Critiques Séries : Black Mirror. Saison 6. Episode 2. Loch Henry.

Black Mirror // Saison 6. Episode 2. Loch Henry.

Lorsque je me suis lancé dans ce second épisode, j’ai tout de suite eu un écho : j’ai déjà vu « Loch Henry » quelque part. Puis j’ai repensé à l’écran de Streamberry dans le premier épisode et une fois de plus, voici une fiction du service de streaming. Il y a un côté ultra meta à cette affaire sans parler des autres références que « Loch Henry » peut faire aux épisodes précédents de la série. Outre « The Callow Years » qui est cité pour la seconde fois, nous avons une référence à « Demon 79 » (cet épisode en noir et blanc ultra terrifiant avec ce chien robot), à « The Waldo Moment », « Playtest » ou encore « 15 Million Merits » la compétition de talents. Si la saison entière a été construire autour de tout ça, je dois avouer que c’est malin et la preuve que Charlie Brooker avait une vraie idée globale pour les cinq épisodes de cette saison (et pas un assemblage douteux d’épisodes). Je sais qu’il a toujours aimé faire des références aux précédents épisodes de sa série mais c’est ici fait de façon ultra maline. 

Dans « Loch Henry », un jeune couple se rend en Ecosse dans une petite ville afin de travailler sur un documentaire. Il y a de ça quelques années, un jeune couple avait été mutilé et un homme arrêté. Les fameux true crime de Netflix sont donc ici l’inspiration première de cet épisode mais rapidement, Black Mirror veut s’en dépêtrer afin d’offrir quelque chose qui s’inspire clairement du genre horrifique plus que de la technologie. Sam Miller (Luther, I May Destroy You) reprend dans son visuel l’ambiance poisseuse de la petite ville écossaise avec un monstre qui dort. Si la référence est claire au monstre du Loch Ness, l’épisode en lui-même ressemble plus à une mauvaise légende urbaine racontée dans un PMU qu’à un épisode consciemment réfléchi. Il faut tout de même attendre la seconde partie de l’épisode pour voir celui-ci créer un peu de tension dramatique qui engage le téléspectateur. Le début de l’épisode ressemble à de nombreux films d’horreur : Loch était une ville remplie de touriste jusqu’au drame du couple en lune de miel. 

Il est clair au début de cet épisode que Black Mirror veut se moquer de notre obsession pour les true crime (et leur succès sur Netflix - ici Streamberry -). Lorsque Pia dit pouvoir absolument changer de fusil d’épaule quant au sujet de leur documentaire (auparavant sur un homme qui s’occupe d’oiseaux). Pia veut rendre hommage aux victimes et faire les choses bien plutôt que de tomber dans le sensationnalisme à outrance. L’histoire aurait pu être bonne si l’affaire en elle-même l’était suffisamment. Je n’ai pas été totalement convaincu malgré un solide casting et des idées ici et là qui maintiennent notre envie d’aller au bout. Dans un sens, Charlie Brooker noue un récit sur notre voyeurisme incessant (qui fait des true crime, des séries documentaires vues et revues sur les plateformes de streaming). « Loch Henry » reste intelligent car il ne se contente pas d’un couple qui veut faire un documentaire mais délivre petit à petit des indices sur ce qui s’est passé des années auparavant. Il y a plus d’humour dans la première partie que dans la seconde (et la seconde est un brin plus interessante). 

Pour autant, je n’ai pas été complètement convaincu par la totalité de cet épisode. Il m’a un peu laissé sur ma faim (et toute l’histoire des BAFTA à la fin sort complètement du récit même si l’on sent que c’était le but in fine). Les true crimes restent des objets fascinants de notre pop culture mais Black Mirror délivre ici quelque chose qui se noierait dans des myriades d’autres contenus si ce n’était pas un épisode de Black Mirror. 

Note : 4/10. En bref, si critiquer notre fascination pour les true crime pouvait être une idée louable, l’exécution m’a un peu laissé sur le bord de la route. 

Disponible sur Netflix