28 Septembre 2024
Erwan Le Duc adapte Le Monde n’Existe Pas de Fabrice Humbert (2020) et je dois avouer que le style change énormément des fictions habituelles (même si l’on retrouve pas mal les codes d’Arte et de son goût pour les séries originales et travaillées). Celui qui a créé l’an dernier la très bonne surprise Sous Contrôle (présentée au Festival Séries Mania 2023) et le film Perdrix mélange ici tragédie et comédie avec brio. Mais Le Monde n’Existe Pas ne pouvait pas se faire sans le talent de Niels Schneider. Après avoir surpris tout le monde dans D’Argent et De Sang, il prouve une fois de plus toute l’étendue de son talent dans ce rôle étonnant et fascinant. L’acteur happe le spectateur de bout en bout dans ses aventures entourées de personnages complexes et étranges. Mais le style est fort car dans l’écriture on sent le goût de l’absurde tout en gardant quelque chose d’assez terre à terre par son histoire fil rouge.
Un journaliste, convaincu que son amour de jeunesse est innocent du crime dont on l’accuse, revient enquêter dans la ville où il a grandi et qu’il a fuie.
Tous les personnages dans Le Monde n’Existe Pas apportent quelque chose de fort. Par leurs personnalités étranges mais aussi par toutes les nuances que le récit leur donne. Le Nord de la France est un terrain de jeu parfait pour une telle histoire, navigue à travers les traumatismes de son héros, le journaliste qui revient enquêter après avoir fuit il y a des années. A chaque scène, quelque chose vient ajouter des éléments supplémentaires au récit sans nécessairement nous révéler grand chose. Mais c’est justement toute la force de Le Monde n’Existe Pas, de ne pas donner l’impression de faire de la rétention d’informations mais simplement de délier tous les personnages afin de construire une fresque de personnalités complémentaires. Le roman est déjà très bon mais avec le style d’Erwan Le Duc, on sent une proposition originale qui casse les codes.
J’ai toujours eu un faible pour le cinéma et les séries qui savent créer des personnages forts et identifiables tout en construisant un récit assez réaliste autour. Niels Schneider est une vraie force de la nature. L’acteur habite son personnage et lui donne vie. Le premier épisode joue énormément sur une ambiance mystérieuse et pensante. On ne sait pas vraiment où l’on met les pieds mais c’est justement ce qu’il y a de plus passionnant. On entre dans un monde où certains traumatismes hantent le héros (dont une séquence qui revient par l’image et les dialogues dans les bois). Le Monde n’Existe Pas inspire forcément la comédie à de nombreuses reprises. Certaines scènes sont tellement absurdes qu’elles ne peuvent pas s’imaginer dans le monde réel. Et pourtant, la force de Le Monde n’Existe Pas est de les ancrer assez facilement dans le réalisme de son récit et de son ambiance. Une belle surprise.
Note : 8/10. En bref, Erwan Le Duc offre à Niels Schneider un nouveau rôle surprenant (et fascinant). Un récit entre tragédie et comédie qui, à travers une galerie de personnages étranges et nuancés, parvient à fasciner.
Diffusée dans le cadre du Festival Séries Mania 2024.
Disponible sur Arte.tv
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