30 Août 2022
Après l’excellente (voire brillante à de nombreuses reprises) Ramy, Ramy Youssef co-créé avec Mohammed Amer une comédie dramatique sur Mo, déjà vu dans … Ramy. Connu pour ses spectacles, l’humoriste raconte en partie sa propre vie dans cette série alors que l’on suit le quotidien de Mo Najjar, réfugié palestinien trentenaire habitant à Houston depuis sa plus tendre enfance et qui attend toujours de devenir un citoyen américain. Dès le premier épisode Mo séduit par son humour fin, sarcastique et incisif. A l’instar de Ramy avant elle, Mo est une comédie qui n’a rien d’égal sur le petit écran et qui sait trouver des moments de grâce dans l’humour mais aussi dans des aventures bien plus touchantes. En racontant à livre ouvert sa propre histoire, Mo sait toucher rapidement son téléspectateur et donne envie de voir encore plus de ses aventures quotidiennes. Ceux qui ont déjà vu Ramy connaissent déjà Mo et il méritait bien sa ripper série à lui aussi.
À cheval sur deux cultures, Mo Najjar parle trois langues et ne compte plus les vexations subies en tant que réfugié palestinien espérant obtenir la citoyenneté américaine. Accompagné de sa mère croyante et endurante, de sa sœur et de son frère aîné, il trouve refuge à Houston, au Texas. Usant de l'humour pour dissiper la douleur, Mo apprend à s'adapter à son nouveau monde, même si aller de l'avant n'est pas toujours un long fleuve tranquille.
Pour la petite histoire, Mo Amer n’a obtenu ses papiers qu’en 2009 après avoir vécu toute son enfance aux Etats-Unis. Mais Mo n’est pas un spin-off de Ramy (ou en tout cas pas officiel). On parle ici de la vie de ces musulmans déracinés au travers de toute la famille de Mo avec laquelle il vit au quotidien. Mo ne se contente pas de raconter la vie familiale du personnage mais critique aussi l’administration américaine et son absurdité, le sentiment d’isolation que Mo ressent (notamment en vivant au Texas). Certaines références à sa propre vie sont hilarantes comme le fait que certains le prennent pour le sosie de DJ Khaled. Le personnage de Mo est ici quelqu’un de paumé mais rien n’est fait sans cet humour incisif que l’on avait déjà pu ressentir dans Ramy. On parle d’identité mais de façon touchante et drôle, sans jamais donner l’impression de forcer les traits.
Mo est tellement ancrée dans sa propre réalité que l’on a l’impression de voir une série plus proche du documentaire. Dernière cette délicieuse comédie douce-amère se cache donc une belle surprise inattendue. On prend plaisir à suivre Mo dans toutes ses aventures grâce à ce côté bon pote qui se ressent tout de suite. Mais Mo n’efface pas les personnages secondaires qui ont tous quelque chose à raconter et qui se font tous une vraie place dans le récit. Tous les personnages rayonnent tout au long de la saison. Mo prend le temps de discuter de sujets complexes comme de la crise des opioïdes, l’exil, la violence des armes à feu, le sentiment de déracinement, etc. Dès que Mo entre dans des terrains plus intimes alors elle est encore plus touchante que Ramy. Mo prend tous les clichés pour mieux les déconstruire et se les approprier pour les tordre. On ne parle pas beaucoup de la communauté arabe-américaine sur le petit écran mais finalement après Ramy, Mo est une autre belle réussite.
Tout au long de la saison, Mo est un sans faute (ou presque). Les blagues sont réalistes, l’univers et bien construit et finement écrit. Les petites blagues fonctionnent car l’ensemble n’est pas bâclé. Plutôt que de travestir la réalité pour les biens d’un récit, Mo préfère raconter la vérité pour en montrer sa propre absurdité. Belle découverte à consommer sans modération.
Note : 9/10. En bref, une aventure sarcastique et touchante autour d’un personnage solaire et attachant.
Disponible sur Netflix
Netflix n’a pas encore renouvelé Mo pour une saison 2 à l’heure où j’écris ces lignes.
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