12 Février 2020
CBS All Access a probablement vu en Criminel, la série de Netflix, une idée de génie qu’ils pourraient adaptés. Interrogation en est le résultat. La série se concentre donc sur des interrogatoires menés face à un crime particulier. L’ambiance de la salle d’interrogatoire et les divers protagonistes embarqués dans des aventures toutes différentes permet d’apporter à la série quelque chose de sympathique à son ensemble. Créée par John Mankiewicz (Dr House, House of Cards) et Anders Weidemann (Headhunter, 30° i februari), la série ne perd pas de temps pour nous plonger dans des crimes sordides puis vers un interrogatoire musclé où défile un sacré nombre de personnalités.
A partir d'une histoire vraie de plus de trente ans, celle d'un jeune homme qui a été accusé et reconnu coupable du meurtre brutal de sa mère, la série s'articule autour de la reconstitution des interrogatoires faits par la police après la découverte du cadavre.
L’intérêt de la série est aussi pour le téléspectateur de se forger sa propre opinion car les cas que l’on suit n’ont pas été résolus. On a donc tous les éléments (le crime, l’interrogatoire) et l’issue est la notre. Si je trouve que l’idée est assez fascinante, notamment de nous faire participer aux histoires policières, je suis presque déçu qu’il n’y ait pas de conclusion car dans tout récit de fiction c’est plus ou moins ce que l’on vient rechercher. Le fait est qu’il n’y a pas besoin non plus de suivre la série de façon méticuleuse. Chaque épisode peut être suivi dans un ordre totalement différent, ce qui est là aussi dommage. Car dans le fond, le but est de reconstituer tous les interrogatoires d’un crime. Le fait que Interrogation soit aussi basée sur une affaire qui a réellement existé est une bonne chose, mais le but de cette expérimentation ? De faire en sorte que le téléspectateur sente qu’il est lui aussi un détective et qu’il est en train d’enquêter sur cette affaire vieille de trente ans.
Le résultat de cette expérience est un peu plus frustrant que le précepte de base : la série met souvent trop en valeur ses faiblesses et notamment dans la dynamique narrative qui ne colle pas toujours avec ce que j’attendais. Si la construction sous forme d’interrogatoire est intéressante et intelligente, elle impose ici que l’on puisse choisir n’importe quel épisode entre le premier et le dernier pour suivre la saison dans le désordre. Le but est probablement de faire comme si nous étions à enquêter et que l’on cherchait à retrouver les enregistrements de chacun des interrogatoires menés par le passé. Et c’est sacrément bordélique.
Dans le genre enquête criminelle et podcast par exemple, j’ai largement préféré Truth be Told avec Octavia Spencer sur AppleTV+. J’ai trouvé cette dernière plus consistante et qu’elle partait moins dans tous les sens que Interrogation. Le fait que cette première saison se base sur une histoire vraie est forcément important aussi, mais cela ne donne pas toujours de crédit à certains moments du récit qui n’ont pas l’intérêt que le scénario semble vouloir leurs porter. Chaque épisode a un sens de la conclusion (en dehors du premier et du dernier) qui n’insiste pas pour que l’on revienne non plus, rendant le tout d’autant plus frustrant car le but est de créer des cliffanghers dans ce genre de séries, non ?
On est donc très loin aussi de ce que David Fincher a pu faire avec MINDHUNTER sur Netflix et peut-être que CBS All Access avait dans l’idée d’avoir une série similaire sur sa plateforme. Sauf que cela ne prend pas du tout de la même façon et j’en ressors déçu. Reste tout de même le casting, solide, qui met cette série rapidement dans la case de Criminal, la série d’interrogatoire de Netflix qui avait ses bons moments mais aussi ses moments assez ennuyeux parfois.
Note : 4.5/10. En bref, l’idée est louable mais c’est bordélique et pas toujours aussi palpitant que cela aurait pu l’être dans d’autres circonstances. Reste le casting, efficace, sur lequel la série peut se reposer.
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