28 Décembre 2023
Avec Icon of French Cinema, Judith Godrèche se donne le premier rôle. Après tout, elle raconte son histoire avec un brin de fiction. Ce qui frappe tout de suite c’est l’auto-dérision dont l’actrice (et donc créatrice) fait preuve. Elle convoque alors son passé traumatisant afin d’en faire une sorte de thérapie en série. Le véritable problème de Icon of French Cinema c’est que l’histoire de Judith Godrèche n’est pas forcément assez palpitante ou intéressante pour créer quelque chose de suffisamment vivant. Il y a quelques moments amusants, un retour vers le passé qui a de quoi parler au monde actuel (et avec ce qui se passe actuellement dans le monde du cinéma avec Gérard Depardieu, la séquence du premier épisode avec le réalisateur est terrifiante). Icon of French Cinema raconte tout de même des choses intéressantes sur ce que Judith veut oublier dans sa propre vie. Elle fait même jouer sa propre fille, Tess, dans le rôle de sa fille dans la série, permettant de créer quelque chose de plus réaliste et intéressant.
De retour à Paris après un exil hollywoodien de plusieurs années, Judith, ancienne égérie du cinéma d’auteur, compte bien relancer sa carrière avec un nouveau film. Mais pour l’actrice, la mère et la femme enthousiaste et romantique, pas si simple de démarrer une nouvelle vie. Surtout quand sa fille de 16 ans tombe amoureuse d’un prof de danse bien plus âgé qu’elle. Dans un monde qui change, entre humour et désillusion, Judith va devoir jongler entre ambition personnelle, angoisses maternelles et faire finalement face aux démons de son passé. Mieux qu’une icône, le portrait tout en autodérision et contradictions d’une femme avec ses aspirations, ses peurs, ses passions et surtout la soif de conquérir sa liberté.
C’est d’ailleurs dommage que Icon of French Cinema se regarde autant le nombril car Tess passe au second plan. Le personnage n’est jamais amené à réellement confronter sa mère (en dehors d’une scène familiale avec le père de Judith). C’est là dessus que Icon of French Cinema aurait pu se concentrer afin de parler du lègue que sa mère fait à sa fille afin qu’elle ne fasse pas les mêmes erreurs qu’elle. C’est ces moments de vie qui à mes yeux auraient été les plus intéressants. Au delà de ça, Icon of French Cinema parle aussi de traumatismes différents comme la scène de sexe dans l’épisode 5 sur la plage qui a tous l’attrait d’une expiation de la part de l’actrice. On sent qu’elle vient exorciser ce qu’elle a vécu de traumatisant en une scène cocasse pour avancer. Malgré tout le côté thérapeutique de Icon of French Cinema qui à mon sens est plutôt réussi, je trouve que l’équilibre est souvent assez mal trouvé.
L’histoire de Judith qui se voit voler un rôle par Juliette Binoche aurait pu créer des situations plus amusantes. Ce n’est jamais suffisamment poussé dans la comédie pour être mémorable même si Icon of French Cinema tente de tirer sur la corde en tenant cette intrigue durant plusieurs épisodes. Ce sont donc les personnages secondaires qui apportent quelque chose d’un brin plus solaire. L’actrice s’incarnant elle-même a donc du mal à se libérer de ses propres chaînes. Le scénario la laisse dans un personnage qui manque de souffle par moment. Il faut attendre les moments les plus touchants pour voir ce dont Judith Godrèche est capable. Malgré tout ce qui fonctionne dans Icon of French Cinema, je dois avouer avoir été déçu du résultat. J’attendais quelque chose de plus drôle quand on appuie autant sur les poncifs et à une intrigue plus soignée. Cela ressemble parfois plus à plusieurs pastilles et séries assemblées ensemble de façon légèrement étrange.
Note : 5/10. En bref, les traumas de Judith Godrèche se racontent en série. Malheureusement trop décousue. Reste l’angle de la comédie de moeurs qui vient finalement apporter un petit truc qui donne envie de rester jusqu’au bout et quelques émotions vives qui apportent au récit du grain à moudre.
Disponible sur Arte.tv
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