Bradley navigue dans une zone grise où le bien et le mal se confondent. Sa collaboration avec le FBI pour effacer ses fautes passées la poursuit, et chaque nouvelle décision semble creuser davantage son trou moral. Lorsqu’elle choisit de trahir Claire, le geste n’a rien d’un sacrifice héroïque.
C’est un réflexe de survie, brut, presque instinctif. Cette trahison renvoie directement à la scène finale, lorsque Claire est arrêtée sous les projecteurs du plateau. Le contraste entre la lumière du studio et la noirceur du moment dit tout : le spectacle continue, même quand les vies s’effondrent en coulisse. Bradley reste debout, mais son regard vide traduit la perte de tout repère. Elle n’est plus journaliste, encore moins témoin ; elle est devenue une actrice dans une pièce qu’elle ne contrôle plus. Ce basculement ne surprend plus vraiment. La série, depuis le début de la saison 4, explore cette idée que les héros d’hier deviennent complices du système qu’ils dénonçaient.
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Bradley incarne parfaitement cette dérive : elle voulait révéler la vérité, elle la manipule désormais pour s’en sortir. Pendant que Bradley s’enfonce, Alex tente de se maintenir à flot. Le scandale provoqué par Stella l’a laissée exposée, et Kabir, le journaliste du Times, semble prêt à rouvrir les plaies de son passé médiatique. C’est finalement Bro Hartman, le nouveau visage de la chaîne, qui détourne la tempête. En acceptant de livrer un portrait personnel à la place d’un article à charge contre UBN, il transforme une attaque en opportunité. Ce geste rapproche Alex et Bro, le temps d’une soirée qui tourne rapidement à une désillusion. Leur relation, bâtie sur un mélange de complicité et de provocation, révèle ses failles dès le lendemain.
Alex chasse Bro sans un mot, comme si elle réalisait soudain l’absurdité de cette proximité. Ce moment dit beaucoup de sa trajectoire actuelle : tout ce qu’elle touche se transforme en tension, tout ce qu’elle cherche à maîtriser finit par lui échapper. L’épisode met en parallèle les parcours d’Alex et de Bradley. L’une se bat pour garder la face, l’autre pour sauver sa peau. Les deux se ressemblent plus qu’elles ne veulent l’admettre : chacune s’enferme dans des mensonges qu’elle justifie au nom de la nécessité. En arrière-plan, la bataille pour le pouvoir à UBN continue. Celine renforce son emprise sur la chaîne, tandis que Ben, son exécutant docile, tente maladroitement de gérer une équipe qui ne le respecte plus.
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La scène du karaoké, avec Chip qui chante « You Don’t Own Me » face à Alex, a quelque chose d’ironique : un cri de rébellion dans un monde où tout le monde obéit à quelqu’un. Mia, de son côté, poursuit son ascension discrète. Grâce aux documents laissés par Stella, elle obtient enfin un levier de négociation face à Ben et Celine. Ce jeu d’équilibre entre compromission et stratégie illustre bien le climat général : chacun possède une part de vérité compromettante sur l’autre, et la survie dépend de la capacité à l’utiliser au bon moment. Le destin de Yanko, lui, prend une tournure presque tragique. Entre la nostalgie de son histoire avec Claire et son engagement envers Ariana, il finit par choisir la stabilité.
Sa demande en mariage ressemble moins à une preuve d’amour qu’à un geste de désespoir. Il sait qu’il perd quelque chose d’essentiel, mais il préfère s’accrocher à une image rassurante de lui-même. Le discours qu’il adresse à Ariana — « la seule vie que je veux est celle que je peux avoir avec toi » — sonne comme un aveu de résignation. Ce choix marque la fin d’un cycle pour lui : celui de la passion et du risque. Désormais, il se contente d’exister dans la façade du présentateur modèle, tout en sachant que sa vérité reste ailleurs, dans ce qu’il a renoncé à défendre. The Morning Show a toujours excellé dans l’art du désordre. Cet épisode le prouve une fois encore : tout avance à la limite de la cohérence, mais tout reste ancré dans une réalité émotionnelle.
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Derrière les intrigues multiples, une idée persiste — celle de l’imposture, individuelle et collective. Chacun trahit à sa manière : Bradley son amie, Alex ses principes, Yanko ses émotions. Même les gestes de loyauté deviennent suspects, parce qu’ils servent toujours un intérêt caché. Ce mélange d’ambition, de peur et de fatigue donne à l’épisode une atmosphère dense, presque étouffante. Avec « Person of Interest », la série continue de creuser ce qu’elle a amorcé depuis le départ de Stella : la désillusion totale. Plus personne n’incarne la vérité, et même ceux qui prétendent encore la chercher semblent avoir renoncé à la trouver. Ce septième épisode ne cherche pas à offrir de rédemption. Il observe, sans excès, des personnages enfermés dans leurs contradictions.
Ce qui se joue ici n’est plus la quête d’un scoop ou d’une victoire médiatique, mais une lutte silencieuse pour ne pas sombrer complètement. Dans cette tempête d’images, de deals et de mensonges, il ne reste qu’une certitude : à force de vouloir maîtriser la narration, chacun finit par en devenir prisonnier.
Note : 6.5/10. En bref, avec « Person of Interest », la série continue de creuser ce qu’elle a amorcé depuis le départ de Stella : la désillusion totale. Plus personne n’incarne la vérité, et même ceux qui prétendent encore la chercher semblent avoir renoncé à la trouver.
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