9 Juillet 2015
Mon Fils // De Eran Riklis. Avec Twafeek Barhom et Michael Moshonov.
Eran Riklis, le metteur en scène de l’excellent Zaytoun (2012) ou encore du très charmant Les Citronniers (2008) prouve qu’il a encore plus d’un tour dans son sac avec un film particulièrement touchant sur un propos encore tabou. La façon dont il parle d’identité, de religion, de nationalité ou même de handicap est très sincère. Ce n’est pas le film le plus original du monde sur le papier et pourtant, dans sa façon de parler de tous ces sujets, il trouve quelque chose qui transforme ce film en véritable moment de grâce. Ce n’est pas le premier cinéaste à parler de la confrontation entre la culture juive et arabe et pourtant, c’est quelque chose qui me plait. Cela me rappelle un film qui parlait de danse pour rassembler les deux cultures. Dans un pays constamment déchiré par ce problème de la différence de culture, Eran Riklis tente ici sa propre vision des choses. Le film ne cherche pas non plus à trahir son propos et porte les questions du fâchent à sa manière. C’est souvent touchant, parfois tragique, mais il y a aussi des parts du film qui sont beaucoup plus légère, grâce à la tolérance qui en ressort et qui fait justement la beauté de ce film. Surtout le message final qui est peut-être l’un des plus beaux moments (tout en étant l’un des plus tristes aussi par la même occasion).
Iyad a grandi dans une ville arabe en Israël. A 16 ans, il intègre un prestigieux internat juif à Jérusalem. Il est le premier et seul Arabe à y être admis. Il est progressivement accepté par ses camarades mais n’a qu’un véritable ami, Yonatan, un garçon atteint d’une maladie héréditaire. Iyad se rapproche de la famille de Yonatan, apportant du courage et de la force à sa mère Edna. Il devient vite le deuxième fils de la famille...
Mon Fils n’oublie pas d’être drôle. Il fallait bien dans un film de ce genre là une légère part d’humour afin de ne pas donner l’impression au spectateur qu’il est là pour se donner la corde au cou. Non, le but est clairement de nous faire passer un agréable moment en légèreté et émotions, sans pour autant occulter le fait que le succès dont il traite est grave. On accumule alors les idées (le handicap, l’identité, la religion, etc.) afin d’enfoncer le sujet et de démontrer au spectateur que les questions posées sont réellement importantes. Mon Fils rappelle donc qu’il y a des arabes en Israël et qu’ils devraient avoir la même place sur ce territoire que les juifs. Désigner les populations de ce pays par leur religion ou même leur culture est terrible et c’est ce que pointe du doigt Eran Riklis avec ce film. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé la façon dont le film développe petit à petit le portrait de chacun des personnages. C’est fait avec une vraie notion de délicatesse qui permet de ne pas se sentir brusqué par le propos qui est dans le fond assez engagé et fort. C’est justement tout l’intérêt de ce film de faire quelque chose de magique avec en apparence si peu de choses. On nous présente alors dans un premier temps Iyad, le héros de l’histoire. Un arabe israélien qui tente de réussir malgré ses différences et qui va se lier d’amitié avec un jeune garçon juif doté d’un terrible handicap.
C’est d’ailleurs grâce à ces deux personnages que Mon Fils devient intéressant. L’un des plus beaux moments est peut-être celui où il lui dit « J’oublie parfois que t’es arabe ». C’est bien la preuve que Mon Fils démontre qu’il y a des mentalités à faire changer, que la personnalité de chacun ne se fait pas sur la base d’une religion qui reste une croyance personnelle. Je m’emballe peut-être mais je suis persuadé que c’est le message que le cinéaste voulait faire passer au spectateur. L’amitié est de toute façon un symbole particulièrement fort. Mon Fils est même plus fort de Dancing in Jaffa (2014) qui fonctionnait presque sur le même principe où un danseur reconnu a quitté son pays afin d’apprendre à des enfants à danser et surtout à mettre de côté leurs différentes culturelles et religieuses afin qu’ils puissent devenir amis. C’était un très joli film qui abordait ce sujet avec une liberté assez étonnante mais je n’avais pas été aussi conquis que je ne l’ai probablement été avec Mon Fils. Si au premier abord ce film ne payait vraiment pas de mine, je regrette de ne pas avoir pris le temps de faire le pas pour aller le voir au cinéma. Il aurait clairement mérité que je lui donne une entrée en plus sur notre sol français.
Note : 8/10. En bref, belle leçon de tolérance.
Date de sortie : 11 février 2015
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